Conçu chez nous, The Hat Goes Wild appartient à ce sous-genre, très en vogue, du «film de vidéo retrouvée», façon The Blair Witch Project, où l’on nous présente de faux «documents bruts» mystérieusement récupérés (C’est arrivé près de chez vous, Cloverfield, Project X).



C’est une façon de faire à la mode (et modique) qui n’exige rien de plus qu’une bonne idée, quelques acteurs inconnus et une caméra bon marché. On peut faire des merveilles avec les moyens du bord. Ce The Hat Goes Wild, duquel on aimerait dire le plus grand bien, n’y réussit pas. 

Guy Sprung a eu un éclair de génie: envoyer une bande de jeunes anglos de Montréal, un peu chiants, se perdre dans les bois du Québec profond, à leurs grands risques et périls. Six étudiants vont faire du camping au lac Bonne Chance (!) pour célébrer la fin du trimestre, et leur court séjour est dûment filmé par l’une des campeuses. Comme attendu, rien ne se passera comme il faut, et nos Montréalais, égarés dans la nature sauvage, s’embourberont dans une sombre affaire de drogue et seront talonnés d’un côté par un bandit sordide, de l’autre par un policier malcommode (Normand D’Amour).

The Hat Goes Wild ne relève ni du fantastique ni de l’horreur. On attendrait vainement l’apparition soudaine d’un esprit vengeur ou d’un tueur psychopathe tapi dans les buissons. Il s’agit d’un thriller, essentiellement. Pris comme tel, le film fonctionne plutôt bien, suivant les codes du genre, malgré quelques fâcheuses invraisemblances, et capte l’intérêt jusqu’au punch final.

Les intentions de l’auteur n’y sont jamais clairement explicites, et le film, qui évoque par la bande l’éternel problème des «deux solitudes», pourra irriter à la fois les anglophones et les francophones du Québec.

Bref, The Hat Goes Wild distille un vieux fond de misanthropie qui le range du côté des premiers films d’Eli Roth (Hostel), sans le gore, sans l’humour noir pleinement assumé. On sort de la projection plus embarrassé que remué, en se demandant ce que Robert Morin, notre grand prince de la vidéo et du budget zéro, auteur entre autres exercices du schizophrène (et bilingue !) Yes Sir! Madame, aurait fait d’un concept aussi prometteur.

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* * 1/2


Thriller de Guy Sprung. Avec Sarah Hansen, Monroe Black, Normand D’Amour. 1 h 33.