Pour Aston Martin, le DBX est devenu une source de revenus essentielle en vue de financer la coûteuse transition vers l’électrique.

Mourir peut attendre

Fondée en 1913, Aston Martin a connu des hauts et des bas. On n’en voudra pas à ses fidèles de ne retenir que le meilleur de cette longue histoire qui plus d’une fois a failli tourner au drame. Jusqu’ici, la marque a survécu, mais pour réussir son virage vers le tout-électrique, elle compte avant tout sur le DBX, un utilitaire, pour mettre la main sur la technologie de Mercedes…

Maserati, Porsche, Lamborghini, bref tout le beau linge de l’industrie automobile a depuis longtemps compris que le marché mondial des voitures sport de grand luxe ne progressera guère dans les prochaines années. En revanche, les utilitaires sport laissent entrevoir des perspectives autrement plus favorables. L’addition de ces véhicules hors normes (pour ces marques, s’entend) permet d’augmenter considérablement la production. Un argument auquel Aston Martin ne pouvait demeurer insensible en raison de la chétivité de sa trésorerie. Mais à cet argument en faveur de la création de cet utilitaire (sa mise en chantier a débuté en 2014) s’en est ajouté un second. Celui d’engranger les sommes nécessaires pour financer la transition électrique. Pour réussir cette conversion, la petite firme britannique pourra éventuellement compter sur Mercedes (celle-ci a une prise de participation dans son capital) et ses développements technologiques. Et plus encore pour la parfumer de son aura puisque l’électrification abolira sans doute en grande partie la supériorité mécanique qu’Aston Martin et consorts imposaient durant le règne du moteur thermique.

  • Avant tout un Aston Martin, le DBX possède l’indéniable élégance de la marque britannique.

    PHOTO FOURNIE PAR ASTON MARTIN

    Avant tout un Aston Martin, le DBX possède l’indéniable élégance de la marque britannique.

  • L’Aston Martin DBX 707 peut atteindre une vitesse de pointe de 310 km/h.

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    L’Aston Martin DBX 707 peut atteindre une vitesse de pointe de 310 km/h.

  • Si l’habitacle fleure bon le cuir véritable, son système d’infodivertissement est malheureusement complètement démodé.

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    Si l’habitacle fleure bon le cuir véritable, son système d’infodivertissement est malheureusement complètement démodé.

  • Malgré la masse que lui confère son identité d’utilitaire, le DBX 707 négocie les courbes avec la dextérité d’une sportive.

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    Malgré la masse que lui confère son identité d’utilitaire, le DBX 707 négocie les courbes avec la dextérité d’une sportive.

  • Le coffre de l’Aston Martin DBX 707

    PHOTO FOURNIE PAR ASTON MARTIN

    Le coffre de l’Aston Martin DBX 707

  • Le véhicule est chaussé de pneus 23 po à taille très basse.

    PHOTO FOURNIE PAR ASTON MARTIN

    Le véhicule est chaussé de pneus 23 po à taille très basse.

  • Le DBX 707 est caractérisé par une poussée énergique sur les cinq premiers rapports.

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    Le DBX 707 est caractérisé par une poussée énergique sur les cinq premiers rapports.

  • La marque ailée a beaucoup investi dans la création du DBX.

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    La marque ailée a beaucoup investi dans la création du DBX.

  • Aston Martin a fait appel à AMG, la filiale sportive de Mercedes, pour animer le DBX. Ce dernier reprend, non sans l’avoir retouché et assemblé, le V8 4 L suralimenté par deux turbocompresseurs.

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    Aston Martin a fait appel à AMG, la filiale sportive de Mercedes, pour animer le DBX. Ce dernier reprend, non sans l’avoir retouché et assemblé, le V8 4 L suralimenté par deux turbocompresseurs.

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Qu’il ait été thermique ou électrique importe peu, le DBX se veut avant tout un Aston Martin. C’est-à-dire une ligne élégante malgré des excroissances un peu trop visibles (le diffuseur arrière, par exemple) dans sa déclinaison 707. C’est aussi un habitacle qui fleure bon le cuir (véritable) et les excentricités. Comme ce sélecteur de boîte de vitesses à boutons-poussoirs (comme chez Lincoln) ou cette tirette intérieure pour soulever le capot du côté passager. Des détails qui font sourire plus que le système d’infodivertissement complètement démodé. Lent, pas très futé (il est nécessaire d’avoir recours à un câble pour activer les fonctions CarPlay et Android Auto). Une aberration pour un véhicule de ce prix. À ce sujet, Aston Martin défile un catalogue d’options à faire frémir. Le blanc satiné (voir nos photos) entraîne un débours de 10 600 $, tandis que la sellerie surpiqûre verte soulagera votre portefeuille de 9200 $ supplémentaires.

Un monstre de puissance

La marque ailée a beaucoup investi dans la création du DBX. L’architecture sur lequel il repose ne servira vraisemblablement jamais à un autre modèle. Un luxe auquel aucun de ses rivaux n’a droit.

En revanche, la petite firme britannique doit faire appel à de l’aide extérieure, en l’occurrence AMG, la filiale sportive de Mercedes, pour animer le DBX. Ce dernier reprend, non sans l’avoir retouché et assemblé, le V8 4 L suralimenté par deux turbocompresseurs. Le suffixe 707 fait référence à la puissance métrique européenne du moteur (707 chevaux), mesure qui équivaut à 98,6 % d’un cheval-vapeur selon les normes nord-américaines. Voilà qui explique les 697 chevaux inscrits dans notre fiche technique. Dix chevaux de plus ou de moins, la force de couple, elle, demeure la même. Le mérite lui revient de catapulter férocement et bruyamment (le voisinage va apprécier tout autant les déflagrations lors des rétrogradages) les quelque deux tonnes de cet utilitaire. La poussée est énergique, mais essentiellement sur les cinq premiers rapports. Les quatre autres veillent, pour leur part, à calmer l’appétit de cette mécanique. Les chiffres chronométrés ne mentent pas : le plaisir d’atteindre la vitesse légale permise sur nos routes en est un de courte durée.

Quant à la vitesse de pointe, n’en parlons pas, elle dépasse l’entendement (310 km/h). Concentrons-nous plutôt sur le dynamisme de son comportement.

Par nature, un utilitaire aussi massif et lourd se prête mal au pilotage. Or, ce modèle a tous les atouts en main pour nous confondre. Il offre l’agrément de conduite d’une sportive pur jus.

Dès que l’on se hisse à bord, rien ne laisse présager que ce salon roulant tendu de cuir peut chatouiller les points de corde des virages avec autant de dextérité. Encore moins de contenir avec autant de fermeté les mouvements de caisse. Alors qu’aux commandes d’autres gros VUS vitaminés, on ressent parfois une forme de pesanteur lors des changements d’appui et une déplaisante sensation d’inertie au freinage, rien de tout cela au volant du DBX. Ce tour de force doit beaucoup au châssis, particulièrement sophistiqué, et au raffinement des équipements électroniques, en particulier le rouage intégral d’une exceptionnelle réactivité. Cette dextérité remarquable s’émousse sensiblement sur des parcours plus tortueux où le DBX apparaît moins remuant, plus empesé ou sur une chaussée mal en point. Les pneus (des 23 po) à taille très basse ont du mal à composer avec les nids-de-poule et les autres crevasses, tandis que la suspension (en mode Race spécialement) secoue vigoureusement la caisse (et ses occupants).

Le DBX 707 impressionne, oui, mais cela n’interdit pas de s’interroger sur le sens qu’il faut donner à un véhicule aussi encombrant, gourmand et exhalant une inavouable quantité de CO2. Car cet Aston Martin est conçu pour des usages largement virtuels ; dans la vraie vie, rarissimes sont ceux qui consentiront à l’amener sur un circuit, seul endroit où il pourra s’exprimer librement.

Consultez le site d’Aston Martin

Aston Martin DBX 707

Prix de détail suggéré

271 400 $

Consommation

15,7 L/100 km

On aime

Exclusivité garantie, cachet inimitable
Tempérament sportif pour peu qu’il y ait de l’espace
Habitacle chaud comme une poignée de main

On aime moins

Système d’infodivertissement suranné
Suspension malmenée par les routes québécoises
Consommation qui incite à lever le pied

Notre verdict

Seulement si vous espérez gagner le gros lot...

Fiche technique

PHOTO FOURNIE PAR AUSTON MARTIN

Grâce au DBX, Aston Martin compte faire en sorte que ses chaînes d’assemblage produisent plus de 10 000 unités par an (tous modèles confondus) d’ici 2025.

Moteur

  • V8 DACT 4 L turbo
  • 697 ch à 6000 tr/min 663 lb-pi de couple à 4500 tr/min

Performances

  • Poids : 2326 kg
  • Accélération (0-100 km/h) : 3,3 secondes
  • Vitesse de pointe : 310 km/h

Boîte de vitesses

  • De série : automatique 9 rapports
  • Optionnelle : aucune
  • Mode d’entraînement : intégral

Pneus

  • Avant : 285/35ZR23
  • Arrière : 325/30ZR-3

Consommation

  • 15,7 L/100 km

Capacité du réservoir et essence recommandée

  • 85 L / Super

Dimensions

Empattement : 3048 mm ; longueur : 5029,2 mm ; hauteur : 1679 mm ; largeur : 1999 mm1

1. Rétroviseurs extérieurs inclus

Aide médicale

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Le DBX se voit confier le rôle de voiture médicale en Formule 1.

Depuis deux ans, Aston Martin a rejoint Mercedes comme fournisseur officiel du Championnat du monde de Formule 1. Outre la Vantage qui agit sur certains Grands Prix en qualité de voiture de sécurité, le DBX, lui, se voit confier le rôle de voiture médicale. Et de laboratoire roulant pour la marque britannique qui précise que les enseignements tirés de ce programme de Formule 1 lui ont permis de peaufiner la réalisation du 707.

La vision du patron

PHOTO FOURNIE PAR AUSTON MARTIN

Lawrence Stroll

Désormais sous contrôle du Canadien Lawrence Stroll, Aston Martin aspire à devenir la Ferrari britannique, rien de moins. Depuis son arrivée, il a noué des contacts encore plus étroits avec Mercedes, revu le plan d’affaires et abandonné certains projets frivoles de l’ancienne administration, dont la création d’un moteur V6 maison. Avec l’aide du DBX, Aston Martin compte faire en sorte que ses chaînes d’assemblage produisent plus de 10 000 unités par an (tous modèles confondus) d’ici 2025. Année où les premiers véhicules électriques de la marque apparaîtront au grand jour.

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La Presse publiera prochainement l’essai des véhicules suivants : Honda Pilot, Kia Niro, Mercedes EQB, Nissan Ariya. Si vous possédez l’un de ces véhicules ou si vous envisagez d’en faire l’acquisition, nous aimerions bien vous lire.

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