Comment dit-on patriote en Italien, déjà?

La prochaine génération des Jeep Patriot et Compass en vente dès la fin de 2012 devrait être assemblée dans une usine Fiat à Turin, en Italie.

C'est le résultat le plus visible, d'un point de vue nord-américain, d'une assemblée syndicale où 5400 travailleurs de l'usine Mirafiori, de Turin, ont accepté de travailler plus, de ne pas s'absenter du travail durant les Fêtes et de ne plus faire de grève sauvage. En échange de ces engagements et d'autres concessions, Fiat s'est engagé à investir 1,4 milliards de dollars pour ré-outiller et moderniser l'usine construite en 1939.

Fiat veut assembler sur une même plateforme les futurs Jeep Patriot et Compass, de même qu'un VUS Alfa Roméo. La compagnie veut vendre des Jeep en Europe et relancer en Amérique du Nord la marque Alfa Roméo. Ce jumelage sur la même chaîne de montage permettrait de faire des économies d'échelle. La mondialisation des marques Jeep et Alfa Roméo est un des fondements du plan de relance de Fiat élaboré par le président Sergio Marchionne.

«Le projet à l'usine Mirafiori est très ambitieux», a écrit M. Marchionne dans un texte publié sur le site mondial de Fiat, en réaction au vote des employés.

«La co-entreprise qui sera créée avec Fiat et Chrysler permettra le lancement d'une nouvelle plateforme et la construction de gros VUS qui seront distribués sous les bannières Jeep et Alfa Roméo partout au monde, y compris aux États-Unis », a écrit le président de Fiat, selon qui 280 000 VUS pourraient ainsi être assemblés.

Patriot fait en Italie: défi marketing intéressant

Pour le moment, Fiat veut produire une centaine de milliers de Jeep Patriot et Compass par année à Turin, et environ 160 000 VUS Alfa Roméo. Fiat investira environ 800 millions de dollars, tandis que la filiale Chrysler mettra 525 millions.

Indépendamment du défi marketing intéressant de vendre au public américain un Jeep Patriot assemblé ailleurs qu'aux États-Unis, l'événement est notable parce qu'il montre la capacité de M. Marchionne à faire mentir les pronostiqueurs.

En 2004, plusieurs analystes avaient prédit comme une certitude la fermeture pure et simple de l'usine de Turin, qui a valeur de symbole parce qu'elle est située dans la même ville que le siège social du holding automobile italien.

Hier, les employés de la grande usine Fiat ont accepté à seulement 54% la proposition de leur employeur, à laquelle se sont objectés certains syndicats.

La campagne précédant le vote a été dure. M. Marchionne avait menacé de déménager la production dans une usine hors d'Italie si le pacte était rejeté par les travailleurs.

«Dans un pays comme l'Italie, qui a toujours été attachée au passé et réfractaire au changement (...) ceux qui ont voté oui ont fait preuve de vision», a écrit M. Marchionne, ajoutant qu'il y avait des moments où «tu demandes parfois si ça vaut vraiment la peine».

-- Qu'est ce que tu fais samedi soir?

-- J'assemble des VUS...

Le pacte réduit le nombre de pauses de quatre à trois par quart de huit heures. Le nombre de quarts de travail passe de 15 à 18 par semaine, dont un, très controversé, le samedi soir. Ce quart de travail serait payé en temps supplémentaire obligatoire pour 80% du personnel, seulement en période de forte demande.

La déclaration écrite de M. Marchionne après le vote vaut le détour parce qu'il y emploie un langage qui tranche avec le ton réservé habituellement utilisé dans ce genre de communication. Il félicite les travailleurs de leur décision en dépit, dit-il, des «mensonges», des «provocations» et de «l'extrémisme» de ceux qui s'opposaient à la nouvelle convention collective. Il y a plusieurs syndicats dans la même usine et plusieurs ont donné leur appui au nouveau contrat de travail. Il qualifie aussi «d'absurdes» certaines critiques des conditions acceptées par les travailleurs, notamment la création d'un comité paritaire voué à réduire l'absentéisme à certaines dates avoisinant les congés fériés et les Fêtes.

L'usine assemble les Fiat Idea , Multipla et Punto Classic, de même que les Lancia Musa et l'Alfa Roméo MiTo.

Les 5400 travailleurs de l'usine Mirafiori ont assemble 178 000 véhicules en 2009, par comparaison aux 600 000 assemblés par leurs 6100 collègues polonais de l'usine de Tychy, rapporte Automobile News Europe, qui ajoute que «si on ne tient pas compte des différences de modèles et d'heures de travail, la productivité moyenne de Mirafiori était de 30 véhicules par employé par année, contre près de 100 à Tychy».

Sources : Fiat, Agence AP, Bloomberg News, Automobile News Europe