La Mercedes-Benz 300 SL Gullwing est sans doute l’une des voitures les plus significatives à jamais avoir vu le jour en Europe. Le coupé, produit entre 1954 et 1957 à seulement 1400 exemplaires, était façonné de nombreuses innovations mises au point sur piste pour gratifier sa magnifique robe intemporelle. En confiant la conception de sa dernière SL à sa filiale de performance AMG, Mercedes-Benz souhaite injecter de la verve à son roadster. Une sorte d’hommage à son ancêtre, mais aussi un exercice qui peut s’avérer périlleux.

Le design 

PHOTO FOURNIE PAR MERCEDES-BENZ

La posture stylistique de la Mercedes-AMG SL 63 se rapproche énormément de celle du coupé AMG GT récemment renouvelé.

Voyez-vous, Mercedes-Benz ne pourra plus jamais produire une voiture semblable à cette 300 SL. Les multiples limitations encadrant la conception et la production de véhicules modernes sont nettement trop restrictives pour une œuvre de la sorte. N’empêche que cette SL nouvelle cuvée se distancie de sa prédécesseure produite jusqu’en 2020. Sa posture stylistique se rapproche énormément de celle du coupé AMG GT récemment renouvelé. Son long museau magnifie sa mécanique centrale avant et est parachevé par des phares acérés et une calandre à baguettes verticales pour marquer son appartenance à AMG. Le profil est aussi accrocheur avec les ailes charnues, mais aussi cette pureté des lignes assurée par un becquet arrière rétractable. Les porte-à-faux courts ramassent en parallèle les proportions. L’arrière se présente en largeur, ce qui est accentué par les feux horizontaux et est complété par les pots d’échappement anguleux qui cassent les rondeurs.

À bord 

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Un grand écran vertical, devenant brûlant lorsque le soleil plombe, est aux avant-postes. Son angle est variable pour favoriser sa lisibilité par temps ensoleillé.

La décapotable se définit d’abord par l’aspect numérique de son habitacle. Un grand écran vertical, devenant brûlant lorsque le soleil plombe, est aux avant-postes. Son angle est variable pour favoriser sa lisibilité par temps ensoleillé. Il est secondé par de l’instrumentation numérique hébergée dans un caisson. Des touches haptiques et tactiles définissent les commandes, en plus de pavés tactiles sur le volant. Cette configuration est loin d’être optimale, mais on s’y fait après avoir trébuché à quelques reprises. Outre ces observations, on aime beaucoup les buses en forme de turboréacteurs ainsi que la finition méticuleuse des portières enjolivées par les couvercles métalliques des haut-parleurs. Deux places arrière sont par ailleurs ajoutées, une première depuis 1989 pour cette SL. Cela dit, elles jouent les figurantes en raison de l’espace pour les jambes quasi inexistant.

Sous le capot 

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Ce huit-cylindres a une richesse sonore vibrante en superposant sa tonalité basse et caverneuse aux turbocompresseurs qui relâchent de l’air par leurs soupapes de surpression.

Le capot grandiose s’ouvre tel un écrin pour découvrir un V8 passablement compact placé derrière l’essieu avant. C’est une mécanique assemblée à la main de 4 L de cylindrée et gavée en air par deux turbocompresseurs pour une cavalerie totale de 577 ch. Tout ça paraît fort affriolant en prémisse, une observation qui se confirme à la mise à feu. Ce huit-cylindres a une richesse sonore vibrante en superposant sa tonalité basse et caverneuse aux turbocompresseurs qui relâchent de l’air par leurs soupapes de surpression. Il n’y a heureusement rien d’assourdissant dans la prestation. Sur le plan des performances, il demeure l’exemple à suivre par sa souplesse et sa progressivité fascinante pour un moteur suralimenté. Dommage que sa partenaire, une transmission à neuf rapports avec un embrayage multidisque, soit si caractérielle à basse vitesse et lente dans ses sélections en mode manuel.

Derrière le volant

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Les liaisons au sol gèrent les bosses de manière exemplaire et l’agilité est surprenante, surtout en entrée de virage grâce à une direction particulièrement vive.

Le sigle SL signifie « Super Leicht » en allemand ou « très léger » dans la langue de Molière. Si ce qualificatif seyait bien à la 300 SL à châssis tubulaire, on ne peut en dire autant de cette SL 63 qui avoisine les 2000 kg. Cette décapotable emploie donc une quincaillerie raffinée pour masquer ces kilos : roues arrière directionnelles, suspensions avant multibras à double triangulation et système hydraulique de contrôle du roulis. De concert avec un rouage intégral de série, le véhicule verse indéniablement plus du côté du grand tourisme, malgré l’identité sportive avérée. Les liaisons au sol gèrent les bosses de manière exemplaire et l’agilité est surprenante, surtout en entrée de virage grâce à une direction particulièrement vive. La tâche est cependant effectuée de manière plutôt sérieuse et avec un certain détachement, assurant toutefois une facilité d’approche à cette SL.

Les technologies embarquées

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L’habitacle de la Mercedes-AMG SL 63 est agrémenté de nombreuses diodes dont les couleurs sont infiniment paramétrables pour égayer le décor.

Cette SL s’appuie sur le système MBUX du constructeur pour son offre technologique. Profitant d’une image de belle résolution et d’une fluidité dans les animations, sa lisibilité est sans reproche. N’en déplaise à ce que Mercedes-Benz avance, son intuitivité fait toujours défaut, en dépit de ses quelques années de service. Il nécessite un degré d’attention beaucoup trop élevé pour des tâches que l’on peut caractériser d’usuelles. L’absence de commandes physiques ne fait qu’accentuer cette complexité d’utilisation et les pavés tactiles placés sur les branches du volant aident peu à la navigation. Le contrôle du système de ventilation est néanmoins toujours présent sur le bas de l’écran, ce qui permet d’y accéder rapidement, et on aime les molettes d’ajustement du comportement routier sur le volant. Ceux-ci sont paramétrables, garantissant une voie rapide de paramétrage en conduite.

Le verdict 

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Les 215 000 $ nécessaires à la mise de départ de la Mercedes-AMG SL 63 la rendent évidemment inaccessible pour bien des bourses, mais aussi vulnérable à des attaques venant de rivales extrêmement douées et moins chères.

On ne peut qu’admirer la dévotion de cette SL, gardienne d’une tradition, à garder en vie cette niche à l’allemande avec une large fourchette d’aptitudes. Sa mécanique, qui marque la fin incontournable d’une époque, est d’une expressivité qui s’harmonise avec éloquence à la conduite au grand air. Son comportement routier traduit également une belle sensibilité de l’équipe d’AMG à l’équilibre si complexe entre la sportivité et le confort. On ne peut toutefois évacuer les 215 000 $ nécessaires à la mise de départ qui la rendent évidemment inaccessible pour bien des bourses, mais aussi vulnérable à des attaques venant de rivales extrêmement douées et moins chères. L’aspect sensoriel de sa prestation laisse à désirer et sa quête de vitesse, qui pourrait être jugée superflue par plusieurs, édulcore quelque peu son identité, à force de trop vouloir en faire.

Carnet de notes 

Une seule version pour le Canada

Alors que le marché américain dispose des variantes SL 43 et SL 55 moins chères et moins performantes, seule la version SL 63 est commercialisée au Canada.

Un V8… qui consomme comme un V8

Son V8 a beau n’avoir qu’une cylindrée de 4 L, il consomme beaucoup, comme nous l’a rappelé la moyenne de 13,8 L/100 km obtenue sur plus de 500 km lors de l’essai.

Une rigidité indéniable, mais qui a ses limites

La rigidité du châssis de cette SL a été grandement améliorée comparativement à sa devancière grâce entre autres à l’aluminium et au magnésium, mais certains craquements émanant de la planche de bord au passage d’aspérités nous rappellent qu’elle demeure une décapotable.

Un toit souple raffiné

Le toit souple permet de diminuer de 21 kg le poids de la voiture en plus d’abaisser le centre de gravité comparativement à sa devancière à toit rigide. Il est aussi très bien insonorisé, permettant de tenir une conversation sur autoroute sans hausser la voix lorsqu’il est en place.

Les roues arrière à la rescousse

Les roues arrière directionnelles permettent d’augmenter l’aisance de cette SL en virage en se braquant en sens opposé des roues avant en dessous de 100 km/h et en se coordonnant avec celles-ci à plus haute vitesse.

Fiche technique 

  • Modèle à l’essai : Mercedes-AMG SL 63 4MATIC+
  • Moteur : V8 DACT 4 L biturbo
  • Puissance : 577 ch de 5500 à 6500 tr/min
  • Couple : 590 lb-pi de 2500 à 5000 tr/min
  • Transmission : Automatique à neuf rapports avec mode manuel
  • Architecture motrice : Moteur avant, transmission intégrale
  • Consommation (ÉnerGuide) : 15,3 L/100 km (essence à indice d’octane 91)
  • Prix (avec options) : 221 215 $ (prix de 2022)
  • Concurrentes : Audi R8, BMW M8 Cabriolet, Chevrolet Corvette, Jaguar F-Type et Porsche 911 Cabriolet
  • Du nouveau en 2023 ? : Aucun changement majeur (nouvelle génération lancée en 2022)
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