(Detroit) Tesla rappelle presque tous les véhicules vendus aux États-Unis, soit plus de deux millions de voitures, pour une mise à jour logicielle et corriger un système défectueux censé garantir que les conducteurs sont attentifs lorsqu’ils utilisent le système Autopilot.

Puis, un peu plus tard mercredi, Transports Canada a indiqué que Tesla rappelait au moins 193 000 voitures pour corriger le même problème.

L’agence fédérale précise que Tesla fournira une mise à jour logicielle en direct afin d’améliorer les fonctions avancées d’aide à la conduite dans ses voitures vendues au Canada.

La réaction de l’agence intervient après que les autorités américaines de régulation de la sécurité ont enquêté sur une série d’accidents lorsque Tesla Autopilot, qui est son système de conduite partiellement automatisée, était utilisé.

Tesla a rappelé plus de deux millions de voitures de sa gamme, produites entre le 5 octobre 2012 et le 7 décembre de cette année, à la suite de l’enquête des autorités américaines de régulation de la sécurité.

Les documents publiés mercredi par les régulateurs américains indiquent que la mise à jour augmentera les avertissements et les alertes aux conducteurs et limitera même les zones où les versions de base d’Autopilot peuvent fonctionner.

Ce rappel intervient après une enquête de deux ans menée par la National Highway Traffic Safety Administration sur une série d’accidents survenus alors que le système de conduite partiellement automatisée Autopilot était utilisé. Certains se sont avérés mortels.

L’agence indique que son enquête a révélé que la méthode d’Autopilot pour s’assurer que les conducteurs sont attentifs peut être inadéquate et peut conduire à une « mauvaise utilisation prévisible du système ».

Les contrôles et les alertes ajoutés « encourageront davantage le conducteur à adhérer à sa responsabilité de conduite continue », indiquent les documents.

Mais les experts en sécurité ont estimé que si le rappel est une bonne mesure, il rend toujours le conducteur responsable et ne résout pas le problème sous-jacent, à savoir que les systèmes automatisés de Tesla ont du mal à repérer les obstacles sur leur chemin et à s’y arrêter.

PHOTO FOURNIE PAR TESLA

Tesla Model Y

Le rappel concerne les modèles Y, S, 3 et X produits entre le 5 octobre 2012 et le 7 décembre de cette année.

Les actions de Tesla ont chuté de plus de 3 % mercredi.

Autopilot comprend des fonctions appelées Autosteer et Traffic Aware Cruise Control, Autosteer étant destiné à être utilisé sur les autoroutes à accès limité lorsqu’il ne fonctionne pas avec une fonction plus sophistiquée appelée Autosteer on City Streets.

La mise à jour du logiciel limitera l’utilisation d’Autosteer. « Si le conducteur tente d’activer l’Autosteer alors que les conditions ne sont pas réunies pour le faire, la fonction lui signalera qu’elle n’est pas disponible par des alertes visuelles et sonores, et l’Autosteer ne s’activera pas », indiquent les documents de rappel.

Selon l’équipement de la Tesla, les contrôles supplémentaires comprennent une « proéminence accrue » des alertes visuelles, une simplification de la procédure d’activation et de désactivation d’Autosteer, et des vérifications supplémentaires pour savoir si Autosteer est utilisé en dehors des routes à accès contrôlé et à l’approche des dispositifs de contrôle de la circulation. Un conducteur pourrait être suspendu de l’utilisation d’Autosteer s’il ne parvient pas, de manière répétée, à « faire preuve d’une responsabilité de conduite continue et soutenue », selon les documents.

Selon les documents relatifs au rappel, les enquêteurs de l’agence ont rencontré Tesla à partir du mois d’octobre pour expliquer les « conclusions provisoires » concernant la réparation du système de surveillance. Tesla n’était pas d’accord avec l’analyse de la NHTSA, mais a accepté le rappel le 5 décembre dans le but de résoudre l’enquête.

Depuis des années, les défenseurs de la sécurité automobile réclament une réglementation plus stricte du système de surveillance du conducteur, qui détecte principalement si les mains du conducteur sont posées sur le volant. Ils ont réclamé des caméras pour s’assurer que le conducteur est attentif, comme le font d’autres constructeurs automobiles avec des systèmes similaires.

Philip Koopman, professeur d’ingénierie électrique et informatique à l’université Carnegie Mellon, qui étudie la sécurité des véhicules autonomes, a qualifié la mise à jour du logiciel de compromis qui ne tient pas compte du manque de caméras de vision nocturne pour surveiller les yeux des conducteurs, ni du fait que les Teslas ne parviennent pas à repérer les obstacles et à s’arrêter.

« Le compromis est décevant parce qu’il ne résout pas le problème des voitures plus anciennes qui n’ont pas le matériel adéquat pour surveiller le conducteur », a estimé M. Koopman.

M. Koopman et Michael Brooks, le directeur exécutif de l’organisation à but non lucratif Center for Auto Safety, soutiennent que le fait de percuter des véhicules d’urgence est un défaut de sécurité qui n’est pas pris en compte. « L’enquête ne s’attaque pas à la racine du problème, a dit M. Brooks. Cela ne répond pas à la question de savoir pourquoi les Teslas sur Autopilot ne détectent pas et ne répondent pas aux activités d’urgence. »

M. Koopman a ajouté que la NHTSA avait apparemment décidé que le changement de logiciel était le maximum qu’elle pouvait obtenir de l’entreprise, « et que les avantages de le faire maintenant l’emportent sur les coûts de passer une autre année à se disputer avec Tesla ».

Dans sa déclaration de mercredi, la NHTSA a indiqué que l’enquête restait ouverte « alors que nous surveillons l’efficacité des remèdes apportés par Tesla et que nous continuons à travailler avec le constructeur automobile pour garantir le plus haut niveau de sécurité ».

Autopilot peut diriger, accélérer et freiner automatiquement dans sa voie, mais il s’agit d’un système d’aide à la conduite et ne peut pas se conduire lui-même, malgré son nom. Des tests indépendants ont révélé que le système de surveillance est facile à tromper, à tel point que des conducteurs ont été pris en flagrant délit de conduite en état d’ébriété ou même assis sur le siège arrière.

Dans son rapport de défaut déposé auprès de l’agence de sécurité, Tesla a déclaré que les contrôles d’Autopilot « pourraient ne pas être suffisants pour empêcher une mauvaise utilisation de la part du conducteur ».

La NHTSA a dépêché des enquêteurs sur 35 accidents de Tesla depuis 2016 dans lesquels l’agence soupçonne que les véhicules fonctionnaient avec un système automatisé. Au moins 17 personnes ont été tuées.