Elle est loin l'époque où les petites voitures étaient des veaux, tractées ou propulsées par des moteurs malingres et poussifs dont les conducteurs de grosses cylindrées américaines aimaient bien se moquer. Je me réfère à l'époque des premières Beetle, de la Renault 5, de la Datsun 210 (aujourd'hui Nissan), de la Toyota Tercel ou des Ford Escort initiales. De nos jours, on ne rit plus de ces petites caisses souvent bardées de suffisamment de chevaux vapeurs pour ridiculiser certains Goliaths de la route.

La tendance a commencé chez Volkswagen avec l'arrivée il y a quelques décennies de la surprenante GTI. Sous des dehors inoffensifs, cette petite allemande avait tous les atouts pour s'offrir pour déjeuner quelques sportives renommées. C'était, dans le langage automobile, un sleeper, soit une automobile dont on ne peut honnêtement soupçonner les performances.

 

Dès lors, aucune sous-compacte digne de ce nom ne pouvait se présenter dans une salle d'exposition sans pouvoir clamer qu'elle s'acquittait du 0-100 km/h en moins de 10 secondes. D'autant plus que Honda avait lancé la seconde salve de ce qui devait s'avérer la guerre des minis. Les Civic Si allaient former leur clan tandis que les GTI avaient déjà une vraie légion de fanatiques. Cela allait donner lieu à des batailles de rues assez débridées et souvent dangereuses. Et d'autres constructeurs emboîtèrent le pas, Ford avec sa Focus SVT, Nissan avec sa Sentra SER ou Mazda avec sa Speed, dérivée des Protegé et plus tard des populaires Mazda 3. Cette dernière est aujourd'hui l'une des seules à se présenter à la ligne de départ contre la GTI et une Civic un peu moins musclée qu'avant.

 

263 chevaux qui tirent

 

Chez Mazda, pas question d'être avare de puissance et on a donné à la dernière mouture de la Speed pas moins de 263 chevaux attelés à une boîte manuelle à 6 rapports ou à une transmission automatique. Je doute que cette dernière option soit très populaire étant donné le caractère sportif très marqué de la voiture. Même conduite sur un circuit, là où elle n'aurait habituellement pas droit de séjour, cette 3 a fait montre de solides aptitudes pour une traction avant. Bien sûr, la direction « tire » passablement et l'effet de couple est sensible lors d'accélérations soutenues, mais ce phénomène est beaucoup moins dérangeant sur la route.

 

Sur piste, on a beau la fouetter comme une voiture de course, elle ne semble jamais en souffrir. J'ai eu beau la pousser sans égard aux pneumatiques, jamais elle ne m'a trahie. Cela signifie qu'elle tient la route comme aucune autre traction avant elle, qu'elle accélère avec fougue et qu'elle freine tour après tour sans flancher. Pas de surchauffe, pas de fumée, pas de pertes de liquide, rien n'a dérangé la 3 Speed en dépit d'un traitement carrément abusif. Voilà un exemple rassurant de sa solidité mécanique.

 

Photo Mazda

La Mazda Speed 3.

Le moteur, sur la route, est malheureusement handicapé, d'abord par un temps de réponse du turbo assez longuet et, ensuite, par un étagement de la boîte de vitesses manuelle qui oblige à passer le troisième rapport avant d'avoir franchi les 100 km/h lors du chronométrage des accélérations. Le temps de 7,8 secondes n'est donc pas parfaitement représentatif des vraies performances de cette bombette qui, selon son constructeur, peut débouler le 0-100 km/h en 6,1 secondes.

 

Héritière de la Mazda Sport, la Speed 3 endosse une carrosserie utilitaire à 5 portes, ce qui signifie qu'elle peut s'adonner aussi bien à la conduite sport de haut niveau qu'à des tâches pratico-pratiques. Le seul hic est sans hésitation son prix de 32 995 $, qui soulève un certain nombre de questions. En un temps où les limites de vitesse font de plus en plus l'objet d'une étroite surveillance et de sanctions sévères à l'égard des contrevenants, est-il possible de profiter d'une voiture comme celle-là? Et n'est-il pas tentant pour les automobilistes qui se seront laissé séduire par la plus performante des Mazda 3 d'outrepasser tous les règlements quand ce ne sont pas les limites du bon sens?

 

J'ai l'impression que, malgré tout son attrait et ses solides performances, la Speed 3 arrive à un bien mauvais moment. Dommage pour elle et pour tous ceux qui nourrissent encore une grande passion pour l'automobile.

Photo Mazda

La Mazda Speed 3.