Un toit couvert de végétation peut éliminer la nécessité de climatiser sa maison en été et réduire les frais de chauffage en hiver, à Montréal.

Tel est le constat tiré d'une étude menée par le Centre d'écologie urbaine de Montréal, avec la collaboration de l'École de technologie supérieure (ETS). Les toits verts apportent de tels bénéfices que le CEUM presse la Ville d'exiger, pour les constructions neuves, des toits aptes à supporter cette charge supplémentaire.

Il s'agit de la toute première recherche montréalaise sur la performance énergétique d'une toiture végétale. Présentée hier en conférence de presse, l'étude a été menée par l'ingénieur Sébastien Jacquet, qui en a fait son projet de maîtrise, à l'ETS.

Les résultats s'accordent avec ceux de travaux comparables réalisés sur les toits verts à Ottawa, à Toronto et à Vancouver. Une petite différence: les données montréalaises sont les seules à indiquer une diminution du coût de chauffage. M.Jacquet attribue ce phénomène à la formation d'une couche d'air isolante formée par les plantes séchées, sous la neige.

La transformation du vieux toit a coûté 80 000$, dont la moitié pour renforcer la structure. Une membrane de qualité a été installée, munie de 48 sondes, qui ont fourni des données toutes les 15 minutes. Une partie du toit était nue, une autre couverte de végétaux sans irrigation, et une dernière, végétalisée avec irrigation.

En été, l'entrée de chaleur par le toit dans le bâtiment a été réduite de 99% dans le cas du couvert végétal irrigué, et de 91% dans le cas du toit non irrigué. L'installation d'un climatiseur dans ces conditions devient presque inutile. En hiver, inversement, les pertes de chaleur par le toit ont diminué respectivement de 38% et 27%.

«Plus grande est la surface du toit, par rapport à la surface totale (en incluant les murs), plus forte sera la baisse de la facture de chauffage», souligne M.Jacquet.

En plus de lutter efficacement contre les îlots de chaleur en été, de diminuer la facture d'énergie et de prolonger la vie de la toiture, un couvert végétal filtre les polluants, diminue les eaux de ruissellement, insonorise et crée de la beauté.

Construire durablement

Bien qu'elle ait été menée sur un duplex centenaire typique du centre-ville montréalais, rue Jeanne-Mance, c'est plutôt pour les constructions neuves que cette étude sera utile.

«Nos données aideront les ingénieurs à faire les calculs coûts-bénéfices relatifs aux toits verts, et le calcul des points sur la grille de certification LEED, explique l'architecte Owen Rose (atelier Tautem), président du CEUM. Il en coûte très peu de plus pour construire dès le départ un édifice au toit plus robuste, capable d'accueillir éventuellement un couvert végétal et, par le fait même, d'abondantes neiges en hiver.»

«Avis aux promoteurs et aux acheteurs, qui devraient considérer un tel toit comme une norme de base», renchérit Pascoal Gomes, du CEUM.

Maisons déjà bâties

Il en va malheureusement tout autrement dans le cas d'une rénovation. «Si un propriétaire doit refaire sa toiture et est prêt à payer 10 000$ de plus pour avoir un toit vert, je me dois de lui dire que ça va plutôt lui coûter 70 000$ de plus!», affirme Sébastien Jacquet.

Les propriétaires de maisons déjà bâties en seront quittes pour se tourner vers des formes plus abordables de verdissement. Le CEUM publiera en juin un guide consacré à la végétalisation des terrasses, balcons et murs. «Nous voulons entre autres démystifier l'usage de la vigne, dit Pascoal Gomes: quel type de vigne va sur quelle maçonnerie, comment entretenir un mur de brique couvert de vigne, etc.»

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