Comment un fabricant - Spyker - qui produit 50 voitures de sport par année peut-il prendre le contrôle d'une entreprise comme Saab et la faire tourner?

Même Victor Muller, son nouveau propriétaire, s'en étonne encore. Enclenché 51 jours plus tôt, le processus de liquidation a été suspendu tout net le 23 février 2010 lorsque Victor Muller a apposé sa signature au bas du contrat et versé les 74 millions exigés par General Motors. En échange, Muller s'est vu remettre les clés d'une usine «bien outillée», mais vide et deux modèles en devenir, la 9-5 et la 9-4x. «Si tu traverses l'enfer, ne t'arrête pas, disait Winston Churchill, alors j'ai fais de même», se plait-il à rappeler.

Malgré le scepticisme des observateurs, la marque située à Trollhättan, en Suède, redémarre dès le mois d'avril 2010. «Il nous a fallu un mois pour relancer la production à dose homéopathique», se souvient-il. Et cinq autres mois pour rendre parfaitement opérationnelle l'usine tout entière, sans que celle-ci ne tourne à un rythme infernal. L'année dernière, Saab misait sur des ventes de 50 000 unités. Elle n'en a réalisé que 32 000. Cette année, elle pronostique 80 000 unités, «mais n'en vendra probablement pas plus de 65 000», estime le milliardaire russe Vladimir Antonov, actionnaire du propriétaire néerlandais de Saab, Spyker. Celui-ci se dit d'ailleurs prêt à investir 67 millions de dollars dans l'entreprise pour lui éviter la faillite. Faillite? Voilà des propos qui jettent un pavé dans la mare de Victor Muller qui, ces derniers mois, multiplie les contacts pour dire que «Saab est là pour rester».

«Plusieurs consommateurs, y compris les Canadiens, ont l'impression que Saab a été emportée dans la restructuration de General Motors au même titre que Pontiac, Hummer et Saturn, rappelle Muller en entrevue à La Presse. Il n'en est rien. Saab a survécu et il est impératif de le faire savoir. Il en va de notre avenir.»

À défaut d'avoir une tonne de clients, Saab a des appuis au sein de l'industrie. L'entreprise suédoise a conclu une entente de fournitures de moteurs avec BMW et une autre avec American Axle. «Avec ces derniers, nous avons un partenariat pour créer une toute nouvelle race de véhicules hybrides dont la 9-3 (dévoilement à Francfort cet automne) sera la première représentante. Cette nouvelle architecture a été inaugurée, dans sa forme conceptuelle, au dernier salon de Genève. D'ici là, Saab tente d'écouler les produits de sa gamme actuelle qui s'enrichira au cours des prochains mois d'un utilitaire, le 9-4x, et d'une familiale, la 9-5 Combi.

Du haut de son 1,93 mètre, Victor Muller a jusqu'ici réussi à convaincre GM, le gouvernement suédois, des institutions financières et des concessionnaires à lui faire confiance. Parviendra-t-il aussi persuader les clients?

«J'ai confiance, nous avons les clients les plus fidèles au monde. Il suffit de faire revenir ceux, provisoirement déçus, qui sont partis chez Audi ou BMW, pour rendre l'entreprise rentable.»

Simple, non? Alors pourquoi du temps qu'elle était au pouvoir, GM n'y a jamais pensé?

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