Une voiture sport est-elle meilleure avec une transmission manuelle ? La question, aussi fondamentale soit-elle, alimente le débat au moment où les boîtes automatiques modernes règnent quasi sans partage grâce à leur simplicité d’utilisation et à leur grande efficacité. Avec sa décision de munir sa Supra d’une pédale de débrayage pour 2023, Toyota semble néanmoins vouloir rassurer les puristes de la chose. Mais cette démarche fait-elle œuvre utile pour ce modèle au génie incompris ?

Le design 

PHOTO FOURNIE PAR TOYOTA

La Toyota Supra édition A91 2023 conserve sa forme initiale introduite en 2019, un dessin qui résiste bien à l’érosion des années.

Si vous cherchez la nouveauté sur cette belle robe galbée de la Supra millésime 2023, il faudra s’attarder essentiellement à certains coloris ajoutés, pour la fraîcheur. Le coupé biplace conserve ainsi sa forme initiale introduite en 2019, un dessin qui résiste bien à l’érosion des années, malgré la controverse initiale qu’il a suscitée. Elle demeure toujours aussi bien proportionnée, cette Supra, avec son imposant capot avant et son élégant trait supérieur, qui pénalise cependant la visibilité latérale. De taille réduite, sa longueur de 4,4 m la rend une quarantaine de centimètres plus courte qu’une Ford Mustang. L’enflement des ailes arrière déborde sur les portières trompe-l’œil, ses voies étant de même largeur. Au-delà de ces observations, la sportive présente une multitude de détails captivants enrichis par des phares et feux arrière qui épousent ses courbures naturelles, sans s’imposer.

À bord 

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L’habitacle de la Toyota Supra édition A91, dont le tirage est limité à 50 exemplaires au Canada pour 2023, se distingue par la teinte cognac de ses cuirs.

Après avoir pris soin de bien baisser la tête avant d’y pénétrer afin d’éviter une malencontreuse contusion, l’habitacle nous accueille dans un décor connu. Cette Supra reprend nombre de composants qui façonnaient les habitacles des BMW de génération précédente, le partenaire de projet. Certes, on repassera pour l’avant-gardisme ou les couleurs chaudes, mais cette posture a de nombreux avantages, à commencer par la remarquable ergonomie des touches, qui sont en grande partie palpables. L’exécution de l’assemblage est sans faille et les matières souples sont légion. Toyota a en outre réorganisé avec doigté la console centrale pour intégrer le levier de vitesses aux côtés de la molette de contrôle du système multimédia. Certes, l’aspect pratique de l’ensemble reste réduit, avec des rangements limités, et l’ouverture du coffre très étroite, mais il y a des sportives nettement moins accueillantes à ce chapitre.

Sous le capot 

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La force de frappe de ce six-cylindres turbocompressé suggère une puissance supérieure aux 382 ch annoncés.

Conjuguée uniquement avec le six-cylindres de 3 L turbocompressé d’origine BMW, la nouvelle boîte manuelle à six rapports de cette Supra a entièrement été révisée par les ingénieurs de Toyota. L’accent a été mis sur l’interaction avec le levier et la synchronicité avec la puissante mécanique qu’elle guide. On constate son grand raffinement rapidement : son levier engage les rapports avec un toucher engageant et juste assez ferme, et sa pédale module bien l’embrayage. La course n’est pas la plus courte, ce qui n’est pas un problème en soi outre mesure. L’agencement avec le six-cylindres est presque parfait, permettant d’avoir une immersion dans l’action et de se faire plaisir avec la belle tessiture de baryton. Ses 382 ch, un chiffre prudent, vont diront les « tuners » spécialisés, sont livrés avec une immense constance jusqu’au rupteur.

Derrière le volant

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La motricité du train arrière est malmenée par le six-cylindres gorgé de couple, ce qui peut rapidement provoquer du survirage lorsque la direction est le moindrement braquée.

Soutenue par une ergonomie du poste de conduite remarquable, cette Supra décolle avec une aisance naturelle. Lorsque le rythme s’accentue, on constate une expressivité prenante, mais qui force à rester sur nos gardes. La motricité du train arrière est malmenée par le six-cylindres gorgé de couple, ce qui peut rapidement provoquer du survirage lorsque la direction est le moindrement braquée. Les Michelin Pilot Super Sport et le différentiel rendent l’exercice néanmoins prévisible. On dénote de cette sportive une propension à communiquer énormément par son châssis. Celui-ci est réglé pour une conduite sportive sur route avec des éléments suspenseurs actifs qui absorbent bien les aspérités. La voiture est vive et bouge sur ses axes lorsque brusquée, un tempérament attachant. La direction, en contrepartie, se révèle trop isolée de la prestation, mais assure une magnifique précision.

Les technologies embarquées 

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Le système d’infodivertissement de la Supra est fourni par BMW et est contrôlable par une molette ainsi que par l’écran tactile de 8,8 po bien placé.

Il y a bien peu à dire dans ce département, cette Supra préférant se concentrer sur ses manières dynamiques. Un système iDrive de BMW datant de plusieurs années est employé, enchâssé dans un écran tactile de 8,8 po placé sur le haut de la planche de bord. C’est bien loin de la folie des grandeurs visuelles qui s’empare de l’industrie actuellement, chose qu’on apprécie grandement pour une sportive. La réactivité du système en soi est excellente, obtenue tant par voie tactile qu’au moyen d’une molette de contrôle. Un second écran numérique diffuse les données de conduite. Il pourrait être plus paramétrable, mais reste lisible et imperméable aux rayons de soleil qui pourraient gêner sa lecture. La chaîne audio JBL proposée à bord des versions à six cylindres est plutôt terne, montrant rapidement ses limites lorsque les arrangements musicaux sont plus polarisés en fréquences.

Le verdict 

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L’aspect très joueur du châssis fait de cette sportive une voiture pétillante dont on ne se lasse pas, même sur de longs trajets.

Alors, la Toyota Supra sort-elle grandie par l’ajout de la boîte manuelle ? Il ne fait aucun doute. Permettant d’impliquer encore plus le conducteur dans sa conduite avec une couche sensorielle supplémentaire, cette transmission n’est pas qu’une arrière-pensée. Elle se marie harmonieusement avec la grande souplesse du six-cylindres en ligne, au point où l’on se demande pourquoi Toyota ne l’a pas offerte dès sa première année de production. L’aspect très joueur du châssis fait de cette sportive une voiture pétillante dont on ne se lasse pas, même sur de longs trajets, en raison de sa suspension fort bien fignolée. Sans pouvoir la caractériser comme une aubaine dans le sens pur du terme à 70 000 $, son rapport prix-performance est somme toute fort concurrentiel. Si vous aimez conduire, cette Toyota Supra manuelle devrait assurément figurer sur votre liste de prétendantes, car de telles voitures appartiendront bientôt au passé.

Carnet de notes 

Bientôt 45 ans

Pour les collectionneurs, Toyota commémorera bientôt les 45 ans de la Supra avec une édition spéciale dotée d’un becquet arrière ajustable et à tirage limité qui sera offerte seulement en orange.

Un talon-pointe automatisé

Comme bien des transmissions manuelles modernes, cette boîte offre la possibilité d’activer une fonction de synchronisation du régime en rétrogradation pour avoir une conduite sportive plus coulée.

Une automatique fort compétente en parallèle

La boîte automatique à huit rapports ZF de série est aussi bien compétente en raison de sa rapidité et de sa douceur.

Une consommation raisonnable

À 8,9 L/100 km mesurés, le six-cylindres s’est révélée raisonnable sur le plan de la consommation en regard à ses performances.

Un quatre-cylindres en entrée

Toyota offre également en entrée un quatre-cylindres de 2 L turbocompressé (255 ch) faisant baisser la facture à 57 170 $. Moins expressif et moins puissant, il existe surtout pour rendre cette Supra plus accessible financièrement.

Fiche technique 

  • Modèle à l’essai : Toyota Supra Édition A91 à boîte manuelle
  • Moteur : L6 DACT 3 L turbocompressé
  • Puissance : 382 ch de 5800 à 6500 tr/min
  • Couple : 368 lb-pi de 1800 à 5000 tr/min
  • Transmission : manuelle à six rapports avec synchronisation du régime en rétrogradation
  • Architecture motrice : moteur longitudinal avant, propulsion
  • Consommation (ÉnerGuide) : 10,9 L/100 km (essence à indice d’octane 91)
  • Prix (avec options, transport et préparation) : 73 991 $
  • Concurrentes : BMW M2, Chevrolet Camaro, Ford Mustang, Porsche 718 Cayman et Nissan Z
  • Du nouveau en 2023 ? Ajout de la boîte manuelle uniquement offerte avec le six-cylindres
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