L'automobile n'a pas été gâtée par l'industrie cinématographique qui a réalisé pour le grand écran une incroyable série de navets, inspirés le plus souvent par le monde de la course. Le plus bel exemple de cet étalage de nullités est sans contredit Driven, ce film dérisoire tourné au Centre d'essais de Blainville par l'ineffable Sylvester Stallone.

À l'origine, ce long métrage devait être consacré au monde de la Formule Un, mais face à la réticence des hautes instances du sport automobile, M. Stallone fut contraint de se tourner vers le championnat Indy. La F1 l'avait échappé belle puisque Driven s'est avéré l'une des pires productions hollywoodiennes de l'histoire, le navet des navets. Même Jay Leno, pourtant féru de voitures, avait admis que c'était le plus mauvais film qu'il avait vu à ce jour. Une autre distinction du film fut de recueillir sept des trophées remis chaque année aux créations les plus insipides: plus mauvais film, plus mauvais scénario, pire direction artistique, plus mauvais duo d'acteurs (Stallone-Reynolds) et j'en passe.

Grand Prix domine

Fort heureusement, comme dans tous les domaines, il y a des exceptions à la règle et je me suis permis de jouer les critiques de cinéma en dressant une liste de films, sinon exceptionnels, du moins très honorables dans lesquels l'automobile joue un rôle de premier plan.

Dans un palmarès des 5 meilleurs longs métrages du genre, Grand Prix de John Frankenheimer  tourné au milieu des années 60 est un incontournable et mérite de figurer en première place. Même après un demi-siècle rien ne surpasse Grand Prix pour sa vision du sport de la F1 et ses images spectaculaires rendues possibles par des caméras spéciales que le réalisateur avait fait mettre au point spécifiquement pour le tournage. Comme le sport qu'il dépeint, Grand Prix possède une distribution internationale comprenant entre autres James Garner, Eva Marie Saint, Yves Montand, Brian Bedford et Françoise Hardy.

Le Mans, la faillite de McQueen

Un autre film sur la course automobile qui mérite d'être loué est Le Mans qui néglige la F1 pour se tourner du côté des épreuves d'endurance et de la plus célèbre de toutes, les 24 Heures du Mans. La plus grande particularité du film est l'exclusion de tout dialogue pendant les 32 premières minutes du film. On y voit plutôt un Steve McQueen pensif et tourmenté qui marche autour du circuit où son meilleur ami a trouvé la mort l'année précédente. On aime ou on n'aime pas. Les cinéphiles ont, en général, boudé ce film qui après de nombreuses tergiversations et un arrêt de production pour dépassement des coûts avait été endossé financièrement par McQueen qui adorait la course automobile et qui voulait faire un film à sa manière. Il en est résulté un film très peu «grand public» qui a entraîné la faillite du populaire acteur américain.



Bullitt et la Mustang

Son intérêt pour l'automobile l'avait toutefois mieux servi lorsqu'il avait tourné ce que l'on considère encore aujourd'hui comme le grand classique des films de poursuite automobile, Bullitt. McQueen y conduit une Ford Mustang au volant de laquelle il prend en chasse les «méchants» dans une Dodge Charger R/T. Ce qui rend cette séquence encore plus époustouflante est le fait qu'elle a été filmée dans les rues en pente de San Francisco, ce qui n'est pas sans causer de nombreux décollages. De la cascade à son meilleur, c'est aussi un film à louer pour se rendre compte que malgré les avancées de la technologie, le cinéma d'aujourd'hui manque d'une certaine inspiration quand on parle de films sur l'automobile.

Un homme et une femme

Un autre film de la même époque qui mérite de figurer dans ce classement est Un homme et une femme de Claude Lelouch mettant en vedette Jean-Louis Trintignant en coureur automobile et Anouk Aimée. La Ford Mustang y fait ses débuts au cinéma et on a droit à quelques scènes de course automobile, bien que ce ne soit pas l'atout premier de ce long métrage à succès. La musique y est privilégiée avec un certain nombre de chansons immortelles écrites par Francis Lai.

Days of Thunder

Si c'est le stock-car qui vous remue, Days of Thunder avec Tom Cruise et Robert Duvall n'est pas à dédaigner. Certains diront, avec raison, que le film est un peu kitsch et sans originalité, mais les scènes d'accidents sont particulièrement réussies si vous voulez tester la puissance des haut-parleurs de votre cinéma maison. Et le beau Tom Cruise n'y laisse pas sa peau.

On pourrait facilement allonger cette liste avec des films comme Ronin et ses poursuites démentielles menées par Robert DeNiro et Jean Reno ou Winning qui donna le virus de la course automobile au célèbre Paul Newman. Ce dernier a participé à de nombreuses épreuves professionnelles et a même été propriétaire d'une écurie (Newman/Haas) en voitures Indy.  Finalement, si vous ne l'avez jamais vu, empressez-vous de louer C'était un rendez-vous, un court métrage de Claude Lelouch, dont il nie la paternité. Vous y verrez une étourdissante virée dans Paris au petit matin alors qu'une Ferrari roule à tombeau pendant qu'une caméra est accrochée au pare-choc avant. C'est un film rempli de mystère dont on ne connaît ni le réalisateur, ni le conducteur de la voiture. Le savez-vous?

Steve McQueen dans le film Bullitt.