La prophétie de Ferdinand Piëch est passée bien près de se matérialiser. Lors du lancement de l'UR-Quattro au Salon automobile de Genève de 1980, l'ancien président et chef de la direction d'Audi clamait qu'à « l'an 2000, toutes les voitures seraient dotées d'un rouage intégral ». Ce n'est pas tout à fait le cas, mais cette solution technique occupe le devant de la scène et représente aujourd'hui le nouveau « luxe » automobile, et pas seulement dans les contrées où tombe régulièrement de la neige.

Un « luxe » qui a mis du temps à être désigné comme tel. En effet, la grande histoire de l'automobile rapporte que cette technologie est apparue pour la première fois en 1893 sur une machine à vapeur...

La paternité de cette invention a été attribuée à l'ingénieur anglais Bramah Joseph Diplock - à qui l'on doit aussi le premier système à quatre roues directrices -, même si celui-ci ne l'a jamais commercialisé.

Quelques années plus tard, Ferdinand Porsche dévoilait à l'occasion de l'exposition universelle de Paris la Lohner-Porsche qui dissimulait dans chacune de ses roues un moteur électrique pour la mouvoir de sa position statique.

Une idée reprise et actualisée, près d'un siècle plus tard, par Hydro-Québec avec le groupe traction Couture, un projet mort-né.

La première application d'un rouage intégral sur un véhicule mû par un moteur à combustion interne est l'oeuvre des frères Spyker. Ce système n'a jamais été produit en série. Cette architecture avait plutôt été étudiée et réalisée pour une participation à la course Paris-Madrid de 1903.

Le rouage à quatre roues motrices s'est ensuite généralisé sur les camionnettes et véhicules utilitaires (et militaires). La première application, en série, sur une automobile remonte à 1966 avec la présentation de la Jensen FF (318 unités produites). Cette aide à la conduite connaîtra une diffusion beaucoup plus large avec Subaru, qui a introduit ce dispositif sur un premier modèle (Leone) en 1972. Mais le réel engouement de l'industrie automobile pour cette technologie s'est manifesté une décennie plus tard grâce à la spectaculaire domination du dispositif Quattro mis au point par Audi.