Contre toute attente, l'acronyme GTS, dans le langage de Mitsubishi, n'est pas synonyme de performances. Pour preuve, le modèle essayé était doté d'une boîte automatique à rapport continu (CVT) Les temps changent. Cette boîte est offerte moyennant 1100$, sans quoi vous héritez de facto d'une transmission manuelle à cinq rapports.

Étiquette sportive usurpée

Contre toute attente, l'acronyme GTS, dans le langage de Mitsubishi, n'est pas synonyme de performances. Pour preuve, le modèle essayé était doté d'une boîte automatique à rapport continu (CVT) Les temps changent. Cette boîte est offerte moyennant 1100$, sans quoi vous héritez de facto d'une transmission manuelle à cinq rapports.

Donc, entre la DE, la ES et la GTS, l'architecture technique de la Lancer demeure identique pour tout le monde. Y compris pour le moteur 2 litres qui siège sous le capot. Issu d'une collaboration entre Chrysler, Hyundai et naturellement Mitsubishi, ce quatre cylindres fait 146 chevaux et 152 livres-pied de couple. Le moins que l'on puisse dire est que la Lancer en fait un excellent usage.

Plein d'allant en reprise, ce groupe convient bien à l'esprit de la Lancer qui veut demeurer dynamique, voire sportif. On ne peut cependant en dire autant de la boîte CVT. Même si celle-ci se révèle globalement efficace, elle nous est apparue collante, comme si sa courroie tenait constamment le moteur en laisse. Nous pensons également que c'est à cause d'elle que le moteur s'égosille plus qu'il ne le faut (ce qui explique peut-être pourquoi la chaîne stéréo fait 650 watts).

Cela dit, cette transmission permet par ailleurs une sélection manuelle de ses six rapports programmés au moyen du levier à impulsion, orienté dans le mauvais sens: la rétrogradation devrait s'effectuer vers l'avant et non l'arrière, accompagnant ainsi le mouvement naturel du corps au freinage. Nous pensions que la sélection était dupliquée au volant, mais les deux palettes bien mignonnes à regarder sont hélas fixées sur la colonne de direction!

Totalement inutiles en virage, à moins bien sûr d'avoir les doigts anormalement longs. Et croches aussi! Conséquemment, nous préférons la boîte manuelle à cinq rapports. Une fois n'est pas coutume, le verrouillage des rapports nous est apparu beaucoup plus solide que sur les créations passées de ce constructeur. En outre, la course du levier a été resserrée, ce qui contribue à l'agrément de conduite.

À défaut de nous séduire par son groupe motopropulseur, la GTS s'est rachetée à nos yeux sur la route. Saine, équilibrée, cette Lancer a les qualités dynamiques voulues pour faire jeu égal, sinon de l'ombre à ses concurrentes. Surtout dans sa livrée GTS, qui profite d'une barre stabilisatrice à l'arrière et de pneus de dimensions généreuses. Tenue de route solide, comportement prévisible (même sous la pluie), cette Lancer s'inscrit avec précision dans les virages. Sans broncher. Même si cela n'est qu'une observation purement subjective, ce châssis figure assurément parmi les plus rigides de cette catégorie. Hélas, il n'y a pas que le châssis qui soit ferme. La suspension l'est aussi. Le confort en souffre parfois, avec quelques réactions sèches sur mauvaise route et une filtration perfectible.

Bilan mitigé donc pour cette Lancer GTS qui, malgré des qualités dynamiques bien senties, peine à nous mettre autant de paillettes dans les yeux dans d'autres domaines. Pour l'heure, souhaitons seulement que la qualité de fabrication se resserre. Le reste n'est pas insurmontable. Allez, un petit effort!

Courriel Pour joindre notre journaliste : eric.lefrancois@lapresse.ca

>>> Nos photos de la Mitsbubishi Lancer 2008

Il est assez bizarre qu'un constructeur plusieurs fois champion du monde en rallye et qui accumule les victoires au Paris-Dakar (encore cette année) ait autant de mal à s'illustrer sur l'échiquier automobile mondial. Il faut reconnaître toutefois que ces dernières années, les succès sportifs de Mitsubishi ont été affectés par une trésorerie en mauvaise santé, une rupture (avec DaimlerChrysler) et des rappels en rafale. Rien de très joyeux, mais le constructeur a su se relever.

Engagé dans le renouvellement de sa gamme, Mitsubishi s'alarme, aujourd'hui, de ne pas être suffisamment présent sur un marché qui représente près de la moitié des immatriculations automobiles au Canada (402 834 unités). Avec la Lancer, qui succède à une autre Lancer sans éclat, Mitsubishi réinvestit le segment des compactes, façon Toyota Corolla, Nissan Sentra ou Ford Focus, sans oublier la Civic et la Mazda3. D'ici la venue de la Evo, à l'automne, ou encore de la Ralliart, au printemps, la GTS est, de toutes les livrées actuellement offertes (il y a aussi la DE et la ES), celle qui colle le mieux à l'image de son constructeur - du moins c'est que nous pensions!

Peu importe la livrée, cette nouvelle Lancer aborde le segment des compactes avec beaucoup d'ambition. Fini le style frileux et sans saveur, place à un peu plus d'agressivité dans la forme. Même si de profil ou de l'arrière, elle ressemble de manière troublante à ses concurrentes, la partie avant est, de loin, la plus réussie, la plus originale. En revanche, on se désole, en contemplant cette carrosserie, de l'assemblage peu précis de certaines pièces, comme des interstices inégaux à la hauteur du capot ou encore du couvercle du coffre. Une tare observée lors de la présentation de presse et qui devait, nous a-t-on dit à cette époque, être corrigé au moment de la production en série. Des promesses, des promesses.

À l'intérieur se déploie le nouvel univers Mitsubishi, plus sobre, moins «Guerre des étoiles» ou «Tokyo by night» que certaines créations récentes du constructeur. Deux cadrans regroupés derrière le volant (réglable seulement en hauteur), des boutons alignés comme à la parade, la Lancer ne ménage pas ses effets, même de nuit. La qualité des matériaux est correcte, sans plus, mais c'est - encore - la finition inégale qui a retenu notre attention.

Sur une note plus positive, retenons le volume habitable, l'un des meilleurs de la catégorie. La place n'est pas comptée, ni à l'avant ni à l'arrière, et le volume du coffre est tout aussi avenant, avec un seuil de chargement peu élevé et une bonne ouverture. On regrette seulement que les concepteurs aient oublié les tirettes qui nous auraient permis, de l'intérieur du coffre, de rabattre en tout ou en partie le dossier de la banquette arrière.

Autre élément positif: l'équipement de série. Tout y est. Enfin presque, puisqu'il existe bien quelques options dont un groupe «musique à gogo» de 2000$, c'est-à-dire une chaîne stéréo susceptible de vous déchirer les tympans: neuf haut-parleurs, dont un caisson de graves dans le coffre qui fait 650 watts.