D'un constructeur à l'autre, on le qualifie de «compact», d'«urbain» voire de «sous-compact». Le VUS devient de moins en moins imposant. À la demande des automobilistes. Serait-on en train de miser sur le «petit» comme en Europe?

Cela ne peut échapper aux visiteurs du Salon de l'auto de Montréal, et encore moins aux habitués: les nouveaux VUS montrent que ces montures ont perdu du volume. Il n'y a qu'à jeter un coup d'oeil aux Nissan Qashqai, Ford EcoSport ou Toyota CH-R, voire au dernier Jeep Compass.

Ces nouveautés rejoignent une cohorte de véhicules que des acteurs du marché n'hésitent pas à qualifier de «VUS sous-compacts». Toyota considère ainsi que son dernier-né, le CH-R, dévoilé à Montréal, se frottera ce printemps aux Honda HR-V et Mazda CX-3.

«La clientèle, surtout dans les milieux urbains, préfère avoir un véhicule plus petit qu'un RAV4 par exemple», commente Jocelyn Daneau, directeur du service après-vente de Toyota Canada. 

«Le CH-R est une traction avant. On pense que pour les gens qui sont en ville, c'est idéal, et ça consomme moins d'essence.»

Ford, lui, a joint la parole aux actes. Un de ses slogans publicitaires pour son dernier-né? «Pensez petit, vivez grand.» Le véhicule? L'EcoSport, présenté comme «le plus petit utilitaire de la famille» Ford. Vendu déjà partout ailleurs dans le monde, il débarque en Amérique du Nord.

«C'est pour un consommateur au style de vie très actif, qui veut avoir le bon produit mais qui ne veut pas dépenser nécessairement l'argent que cela pourrait prendre pour acheter un véhicule plus gros ou plus luxueux», explique Pierre Trudelle, directeur général pour le Québec chez Ford Canada.

Profiter de l'essor du marché

Nissan est peut-être celui qui illustre le mieux à Montréal ce changement de comportement des consommateurs et donc de l'offre des constructeurs en matière de VUS. Le japonais misera ce printemps au Canada sur un de ses «plus gros succès mondiaux», le Qashqai. «Ça nous est apparu évident de l'apporter au Canada quand on y a vu l'essor de ce marché des VUS et multisegments», justifie le président de Nissan Canada, Joni Paiva.

«Le Qashqai associe la fonctionnalité, la position élevée, la capacité de chargement et de franchissement d'un véhicule multisegment aux attributs d'un véhicule compact: abordable en prix, consommation modérée, maniabilité en ville.»

Comme son homologue de Toyota, Pierre Trudelle soutient que Ford répond aujourd'hui à une demande du public, à la recherche de plus petits formats de VUS depuis quelques années. Et à laquelle, Mazda et son CX-3 de même que Honda et son HR-V ont déjà répondu. Avec le Qashqai, Nissan Canada considère qu'il comble un vide dans le marché, s'adressant à une «une clientèle plutôt urbaine, avec ou sans enfants».

«Je vois beaucoup de similitudes entre le marché québécois et l'Europe. Il est temps d'accueillir le Qashqai au Canada et que les gens puissent profiter de ce concept», dit Joni Paiva, qui rappelle que ce véhicule a été lancé en Europe en 2007...

En y regardant de plus près, l'habitacle de ces véhicules n'est pas seulement moins volumineux, la cylindrée aussi. Ford, par exemple, propose un moteur de 1 L sur la version traction de son EcoSport qui arrivera dans un an.

Petits VUS, petits prix?

Reste à savoir si les prix de ces véhicules vont eux aussi être plus petits. On le suppose fortement même si aucun des constructeurs consultés n'a voulu donner ne serait-ce qu'une fourchette à quelques mois de leur arrivée sur le marché.

«Il y a un vide de volume, de taille et de prix et c'est dans ce vide que l'on amène notre véhicule», conclut le directeur des communications de Nissan Canada, Didier Marsaud. «On prévoit que c'est un segment qui va continuer de croître ces prochaines années», ajoute Pierre Trudelle.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Toyota considère que son dernier-né, le CH-R, dévoilé à Montréal, se frottera ce printemps aux Honda HR-V et Mazda CX-3.