Profitant de sa 14e refonte en carrière, le F-150 inaugure une mécanique hybride qui rend instantanément obsolètes les motorisations qui l’animaient autrefois.

Comme partout ailleurs sur le continent nord-américain, le Québec découvre une vocation de véhicule de loisirs, voire familial, à la camionnette. Contrairement à la croyance populaire, la clientèle du F-150 (et de ses semblables) se recrute souvent ailleurs que sur les chantiers de construction.

Depuis (presque) toujours, ses acheteurs, toujours aussi nombreux et loyaux, demandent à la camionnette grand format de Ford de s’améliorer en faisant semblant de rester la même.

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Cette 14e génération du Ford F-150 ressemble à s’y méprendre à la précédente.

Cette 14e génération ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à la précédente. Il faut avoir l’œil de l’aficionado ou encore croire sur parole ses concepteurs, qui prétendent que ce véhicule a été redessiné à 92 %. En fait, disent-ils, seule la structure de l’habitacle et de la benne a été conservée. Au-delà des apparences, il y a l’efficacité aérodynamique. Dans ce domaine, le F-150 réalise des gains importants à l’aide de volets actifs à l’avant et en abaissant l’assiette du véhicule lorsque celui-ci circule à plus de 64 km/h. On note également — c’est plus subtil, je vous l’accorde — un profil plus étudié de la forme supérieure du battant. Ce qui est plus apparent, et plus fâcheux aussi, c’est le redimensionnement des rétroviseurs extérieurs, qui paraissent bien ténus pour une camionnette de cette taille.

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Aux commandes d’un F-150, on se retrouve désormais dans un univers particulièrement cossu. Le tableau de bord, plus fluide, s’est embourgeoisé et modernisé.

La benne, la cabine surélevée et les pneus géants du F-150 lui donnent un air de dur à la tâche. Mais les chromes, les ornements épinglés sur les ailes avant et les marchepieds rétractables trahissent son aspiration à faire battre les cœurs. Mais peu importe la déclinaison, la longueur de la benne ou la taille de la cabine, le F-150 jouit d’une aura incomparable, et sa dégaine y est pour beaucoup. Carré, altier et pourvu d’une généreuse garde au sol (il faut littéralement monter à bord), le F-150 demande — pour un néophyte surtout — beaucoup de temps à configurer tellement le catalogue des options est dense.

D’où l’importance de retenir les services d’un représentant expérimenté, attentif, curieux de vos besoins (actuels ou rêvés) et de votre utilisation avant de passer la commande.

Multitâche

Selon l’utilisation qu’on en fait et le budget dont on dispose, le F-150 n’est pas forcément une camionnette à bord de laquelle on monte sans remords avec ses bottes pleines de boue. Loin de là. La déclinaison Limited (à l’essai) frise aisément les 100 000 $ une fois les taxes comptabilisées.

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L’écran d’infodivertissement est de grande taille ; la convivialité et la rapidité du système d’exploitation ne cessent de s’améliorer.

Les entrepreneurs spécialisés dans le secteur de la construction apprécieront la présence (selon la déclinaison) d’une puissante génératrice interne. Que dire aussi de ce ruban à mesurer moulé à même le battant intérieur.

Cette camionnette se destine également à ceux qui pratiquent activement des loisirs encombrants. Et le F-150, comme tous ses semblables, est aussi parfait pour tracter de lourdes charges.

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La benne, la cabine surélevée et les pneus géants du F-150 lui donnent un air de dur à la tâche. Mais les chromes, les ornements épinglés sur les ailes avant et les marchepieds rétractables trahissent son aspiration à faire battre les cœurs.

Pour le consommateur qui ne pratique aucune de ces professions ou de ces activités, une camionnette de cette taille n’a rien de très raisonnable.

Aux commandes d’un F-150, on se retrouve désormais dans un univers particulièrement cossu. Le tableau de bord, plus fluide, s’est embourgeoisé et modernisé, comme en fait foi la taille de l’écran d’infodivertissement, dont la convivialité et la rapidité du système d’exploitation ne cessent de s’améliorer.

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Les commodités et rangements à l’arrière sont astucieux.

En configuration SuperCrew, cinq personnes peuvent prendre place confortablement à bord et bénéficier de commodités et de rangements (voir photos) astucieux. À cet égard, prenons par exemple ce levier de vitesse que l’on peut enfouir dans la console centrale pour créer une surface plane.

Des économies potentielles

Contrairement à ce que laisse croire notre fiche technique, le F-150 soulève son capot à six motorisations. De ce nombre, la version hybride est celle qui mérite, dans le contexte environnemental actuel, le plus d’attention. Cette mécanique, dont la partie thermique est assurée par un moteur V6 de 3,5 litres suralimenté par deux turbocompresseurs, est non seulement l’une des mécaniques les plus sobres offertes, mais aussi la plus rapide.

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Selon l’utilisation qu’on en fait et le budget dont on dispose, le F-150 n’est pas forcément une camionnette à bord de laquelle on monte sans remords avec ses bottes pleines de boue.

Et, bonne nouvelle, cette motorisation est proposée, moyennant un supplément (entre 2000 $ et 4850 $), sur l’ensemble des F-150 dotés de la cabine SuperCrew. En fait, le seul aspect négatif touche la charge utile de cette motorisation bicéphale. Celle-ci est inférieure à tous les autres moteurs offerts sur le F-150, à l’exception notable du moteur turbodiesel et du moteur V6 de 3,3 litres à aspiration naturelle.

Discret, fougueux (0-100 km/h en moins de 6 secondes), ce moteur hybride s’associe à une boîte automatique à 10 rapports à laquelle se trouve intégré le propulseur électrique. Souple et sans histoire, celle-ci ne s’attire aucune remarque désobligeante. On ne peut en dire autant du freinage. Sur le modèle à l’essai à tout le moins, la faible progressivité de la pédale de freinage rappelait l’époque des premiers véhicules hybrides sur le marché.

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Les entrepreneurs spécialisés dans le secteur de la construction apprécieront la présence (selon la déclinaison) d’une puissante génératrice interne.

Le F-150 fait sans états d’âme l’impasse sur certaines prestations. Puisque le cahier des charges prévoit la possibilité de rééditer les 12 travaux d’Astérix, l’essieu arrière sursaute dès que la chaussée n’est pas parfaitement plane. Cela secoue un peu, mais on s’en remet. Son diamètre de braquage dépasse les 12 mètres, toutes configurations confondues. Dès lors — et ce, malgré le fait que le F-150 ait, selon les options, « des yeux tout le tour de la tête » pour reprendre une expression populaire —, trouver un emplacement pour une telle masse et la garer n’a rien d’une sinécure. Quant à la direction, on lui reprochera une certaine mollesse par rapport à ce que l’on retrouve ailleurs.

D’ici l’avènement d’un F-150 entièrement électrique, la version animée du moteur hybride (chez Ford, on dit PowerBoost) s’annonce comme la transition idéale. Et elle est sans l’ombre d’un doute la plus responsable dans ce segment de marché qui, hier encore, ne jurait que par les grosses cylindrées et le diesel.

Vert pâle

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Le Raptor devrait avoir un moteur de plus de 700 chevaux. Le V8 de 5,2 litres de la Mustang GT500 est pressenti.

Si la version hybride du F-150 est saluée pour sa consommation réduite, cela ne risque pas d’être le cas du Raptor (notre photo). Cette déclinaison musclée du F-150 fera son entrée en scène au cours de la prochaine année avec un moteur V6 suralimenté dont la puissance n’a pas encore été communiquée officiellement. L’offre de Ford apparaît plutôt raisonnable (frileuse, diront certains) face au TRX commercialisé depuis par RAM. N’en croyez rien, la marque à l’ovale bleu confirme qu’elle termine la mise au point d’une version plus puissante pour l’an prochain qui devrait livrer plus de 700 chevaux. Le moteur V8 de 5,2 litres de la Mustang GT500 est pressenti pour animer cette camionnette d’exception.

Le grand test

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Tests effectués avec un Ford F-150 hybride

Le V6 de 3,5 litres hybride a été soumis aux mêmes tests d’endurance que les autres moteurs destinés à mouvoir le F-150. À une différence près. Un nouvel instrument de mesure, ou de torture — c’est selon —, a été créé pour reproduire tous les abus possibles susceptibles d’altérer la durabilité et la robustesse de la batterie au lithium-ion et de son propulseur.

Le Ford F-150 en bref

Fourchette de prix : De 31 729 $ à 86 725 $
Déclinaison à l’essai : Limited SuperCrew PowerBoost
Visible dans les concessions : Maintenant

On aime
Le gros bon sens du moteur hybride
Les astuces intérieures
L’étendue de la gamme

On aime moins
Les sautillements de la suspension perdurent
Le manque de progressivité de la pédale de freinage
La direction lente

Fiche technique

Moteurs :

V6 ACC 3,5 litres suralimenté : 400 chevaux à 6000 tr/min ; 500 lb-pi à 3100 tr/min (optionnel – 2500 $)

V6 ACC 3,5 litres suralimenté hybride (PowerBoost) : 430 chevaux à 6000 tr/min ; 570 lb-pi à 3000 tr/min

Poids : 2502 kg (modèle à l’essai)

Rapport poids/puissance : 5,81 kg/ch

Capacité maximale de remorquage : 5761 kg (V6 Powerboost)

Boîte de vitesses : automatique 10 rapports

Mode d’entraînement : 4 x 4 (Limited SuperCrew)

Pneus : 275/50R20 (Limited Supercrew 4 x 4)

Capacité du réservoir : 116 litres

Essence recommandée : ordinaire

Consommation : 10,7 L/100 km (avec moteur PowerBoost)

Dimensions :

Empattement : 2815 mm, Longueur : 4800 mm (1), Hauteur : 1695 mm (2), Largeur : 1900 mm (1)

1 : Rétroviseurs extérieurs repliés 2 : Dimensions du F-150 SuperCrew 4 x 4

L’avis des propriétaires

Heureux et…

J’ai acheté une camionnette pleine grandeur en 2011, car je n’utilisais pas mon véhicule personnel pour me rendre au travail. Les fins de semaine, ma Mazda 3 Sport 2005 avait presque toujours une remorque attelée derrière et souffrait de plus en plus du poids de cette dernière ! La décision de me procurer un F-150 4 X 4, CrewCab, avec une benne de 6,5 pieds et un moteur de 3,5 litres Ecoboost, a été excellente ! Je le possède encore à ce jour, depuis maintenant presque 10 ans. Très peu à redire sur la qualité et la fiabilité de cette camionnette. Le moteur est tout simplement extraordinaire et satisfait pleinement mes besoins. Je ne tracte pas souvent des charges très lourdes, mais la benne de ma camionnette est toujours bien remplie. C’est juste drôle d’entendre beaucoup de gens me dire que ce moteur n’est pas fiable. Informez-vous ! C’est un moteur très fiable qui apporte un agrément de conduite très supérieur au V8 de 5,0 litres de Ford ou encore aux V8 de la concurrence. Après avoir eu l’occasion de conduire la grande majorité des véhicules concurrents, cela m’a conforté dans mon choix.

— Félix-Étienne D.

… malheureux

J’ai un F-150 XLT 2019 doté du V6 de 3,5 litres. Le camion a 43 000 km au compteur. J’aime bien le confort et l’espace intérieur de cette camionnette. Par contre, la transmission est une aberration sur ce véhicule. Les changements de vitesses cognent lors des accélérations en douceur et en rétrogradant en ralentissant. Plusieurs plaintes au concessionnaire, reprogrammation de la boîte, mais rien ne semble corriger le problème. Très déçu de cette situation qui semble toucher plusieurs véhicules. Il y a une action collective aux États-Unis, mais ici, rien.

— Stéphane R.

Très satisfait

Voici mon avis en lien avec mon nouveau F-150 Lariat doté du moteur V8 de 5,0 litres et d’une benne de 6,5 pieds. [...] J’ai été propriétaire de plusieurs véhicules, mais jamais d’une camionnette. Ancien propriétaire de Volvo, j’ai opté pour un F-150, un rêve, même si mes proches ne jurent que par des GMC. Que de bons commentaires, grand luxe et confort inégalés, plus que Volvo. Plusieurs ajustements (sièges, rétroviseurs, colonne de direction) et une puissance extrême, surtout avec l’option sport. Aptitudes extraordinaires dans les sentiers et bonne capacité de charge de la benne, mais je n’ai pas encore exploité toute la force de remorquage. L’espace intérieur est inégalé et le confort à bord est digne de la classe Affaires des grandes lignes aériennes. Toute la famille est confortable et en sécurité. Au risque de paraître inconséquent, j’écrirai que ce véhicule procure peut-être une trop grande impression de sécurité. Oui, il y a une consommation d’essence plus importante, mais il faut ce qu’il faut. J’ai déjà hâte au prochain F-150 hybride ou tout électrique.

— Christian P.