Prendre Saint-Denis ou Christophe-Colomb? La voie de service ou la Métropolitaine? Le pont Jacques-Cartier ou le tunnel? La petite rue ou le boulevard?

Prendre Saint-Denis ou Christophe-Colomb? La voie de service ou la Métropolitaine? Le pont Jacques-Cartier ou le tunnel? La petite rue ou le boulevard?

Chaque jour, les automobilistes sont confrontés à d'innombrables choix d'itinéraires. Souvent, la décision d'emprunter une voie inhabituelle est prise à la dernière minute, après un trop long moment d'immobilité dans un embouteillage. Les plus prévoyants écoutent le chroniqueur de la circulation à la radio avant de décider du chemin qu'ils emprunteront pour se rendre au travail ou revenir à la maison.

Sous peu, cette approche sera aussi anachronique que la «poste escargot», comme disent les anglophones pour qualifier les lettres par opposition aux courriels. Plusieurs grandes villes, dont Montréal, ont installé des caméras dans les grandes artères, et on peut en regarder les images sur Internet. D'autres publient un répertoire constamment mis à jour des travaux routiers. Au Québec, le ministère des Transports offre ce service, mais les mises à jour sont au mieux quotidiennes.

Une technologie testée en 2004 en Floride, près d'Orlando, est encore plus prometteuse. Appelée Mesh (maille), elle est déjà utilisée par les militaires américains en zones de combat. Il s'agit d'un réseau d'émetteurs-récepteurs, montés sur les voitures, qui transmettent des images de la circulation en différents endroits. De cette manière, on peut voir dans sa voiture de quoi a l'air la congestion quelques kilomètres plus loin. La portée du système était de 10 kilomètres, assez pour pouvoir choisir une autre sortie de l'autoroute.

«Le coût pour une ville d'un million d'habitants comme Ottawa serait de seulement 10 millions, explique Christian Navarre, professeur de gestion à l'Université d'Ottawa. Pour une application réelle, il faudrait probablement installer des bornes de transmission fixes et des bornes sur les autobus et les taxis. Le coût pour un automobiliste qui voudrait installer une borne sur sa voiture tournerait autour de 500 .»

L'impact d'un tel système sur la circulation est prouvé, selon M. Navarre. «J'ai vu une présentation par une équipe japonaise qui soulignait qu'à Tokyo, équiper ainsi les ambulances avait permis de réduire la mortalité», dit-il.

Contrairement aux réseaux cellulaires, l'efficacité des réseaux Mesh augmente avec la multiplication des abonnés. «On n'a pas le problème de sursaturation des cellulaires dans les embouteillages, dit M. Navarre. Plus il y a de bornes, mieux la transmission se fait. Au contraire, avec les réseaux d'informations par cellulaires, la transmission est moins bonne dans les embouteillages, parce que chaque borne dans une voiture devient un retransmetteur.»

La technologie Mesh est née de recherches militaires dans les années 80. En 1983, quand les États-Unis avaient envahi l'île de Grenade, les soldats avaient dû utiliser des téléphones publics pour demander du soutien aérien. L'armée a juré que les télécommunications ne seraient plus un problème.

Malheureusement, les villes nord-américaines sont peu intéressées à investir dans l'infrastructure nécessaire. «Notre analyse pour la ville d'Ottawa est restée lettre morte, déplore M. Navarre. Et l'essai en Floride n'a pas eu de suites. C'est une attitude très myope.»

L'utilisation des télécommunications pour réduire les embouteillages est beaucoup plus avancée en Europe, selon M. Navarre. «À Paris, il y a beaucoup plus d'informations sur la circulation sur Internet. Mes collègues vérifient toujours l'état du trafic et des travaux avant de partir du bureau. Au besoin, ils peuvent retarder leur départ ou changer d'itinéraire.»

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À Montréal, on peut consulter le site www.circulationquebec.com pour avoir des informations sur la circulation avant de partir de la maison ou du bureau.

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