Cet appui serait aussi majoritaire chez les Montréalais (68%) que chez les banlieusards (61%), et ce, qu'ils soient usagers des transports en commun (69%) ou automobilistes (63%).

Cet appui serait aussi majoritaire chez les Montréalais (68%) que chez les banlieusards (61%), et ce, qu'ils soient usagers des transports en commun (69%) ou automobilistes (63%).

«Les banlieusards ont une conscience sociale», commente Claude Bergeron, spécialiste en sondages chez Unimarketing. «Ils appuient le péage presque autant que les Montréalais, si la fluidité de la circulation est maintenue. Dans un sens, ça nous a surpris. Mais les chiffres sont clairs.»

Leur assentiment est fortement conditionnel à l'utilisation d'une technologie qui n'impose pas d'obstacle physique sur la route comme le faisaient les postes de péage abolis dans les années 80. Dans tous les sous-groupes mentionnés plus haut, les sondeurs ont noté une forte augmentation des appuis au péage après mention de technologies garantissant la fluidité de la circulation.

L'appui au péage n'est pas non plus sans réserve: 39% des banlieusards interrogés y sont défavorables, contre 29% des Montréalais, malgré l'assurance d'une technologie qui ne nécessiterait pas d'arrêt du véhicule à une guérite. Les personnes qui possèdent une automobile sont aussi plus nombreuses (36%) à s'y opposer que les personnes qui n'en ont pas (27%).

Il ne semble pas y avoir de mouvement pour restreindre le péage à la partie centrale de l'île, selon M. Bergeron. «Peu importe qu'ils habitent à Vaudreuil, l'île Perrot ou Repentigny, les navettiers s'attendent à ce que les péages s'appliquent à tous les ponts et tunnels, pas seulement au pont Jacques-Cartier.»

Selon le sondage Unimarketing, le péage aux entrées de l'île de Montréal aurait un impact majeur sur les habitudes de déplacement, tant dans les banlieues qu'à Montréal. Quinze pour cent des personnes interrogées ont affirmé qu'elles utiliseraient davantage le transport collectif si on instaurait le péage, et 14% d'entre elles (dont 21% en banlieue) prévoient plutôt réduire leurs déplacements dans la métropole.

Ce sondage, qui portait sur le plan de transport de la Ville de Montréal rendu public le 17 mai, a été réalisé par téléphone auprès de 515 Montréalais et 514 résidants des banlieues nord et sud de la métropole, entre les 22 et 24 mai derniers.

Le péage y est présenté comme l'un des moyens de financer les investissements de plus de 5 milliardsde dollars prévus à ce plan, lequel fera bientôt l'objet de consultations publiques (voir autre texte).

«Un sujet controversé»

À quoi devraient servir les revenus de ce péage? Devrait-on l'étendre aussi aux autoroutes en plus des ponts et du tunnel? À quelles heures devrait-on s'appliquer? Le péage devrait-il être plus élevé pour les véhicules plus énergivores?

Sur toutes ces questions, révèle le sondage Unimarketing, Montréalais et banlieusards ont à peu près les mêmes points de vue. Ainsi, 72% des répondants, tous groupes confondus, estiment que les recettes du péage doivent financer les transports en commun. Un peu plus de la moitié (57%) estime aussi que les projets financés par le péage devraient profiter à la fois à Montréal et aux banlieues.

De même, 57% des répondants sont défavorables au péage sur les autoroutes, sans différence significative selon le lieu de résidence.

Tous les répondants se sont par ailleurs montrés très partagés quant aux heures d'application du péage: 31% préfèrent qu'il soit limité aux heures de pointe, 26% estiment qu'il devrait s'appliquer en tout temps et 21%, seulement les jours de semaine.

Mais encore une fois, aucune différence significative n'est apparue entre les points de vue exprimés à Montréal ou en banlieue quant aux plages horaires.

Selon les sondeurs, le péage reste tout de même un «sujet controversé», malgré toutes ces convergences de vues.

On observe ainsi que, en banlieue, 56% des gens se sont dits spontanément défavorables au péage alors que seulement 42% d'entre eux y étaient favorables.

À l'inverse, 54% des Montréalais se sont dits pour l'instauration du péage, et 42% contre.

«Même si les majorités sont plutôt faibles, Montréalais et banlieusards s'opposent sur cette question, tout comme les automobilistes et ceux qui utilisent les transports en commun ou les modes de transport actifs (vélo, marche)».

«Cependant, note Unimarketing, les principaux groupes d'opposants - les banlieusards et les automobilistes - y deviennent majoritairement favorables si on garantit que le péage n'affectera pas la circulation.» L'appui au péage passe alors de 54% à 68% chez les Montréalais, et de 42% à 61% dans les banlieues.

«On constate donc, concluent-ils, que le principe de payer pour traverser les ponts et tunnel apparaît acceptable à la majorité.»

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UNE VISION REGIONALE COMMUNE

Les Montréalais et les résidants de la banlieue sont globalement d'accord avec les objectifs du Plan de transport présenté par la Ville de Montréal, qui souhaite accroître l'utilisation des transports en commun, et réduire celle de l'automobile, dans les déplacements quotidiens.

Selon un sondage Unimarketing/La Presse, 92% des 1029 répondants ont estimé qu'il est important de réduire l'utilisation de l'automobile afin de lutter contre le réchauffement climatique.

Une très large majorité des personnes interrogées (82%), tant à Montréal que dans les villes de banlieue, s'est aussi dite en faveur de l'objectif principal du Plan, qui est d'augmenter la fréquentation des transports collectifs.

Près des deux tiers des répondants (64%) avaient entendu parler du Plan, publié par la Ville de Montréal, le 17 mai dernier. Ironiquement, les banlieusards (68%) et les automobilistes (67%) ont semblé mieux informés sur le sujet que les Montréalais (60%) et les personnes n'ayant pas d'automobile (54%).

«Probablement parce que la question du péage a fait les grands titres», avancent les sondeurs.

Même s'il recueille un appui important, le péage n'est tout de même pas le moyen de financement qu'une majorité de Montréalais ou de banlieusards aurait privilégié pour financer les investissements liés au Plan de transport de Montréal; 43% des répondants choisissent plutôt les subventions provinciales ou fédérales, alors que 32% favorisent le péage.

«On constate que les habitants de la grande région de Montréal partagent une vision régionale des grands enjeux de transport, estiment les analystes de la firme Unimarketing.

«Le Plan de transport de la Ville de Montréal, concluent-ils, risque donc d'obtenir un appui majoritaire, s'il mise sur la solidarité régionale, l'équité dans le financement des transports en commun et le pragmatisme dans l'instauration du péage.»

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Les points saillants du plan

Le Plan de transport de Montréal, rendu public le 17 mai, vise à accroître l'utilisation des transports en commun et, par corollaire, à réduire le nombre d'automobiles dans les rues de Montréal. La Ville prévoit 21 grands chantiers en 10 ans, dont le coût de réalisation est estimé à 5,1 milliards de dollars, en voici quelques-uns:

» Implantation d'un réseau de tramways;

» Prolonger le métro vers le boulevard Pie-IX (ligne bleue);

» Moderniser le métro;

» Créer un réseau de voies réservées aux autobus;

» Maximiser l'utilisation du corridor réservé du pont Champlain;

» Prioriser la circulation des autobus sur le réseau routier;

» Aménager le Train de banlieue de l'Est;

» Doubler la longueur du réseau cyclable en sept ans (de 400 à 800 kilomètres);

» Mettre en oeuvre la Charte du piéton;

» Prioriser la circulation piétonne au centre-ville;

» Réduire la vitesse maximale à 40 km/h dans des quartiers ciblés (quartiers verts);

» Moderniser la rue Notre-Dame;

» Entretenir et réaménager le réseau routier.