Rigueur. Acharnement technique. Sport automobile. Trois facteurs parmi d'autres qui expliquent le succès soutenu de la vénérable Porsche 356.

Trois facteurs qui dictent la philosophie du «petit» constructeur farouchement indépendant dont la première voiture est née en juin 1948. Ce premier prototype, numéro de châssis 356-001, est le fruit du génie des membres de la famille Porsche, le père (Ferdinand), le fils (Ferry) et les petits-fils (Ferdinand Alexander, dit «Butzi», et Ferdinand Piëch, ancien patron du groupe Volkswagen).

De la VW à la Porsche 356

Est-il nécessaire de rappeler que c'est à Ferdinand Porche que nous devons la Volkswagen, la voiture la plus populaire de tous les temps, cette même «voiture du peuple» qui a donné son architecture à la première Porsche. «Je n'arrivais pas à trouver la voiture de mes rêves, aurait déclaré Ferry Porsche, alors j'ai décidé de la construire moi-même.»

C'est ainsi qu'est née la 356, qui a presque immédiatement fait les manchettes en triomphant dans sa catégorie aux 24 Heures du Mans de 1951. Depuis lors, Porsche a inscrit son nom à un nombre incalculable d'épreuves sur route et sur circuit, que ce soit les Mille Miglia, la Targa Florio, la Carrera Panamericana, le Mans, la série Can-Am et même la Formule 1 et les rallyes.

Mais revenons au prototype de la 356 (châssis n° 356/001) pour préciser qu'il a été conçu à partir d'un châssis modifié de Volkswagen, habillé d'une carrosserie en aluminium en forme de demi-lune aplatie, le tout animé par un quatre-cylindres à plat (quoi d'autre?) refroidi à l'air et placé au centre du châssis, devant les roues arrière. Oui, un roadster à moteur central, déjà en 1948.

Mais la complexité de ce type de structure et le fait que l'espace réservé aux occupants soit fortement réduit amène Porsche à revoir le design, ce qui se traduit par la production de la 356 de série, dont le moteur passe complètement à l'arrière, comme dans la Volkswagen. Les premières 356 de série sont livrées aux clients en 1948.

Version sportive de la VW, la 356 lui emprunte le quatre-cylindres de 1131 cc, la boîte manuelle à quatre vitesses non synchronisées et le mécanisme de direction, sans compter plusieurs accessoires qui garnissent l'habitacle. Mais la grande différence se situe dans la carrosserie en forme de baignoire inversée. Formée à la main, la carrosserie en alliage léger de la 356, sans être particulièrement belle, se distingue par la qualité de l'exécution et, évidemment, par son poids plume (environ 750 kg).

Vu le succès initial de la 356 vendue en 1950 à 52 exemplaires, le petit atelier de Gmüd est rapidement débordé. Porsche déménage à Stuttgart et adopte l'acier pour la fabrication de la carrosserie. En 1958, 10 ans après la première 356, plus de 25 000 Porsche sont sorties de l'usine de Zuffenhausen, qui abrite encore aujourd'hui le siège social de la société.

Immortelle 911

Après la 356 constamment perfectionnée pendant 17 ans, ce sera le tour de «l'inoxydable» 911, née en 1963 et encore produite aujourd'hui. Certes, la 911 a considérablement évolué en 45 ans, mais le concept, l'architecture et la ligne inchangés témoignent de «l'acharnement technique» de Porsche, qui a réussi à perfectionner sans cesse cette formule depuis longtemps désuète pour en faire la plus célèbre voiture sport de tous les temps.

Rappelons d'ailleurs que la 911 était destinée au musée vers la fin des années 70, Porsche souhaitant la remplacer par des designs plus modernes (la 928 et la 944). La violente réaction des «porschistes», notamment en Amérique du Nord, a incité la direction à conserver la 911. La 928, la 914 et la 944, qui sont mortes depuis belle lurette - et qui ont failli entraîner la perte de la société - n'ont jamais réussi à faire oublier la 911.

L'arrivée du très dynamique Wendelin Wiedeking à la tête de Porsche, dans les années 90, s'est traduite par un revirement provoqué en partie par la conquête de nouveaux créneaux du marché, avec la Boxster dès 1996, la Cayenne en 2002 et la Cayman en 2005.

Aujourd'hui, Porsche, qui est actionnaire majoritaire de Volkswagen, est devenu le constructeur le plus rentable de la planète. La qualité de ses produits, l'excellence de sa technologie et sa passion inaltérée du sport automobile font l'envie de constructeurs bien plus grands et la joie des nombreux inconditionnels de la marque.

Rigueur. Acharnement technique. Sport automobile. C'est sans doute ce qui permet au cheval cabré allemand de souffler ses 60 bougies en gardant toutes ses dents, alors que d'autres, qui en sont à leur énième râtelier, ne savent plus où donner de la tête.