Essai routier Volvo V60 hybride rechargeable : un combat solitaire et noble

Le seul fait d’évoquer le nom Volvo fait apparaître d’emblée dans notre esprit l’image d’une voiture familiale aux traits cubiques qui traverse les décennies avec une abnégation totale. Ce type de carrosserie a toujours été culturellement associé aux constructeurs scandinaves, une notoriété attribuable en grande partie à la popularité de la série 200 qui a régné pendant près de 20 ans dès le milieu des années 1970. Contre vents et marées, la Volvo V60 tente de faire subsister cette tradition en affichant une sensibilité écologique avec sa mécanique hybride rechargeable.

Le design 

Voilà six ans tout de même que la dernière génération de la V60 a fait son entrée. À peine révisé au fil des ans sur le plan stylistique, le modèle résiste remarquablement bien à l’usure des années. On doit ce constat aux harmonieuses proportions de cette carrosserie bicorps misant sur des lignes horizontales pour asseoir son identité ainsi que des porte-à-faux harmonieusement intégrés. Les phares se présentent avec ces « marteaux de Thor » en diodes qui soignent le raffinement. L’arrière est toujours défini par ces feux qui épousent les piliers et ailes pour choir sur le hayon vertical. Seule livrée disponible, la version Polestar Engineered se démarque par ses jantes forgées de 19 po dont les minces tiges camouflent légèrement les gros étriers avant dorés.

À bord 

L’approche épurée et fonctionnaliste qui caractérise depuis longtemps le courant de design suédois dicte l’aménagement intérieur de cette V60. La planche de bord symétrique se passe d’extravagances avec sa symétrie et ses teintes foncées complétées par l’aspect métallique de certaines moulures qui séparent visuellement le haut et le bas. C’est bien élégant et l’assemblage est fait avec soin. Malgré l’aspect pratique du coffre arrière (529 L), la familiale limite ses rangements à l’avant, un défaut observable chez bien des Volvo de cette génération. Difficile donc de trouver un endroit approprié pour un téléphone cellulaire plus gros, mis à part les porte-gobelets. La V60 se reprend sur le dégagement pour les jambes et la tête qui lui permet d’en faire un redoutable véhicule à vocation familiale. Une importante protubérance, créée par la présence de la batterie au centre, rend toutefois la place centrale arrière quasi inutilisable.

Sous le capot 

En excluant la variante Cross Country, une seule mécanique s’offre à vous sous le capot de la V60, mais pas n’importe laquelle. Il s’agit d’un groupe hybride rechargeable composé d’un quatre-cylindres turbocompressé de 2 L (312 ch) qui peut se taire sur demande pour laisser la tâche au moteur électrique arrière (143 ch). L’autonomie puisée d’une batterie de 18,8 kWh s’est révélée être autour des 50 km lors de l’essai, en retrait acceptable en raison des conditions par rapport aux 64 km estimés par Volvo. Grandement amélioré il y a deux ans, ce groupe propulseur livre ses 455 ch avec aplomb et dans une admirable douceur. Sa transmission automatique à huit rapports semble être le seul élément notable qui limite légèrement ses ardeurs, présentant un délai de réponse marqué dans certains contextes.

Derrière le volant

Révisée par les ingénieurs de la marque Polestar pour l’agilité, cette V60 reçoit des amortisseurs Öhlins à ajustement mécanique, des ressorts plus fermes ainsi qu’une barre antirapprochement bien visible lorsqu’on soulève le capot avant. Ces ajouts, qui rappellent une forme de tuning qu’on croyait révolue, dégradent hélas ! considérablement le roulement. Les surfaces crevassées par notre hiver en dents de scie provoquent un effet de rebond constant, surtout à basse et à moyenne vitesse. Les occupants sont ainsi secoués comme des pruniers, ce qui rend chaque trajet éreintant. En contrepartie, la familiale présente de l’aplomb sur le plan dynamique, un avantage qui ne peut malheureusement contrebalancer les inconvénients. C’est bien dommage, car le châssis se marie admirablement bien à la poigne du groupe propulseur qui contient le sous-virage, à défaut d’avoir une direction au toucher évocateur.

Les technologies embarquées 

C’est ici que la V60 accuse son âge. Son système multimédia, dont la porte d’entrée est un écran vertical de 12,3 po, est tout simplement dépassé par les interfaces plus modernes de bien des constructeurs généralistes. La qualité de la définition, sa lenteur ainsi que la stabilité de CarPlay le rendent peu concurrentiel. En contrepartie, il est compatible avec les applications Google, ce qui rend son amarrage plus simple avec les produits Android. L’instrumentation numérique est en parallèle un peu trop simpliste, sa configuration étant limitée à une liste réduite de fonctionnalités. Remarquez, cela permet de le rendre nettement moins distrayant. La chaîne audio Bowers & Wilkins fait en parallèle un travail irréprochable avec sa sonorité cristalline qui épouse les nuances musicales les plus complexes.

Le verdict 

Au terme d’une semaine d’essai, une question subsiste au sujet de cette V60 Polestar Engineered : à qui s’adresse-t-elle ? Certes, l’aspect pratique de son habitacle et son groupe propulseur enfichable efficace en font une bonne candidate pour une famille ou une personne désirant l’aspect pratique d’un VUS lié au dynamisme d’une voiture. Mais sa suspension de béton exigeant de soulever le véhicule pour faire le moindre ajustement aux amortisseurs arrière semble conçue essentiellement pour les circuits fermés lisses. Elle vise donc un auditoire de puristes qui seront sans doute satisfaits par la précision de sa direction, mais rebutés par sa prestation trop déconnectée et la présence d’une mécanique pas très expressive. Cette V60 évolue donc seule dans une zone grise, une noble quête... contre elle-même.