Qu'un scooter procure des sensations véritablement sportives semble aussi peu probable qu'une minifourgonette vraiment excitante... Mais le TMAX de Yamaha est une exception. Avec ses 500 cc, le plus gros scooter offert par la marque aux trois diapasons est en effet considérablement différent de tout ce qui se fait d'autre dans le genre.

On s'est longtemps interrogé sur la véritable nature de ces mégascooters lors de leur arrivée sur le marché au début de la décennie. Avec une masse et des dimensions avoisinant celles d'une vraie moto, s'agissait-il encore de scooters ?

Leur essai mena rapidement à une réponse affirmative, car en dépit de leur imposant gabarit et de leur généreux équipement, une fois sur la route, on avait toujours bel et bien affaire à des scooters. De la position de conduite typique jusqu'à l'inévitable imprécision de direction due aux petites roues, en passant par la transmission automatique, toutes les caractéristiques inhérentes aux petits scooters restaient intactes sur les gros. Avec le Tmax, tout cela change.

L'une des raisons principales pour lesquelles le Tmax ne se comporte pas comme la moyenne des mégascooters est qu'il n'est pas construit de la même manière. Par exemple, un léger et solide châssis en aluminium coulé remplace les spaghettis d'acier qui forment le cadre des modèles habituels. Des suspensions très similaires à celles d'une moto prennent par ailleurs la place des composantes quelque peu rudimentaires qui équipent la majorité des modèles. Le tout est complété par de grandes roues de 15 pouces chaussées de larges pneus sportifs à profil bas et des freins très sérieux, ce qui, encore une fois, est supérieur à ce qu'utilise le reste de la classe.

Le résultat direct de tous ces choix est un comportement nettement plus invitant que celui que réserve le mégascooter moyen, un fait si évident qu'on le constate après seulement quelques moments en selle. Surtout en raison de leurs petites roues, mais aussi à cause de leurs suspensions primitives, la plupart des scooters sont plutôt maladroits dans les virages. On ne leur en tient généralement pas rigueur puisque ces défauts découlent de la nature même de ces engins. Mais le Tmax démontre de façon éloquente que non seulement ce genre de comportement est évitable, mais aussi qu'il peut être remplacé par un caractère sportif. Sur le genre de route sinueuse qui rendrait nerveux le pilote d'un mégascooter normal, le Tmax fonce sans broncher. En fait, on doit consciemment élever le rythme dans cet environnement pour commencer à sentir le Yamaha travailler, exactement comme ce serait le cas sur une moto sportive. Rapidement, on se rend compte de la facilité de mise en angle et de l'impressionnant aplomb le long des courbes.

La légèreté et la grande précision de la direction, comme l'étonnante qualité du travail des suspensions, d'ailleurs, surprennent.

Quant à la stabilité à haute vitesse, elle est impeccable jusqu'aux quelque 165 km/h indiqués, facilement atteignables en ligne droite. Au sujet des performances, elles sont très satisfaisantes, se situant juste en deçà des prestations offertes par un Suzuki Burgman 650, l'un des plus rapides mégascooters sur le marché.

Bien que toutes les capacités sportives du Tmax n'en font pas un véhicule inconfortable, il ne s'agit pas d'une référence sur un long trajet. S'il offre une excellente protection contre le vent, une mécanique admirablement douce et une instrumentation complète, il propose en revanche une position de conduite plutôt compacte, des suspensions assez fermes et un espace de rangement moins généreux que celui de plusieurs modèles rivaux.

Réservé au marché européen depuis son introduction, le Tmax sera décidément le bienvenu chez nous en 2009, surtout que la version que nous recevons se veut la nouvelle génération du modèle lancée en 2008. La facture de 9999$ qui l'accompagne pourrait paraître excessive pour l'observateur moyen, mais dans l'univers un peu particulier qu'est celui des mégascooters, elle semble appropriée puisque légèrement inférieure à celles des modèles rivaux offrant une cylindrée un peu plus grosse.

Reste maintenant à voir si la clientèle habituellement un peu «pépère» qui s'intéresse aux mégascooters aura un intérêt pour un modèle dit sportif, ou encore si une telle proposition rajeunira l'âge moyen des acheteurs en attirant du sang neuf et plus jeune. Le Tmax le mérite.

Car si le véritable attrait d'un tel concept - un scooter au comportement sportif - demeure abstrait dans l'esprit de la plupart des motocyclistes, le fait est qu'il élève le comportement parfois simpliste de ces engins à un niveau bien plus intéressant.

Bertrand Gahel est l'auteur du Guide de la moto