Le remplacement de Jacques Villeneuve au volant de la BMW Sauber par le Polonais Robert Kubica à l'occasion du Grand Prix de Hongrie de Formule 1 dimanche risque de tenir le Canadien à l'écart des circuits plus longtemps que prévu, peut-être même définitivement.

Le remplacement de Jacques Villeneuve au volant de la BMW Sauber par le Polonais Robert Kubica à l'occasion du Grand Prix de Hongrie de Formule 1 dimanche risque de tenir le Canadien à l'écart des circuits plus longtemps que prévu, peut-être même définitivement.

Déjà peu enclin à donner en 2006 le second baquet à Villeneuve, aux côtés de Nick Heidfeld, et finalement contraint en raison du contrat qui liait le Québécois à l'écurie Sauber rachetée par BMW, le patron de l'écurie Mario Theissen a été particulièrement élogieux à l'égard de Kubica jeudi.

Trop élogieux pour ne pas laisser penser que la raison médicale qui a obligé Villeneuve à déclarer forfait pour le Hungaroring après son violent accident dimanche à Hockenheim, ne servirait pas de prétexte pour remplacer le champion du monde 1997 par le jeune pilote de 21 ans, premier Polonais en F1.

«Je m'attends à un très bon week-end de Kubica, lâche Theissen. Il est prêt. Il a prouvé sa grande maturité malgré ses 21 ans : il a été exceptionnel en essais !»

Et encore : Kubica «a un jugement sûr, il sait dans quelles directions développer la voiture, il ne sort presque jamais de la piste». N'en jetez plus, la cour est pleine...

Merveille

En fait, Theissen semble persuadé de tenir en Kubica la dernière petite merveille du sport automobile : un jeune de la trempe des Alonso ou Räikkönen.

«Je l'ai surveillé toute la saison dernière, je suis allé le voir courir à Macao. Il est très rapide en piste et très fort mentalement. C'est moi qui l'ai fait signer», poursuit le discret patron de l'écurie allemande, se prenant un peu pour l'exubérant Flavio Briatore, «découvreur» de Michael Schumacher et Fernando Alonso.

D'ailleurs, grâce à son titre dans le championnat World Series by Renault en 2005, Kubica a effectué des essais au volant de la R25 qui a permis à Alonso de remporter le titre mondial l'année dernière. Ce qui fait dire à Theissen non sans une certaine satisfaction : «Nous l'avons probablement chipé à Renault !»

Et l'Allemand de souligner encore que le Polonais n'avait bénéficié que de «peu de soutien» lors de ses années d'apprentissage.

Ce que l'intéressé confirme, sans cependant s'apitoyer sur son sort.

«J'ai eu très peu de soutien en Pologne (...) les gens n'étaient pas intéressés et la plupart riaient de ma volonté de piloter en F1, mais c'est arrivé et j'en suis très fier», explique Kubica.

Fier et sûr de lui. Pour quelle raison Theissen le choisirait-il lui, plutôt que Villeneuve, une fois le Canadien remis de son accident ? «Ma vitesse, peut-être», répond-il du tac au tac, le plus sérieusement du monde.

Risques

Theissen assure qu'il n'a pris aucune décision quant à son duo de pilotes pour 2007, mais qu'il attend désormais de voir Kubica en action sur le Hungaroring pour décider même de la suite de la saison.

Néanmoins, remplacer Villeneuve par Kubica constitue une prise de risque sportive comme légale.

Sur le plan sportif, Theissen assure que les seules questions qu'il se pose concernent «les départs, les ravitaillements et la constance en course» de Kubica, mais il se dit «confiant».

Sur le plan légal, si Villeneuve est en mesure de courir le prochain Grand Prix, le 27 août en Turquie, n'y a-t-il pas un contrat protégeant son baquet ?

«Nous faisons très attention aux aspects légaux et rien n'est encore déterminé», répond simplement Theissen.

Quant à Villeneuve, «il est un peu énervé, mais confiant car il a un contrat en béton», assure son attaché de presse personnel, Yann Lefort.

Si ce contrat «en béton» couvre 2006, le Canadien se retrouve cependant sans volant pour l'année prochaine. Or, au vu du marché des transferts, malgré son expérience, son titre mondial et son salaire très raisonnable, aucune écurie ne semble vouloir s'attacher ses services.