Avant d'être les Trois Grands, ils furent les Quatre Grands. C'était avant la disparition d'American Motors Corporation (AMC), le plus petit des quatre grands constructeurs américains.

Avant d'être les Trois Grands, ils furent les Quatre Grands. C'était avant la disparition d'American Motors Corporation (AMC), le plus petit des quatre grands constructeurs américains.

Fondée le 14 janvier 1954, AMC est le résultat de la fusion de la Nash-Kelvinator Corporation et de la Hudson Motor Car Company, la plus grande fusion commerciale de l'époque aux États-Unis. George W. Mason, PDG et architecte de la fusion, croyait fermement que, pour survivre, un constructeur automobile indépendant devait former un conglomérat multimarques à la façon de General Motors. D'où son intérêt pour la marque Packard qui venait d'acquérir Studebaker.

AMC et Studebaker-Packard Corporation entreprennent en un premier temps de collaborer. Mais la mort soudaine de Mason porte à la tête d'AMC un certain George Romney, qui ne croyait absolument pas à la vision de son prédécesseur. L'alliance avec Studebaker-Packard tombe à l'eau et une décennie plus tard, la marque Studebaker disparaît de la scène automobile. Quand on voit toutes les alliances qui se forment depuis quelques années, c'est à croire que Mason avait sans doute raison.

Quant à AMC, accompagnée à compter de 1970 de sa filiale Kaiser Jeep, elle poursuit son chemin, loin derrière les Trois Grands, malgré le succès relatif de ses Rambler qui refusaient, dans les années 60, de suivre la mode des changements annuels et la philosophie du «toujours plus gros», offrant ainsi au public des voitures robustes, abordables et relativement économiques. Certes, il y eut aussi la lamentable Pacer, une sorte d'aquarium surnommée «la première petite voiture large», et l'immonde Gremlin, une Hornet compacte tronquée de son coffre. Mais à cette époque-là, nul n'était à l'abri des aberrations.

Renault, le sauveur qui se sauve

Dès la fin des années 70, l'effet conjugué d'une concurrence féroce et de la baisse des ventes force AMC à faire ce que préconisait Mason près de 20 ans plus tôt: chercher un partenaire. En 1979, à la surprise générale, AMC est vendue à la Régie Renault. Le mariage de raison ne dure pas longtemps et Renault se débarrasse de sa filiale américaine en la vendant en 1987 à Chrysler Corporation qui s'empresse d'effacer les marques AMC et Renault de son catalogue aux États-Unis. Seule la marque Jeep survit, ainsi que quelques modèles vendus sous l'enseigne Eagle. Précisons que Chrysler hérite aussi d'une usine ultra moderne que Renault venait de construire à Bramalea, en Ontario, la même usine qui construit aujourd'hui les Chrysler 300 et Dodge Charger, les «Mercedes américaines»...

Mais revenons en arrière pour vous présenter l'une des dernières créations d'AMC: la Javelin, un muscle car typé, dans la pure tradition américaine des poney car inspirés par la Ford Mustang.

Lancée en 1968, la Javelin est née du prototype AMX dévoilé deux ans plus tôt. Elle est livrable avec un choix de plusieurs moteurs, depuis l'économique 6 cylindres jusqu'à l'athlétique V8 de 343 pouces cubes (5,6L), assorti de freins à disque avant, d'un échappement double et de pneus larges. En 1971, la Javelin est redessinée pour incorporer divers éléments provenant des voitures engagées dans la très populaire série de course Trans-Am. En version haut de gamme, la Javelin reçoit un gros V8 de 401 pouces cubes (6,5L) à haute compression et vilebrequin en acier forgé, le tout alimenté par un énorme carburateur quadruple corps. Il existe même une version «Pierre Cardin» avec habillage intérieur orné de rayures qui partent des sièges, aux garnitures des portes pour rejoindre le plafond et revenir de l'autre côté. Original!

Bleu, blanc, rouge

Malgré la concurrence féroce des autres «muscle car» engagés en courses Trans-Am, les Javelin d'AMC bleu blanc rouge de l'équipe Penske/Donohue réussissent à remporter le championnat en 1971, 1972 et 1973. Le talent de directeur d'écurie de Roger Penske et celui de pilote émérite du regretté Mark Donohue y sont sans doute pour quelque chose.

Souvent boudés par les collectionneurs, les modèles AMC sont assez rares dans les expositions de voitures anciennes. Ce fut un véritable plaisir de revoir récemment la Javelin Trans-Am peinte aux couleurs d'AMC et d'entendre rugir son V8 d'épouvante.

--- --- --- --- --- --- --- --- --- --- ---

Dans le rétroviseur de l'AMC Javelin 1971

Empattement / longueur (cm): 279 / 488

Poids: 1500 kg

Moteur: V8, 6,5 L (401 po3), 330 ch. à 4600 tr/min, 360 lb-pi de couple

Transmission: manuelle 3 vitesses, 4 vitesses en option

Freins: disques / tambours

Suspension av./arr.: indépendante / à essieu rigide

Pneus: 7x15

Performances: 1/4 de mille en 14,65 secondes à 149 km/h; 0 à 60 mi/h: 6,2 secondes

Vitesse de pointe: 190 km/h

Production (1971): 26 866 unités

Prix (1971): entre 2900 et 3400 , selon les versions

Valeur (2006): environ 10 000

Courriel Pour joindre notre collaborateur: alain.raymond@lapresse.ca