Les autorités routières américaines sont tellement mystifiées par les problèmes de mécanique japonaise qu'elles ont demandé l'aide de la NASA pour analyser la commande des gaz électronique utilisée par Toyota. Le ministre des Transports, Ray LaHood, veut savoir si cette composante électronique pourrait être la cause des accélérations intempestives rapportées par de nombreux propriétaires de Toyota.

C'est ce que rapportent le quotidien Detroit News ainsi que de diverses publications américaines. Outre la NASA, M. LaHood a aussi recruté des experts de l'Académie nationale des sciences des États-Unis et les a chargés d'étudier les accélérations intempestives dans toute l'industrie automobile. «Nous sommes déterminés à vider cette question», a dit le ministre.

 

La NASA a déjà eu une expertise unique en réparation automobile, mais ça remonte à décembre 1972, quand l'astronaute Gene Cernan a réparé un garde-boue du Lunar Roving Vehicle... avec du ruban gris en toile (communément appelé «duct tape»).

 

Notons que cette vidéo montre aussi une des pires décisions de l'histoire de la télévision, qu'on peut constater à 40 secondes du YouTube. Pendant que le commandant de la mission lunaire effectue en direct la première réparation automobile spatiale, un technicien, en bas à Houston, décide (incroyable...) de détourner la caméra vers l'autre astronaute, Harrison « Jack » Schmitt, en train de faire Dieu sait quelle activité lunaire sûrement cruciale pour l'avancement de la science.

Schmitt est tellement loin qu'on voit seulement une masse blanche plus ou moins informe. En regardant cette vidéo, 37 ans après, on a encore envie de hurler à l'écran « À DROITE ! TOURNE LA CAMÉRA À DROITE !!! »

On sait à l'écoute de la vidéo que le technicien à Houston s'appelle « Bob ». On est 100 % certain, sans avoir vérifié, qu'à sa retraite de la NASA, Bob, n'a pas trouvé d'emploi comme régisseur à la télé.

 

Interférence électromagnétique ?

 

Pour en revenir au mandat de la NASA concernant les Toyota, son travail de la NASA risque d'être plus complexe que d'enrouler du duct tape sur un garde-boue.

 

La National Highway Traffic Safety Administration a demandé son aide pour son expertise en électronique, en interférence électromagnétique, en intégrité logicielle et, de façon générale, en résolution de problèmes techniques très complexes, rapporte la publication spécialisée Automotive News. Une équipe de neuf savants de la NASA se penchera sur la possibilité que les problèmes d'accélération intempestive des Toyota soient aient une cause électronique difficile à identifier.

 

Le ministère américain des Transport (qui chapeaute la NHTSA) se demande si des interférences électromagnétiques ne seraient pas à l'origine des accélérations intempestives qui causent des inquiétudes aux propriétaires de Toyota.

 

Plusieurs observateurs ont proposé cette hypothèse, mais sans pouvoir l'étayer avec des expériences. Toyota affirme avoir examiné cette hypothèse et affirme que ses contrôles des gaz électroniques ne sont pas en cause. Selon Toyota, si problème il y a, c'est mécanique, pas électronique.

 

«Les autos d'aujourd'hui sont pratiquement des ordinateurs, a noté M. LaHood. J'ai entendu assez d'experts me dire qu'il pourrait y avoir un problème d'électronique, alors on va aller au fond du sujet.»

 

Toyota a accueilli favorablement l'implication de la NASA dans le dossier. «On s'attend à ce qu'ils amènent une approche scientifique et exhaustive aux enjeux. Séparer les faits de la fiction ne peut que faire du bien aux automobilistes et à l'industrie dans son ensemble.»

 

La NHTSA a aussi été écorchée durant les audiences du congrès américain sur les problèmes d'accélération des Toyota. Certains législateurs ont reproché à cette agence du ministère des Transports d'avoir réagi trop lentement. Les audiences ont permis de découvrir que la NHTSA n'avait à l'époque aucun ingénieur en informatique automobile parmi ses employés.

 

Pas une première pour la NASA

 

Le ministre LaHood maintient que la NHTSA a l'expertise pour faire cette analyse. Cependant, il dit que des suggestions des élus, lors des audiences du congrès, lui ont donné l'idée d'aller aussi chercher une perspective externe.

 

«Ce n'est pas la première fois qu'on fait appel à eux, a dit M. LaHood en parlant de la NASA. On nous dit qu'ils pourraient avoir de l'influence (sur l'étude du dossier)».

 

Effectivement, même si elle n'a pas eu à réparer d'auto depuis Apollo 17, la NASA a collaboré avec la NHTSA à quelques occasions lors d'études sur les contrôles électroniques de stabilité et sur les coussins gonflables.

 



La demande d'assistance à la National Aeronautics and Space Administration survient dans le contexte où la NHTSA commence sa revue du contrôle électronique des gaz utilisé dans certains modèles Toyota. Cette enquête vise à comprendre les problèmes techniques qui ont obligé Toyota à rappeler plus de 8,5 millions de véhicules.

 

La revue que mène actuellement la NHTSA doit mener à un rapport d'ici la fin de l'été. À partir de ce rapport, l'agence fédérale américaine déterminera s'il faut une enquête formelle sur le contrôle électronique des gaz. Une telle enquête pourrait à son tour mener à d'autres rappels.

 

Toyota maintient qu'elle est certaine de la sécurité de ses composantes électroniques et dit n'avoir observé aucune indication de défaillance sur la route. Des examens de ces pièces faits dès 2004 par la NHTSA n'avaient identifié aucun problème. Mais ces cas avaient été traités à l'interne par l'agence.

 

Toyota a commandé des examens techniques à des experts-conseils indépendants, qui n'ont trouvé aucun problème non plus avec les composantes électroniques qui ont le lien entre la pédale d'accélérateur et le moteur.

Sources: Automotive News,  Detroit News.

Photo AP

La firme de recherche Exponent, mandatée par Toyota pour évaluer ses systèmes électroniques, a reproduit sur une BMW les accélérations soudaines observées sur une Toyota lors d'un test précédent effectué par un professeur de l'Université Southern Illinois. Ils ont fait de même sur une sélection de véhicules de concurrents américains, européens et japonais, avec les mêmes résultats que sur la Toyota.