Alléché par les bonnes performances du marché automobile brésilien, le constructeur français Renault pourrait y accroître ses capacités de production, ce qui marquerait une nouvelle étape de son renforcement dans les grands pays émergents.

«Il y a des négociations en cours avec l'État du Paraná, mais nous ne pouvons pas, à ce stade, donner plus de détails», a indiqué à l'AFP une porte-parole de Renault basée au Brésil.

Le constructeur au losange est implanté depuis 13 ans à Curitiba, dans l'État du Paraná, dans le sud du géant latino-américain.

Son complexe industriel Ayrton Senna - du nom de célèbre pilote de course brésilien - compte une usine de fabrication de voitures particulières, une autre de fabrication de moteurs et une troisième dédiée aux véhicules particuliers, que Renault partage avec son allié japonais Nissan.

Renault y a produit l'an dernier 170 000 véhicules et pourrait renforcer ses capacités pour répondre à la demande dans ce gigantesque marché de plus de 190 millions d'habitants où le taux d'équipement reste faible (une voiture pour 6,8 personnes) et où le gouvernement encourage la fabrication locale.

Une rencontre a eu lieu fin août entre le gouverneur du Paraná et le nouveau numéro deux de Renault, le Portugais Carlos Tavares, a fait savoir une autre porte-parole à Paris.

Selon la presse brésilienne, le PDG de Renault et de Nissan, Carlos Ghosn, pourrait faire le déplacement début octobre au Brésil, pays où il est né, pour y dévoiler les plans du constructeur français et la construction d'une nouvelle usine Nissan.

La marque française a déjà prévu d'y étoffer sa gamme avec trois nouveaux véhicules cette année: la berline Fluence, le 4x4 Duster et la nouvelle génération de la berline Sandero.

Si la Fluence sera fabriquée en Argentine, les deux autres véhicules (vendus en France sous la marque Dacia) seront montés à Curitiba, où Renault produit cinq modèles (Logan, Mégane, Scénic, Sandero et l'utilitaire Master).

«Le marché brésilien fait partie des priorités, tout comme l'Inde et la Russie», rappelle la porte-parole de Renault à Paris.

Le groupe y vise une part de marché supérieure à 5%.

Objectif atteint sur les huit premiers mois de l'année, avec une part de marché de 5,12% et des ventes de voitures et d'utilitaires qui bondissent de 20,3% à 114 300 unités, une progression bien plus forte que celle du marché, selon des chiffres fournis par Renault.

Un renforcement au Brésil marquerait une nouvelle étape dans l'expansion du groupe dans ces trois grandes puissances émergentes.

Si l'Europe reste son principal débouché, avec 60% de ses ventes au premier semestre, Renault, comme son concurrent national PSA Peugeot Citroën, veut réduire sa dépendance à ce marché saturé.

Le Brésil est devenu son troisième marché dans le monde, encore loin derrière la France et l'Allemagne. Arrive ensuite la Russie où le groupe peut s'appuyer sur Nissan et surtout sur son partenaire local Avtovaz, le fabricant de la célèbre Lada, dont il pourrait prendre le contrôle avec Nissan d'ici la fin de l'année.

Renault aurait ainsi les coudées franches pour mener à bien sa stratégie d'expansion dans ce pays qui devrait devenir son premier débouché, devant la France, en 2016.

En Inde, il a annoncé le lancement de quatre modèles d'ici fin 2012 et espère faire passer sa part de marché de zéro actuellement à 2,5% d'ici 2013, après l'échec de sa coentreprise avec l'indien Mahindra.

Reste la Chine, premier marché automobile mondial, où Renault n'a pas d'usine, laissant la main à Nissan. Il n'est plus exclu que la marque au losange y produise un jour des véhicules, mais pas avant 2013.