La cause est entendue. À l'instar d'Audi avec l'A5, Mercedes coiffe son cabriolet de Classe E d'une toile. Reprenant les mêmes dimensions que le coupé éponyme, ce cabriolet attendu sera en mesure de se décoiffer en 20 secondes. Il sera aussi possible de le faire en roulant, à la condition que la vitesse n'excède pas 40 km/h.

Pour assurer le confort de ses passagers, Mercedes innove en proposant un tout nouveau dispositif baptisé Aircap. Celui-ci, qui prend la forme d'un petit volet mobile placé au sommet du pare-brise, est destiné à atténuer les effets de turbulences dans l'habitacle. Cette innovation, à ne pas confondre avec l'Airscarf désormais orientable, qui diffuse de l'air chaud au niveau de la nuque des occupants des places avant, a l'avantage, contrairement au saute-vent généralement utilisée par la concurrence, de ne pas condamner les places arrière. L'idée a du bon et, à l'usage, le dispositif se révèle étonnamment efficace entre 80 et 120 km/h. Les passagers assis à l'arrière sont les premiers bénéficiaires de cette innovation. Ils pourront non seulement entretenir une conversation avec les occupants des places avant sans crier à tue-tête, mais l'Aircap évite aussi à ceux-ci d'arborer une coiffure comme celle de l'humoriste Réal Béland.

 

> Pour voir la galerie complète de la Mercedes CLasse E Cabriolet, cliquez ici.

 

À l'arrêt comme en mouvement, cette Classe E aux hanches appétissantes, et dont les formes ne sont pas sans rappeler la Mercedes Ponton des années 50, impressionne autant que son regard anguleux à quatre optiques séparées. Et comme l'exige la tradition maison, un cabriolet Mercedes ne porte pas d'étoile saillante au bout de son capot. Ici, le symbole de la marque de Stuttgart est placé au milieu de la calandre.

 

Une fois bien calé dans les sièges, on retrouve l'environnement familier des Mercedes avec une large planche de bord où courbes et angles droits se croisent. Dans cet univers luxueux, mais pas ostentatoire, la qualité de certains plastiques détonne, surtout en comparaison avec la sellerie tendue de cuir d'une très belle facture.

 

On se laissera ensuite aller au plaisir (ou à la frustration, c'est selon) de manipuler ce bel objet truffé de plusieurs boutons, d'un système de reconnaissance vocale inutilement sophistiqué et de quelques gadgets comme un détecteur de somnolence ou encore un affichage au tableau de bord du rappel de la limitation de vitesse, lequel, hélas, ne figurera pas sur les modèles vendus au Canada. Dommage! En revanche, d'autres accessoires, tous aussi coûteux les uns que les autres, sont offerts moyennant supplément. On pense notamment aux baquets «multicontours» ou encore au régulateur de vitesse intelligent.

 

Sur le plan de l'ergonomie, on peste contre ce sélecteur de vitesses à impulsion qui n'aime visiblement pas se faire bousculer par une main nerveuse, ou encore cette commande de régulateur de vitesse que l'on confond aisément (et régulièrement aussi) avec celle des clignotants. Et que dire de cette climatisation difficile à régler et dont on ne tire réellement profit de l'éventail des fonctionnalités qu'en se farcissant un chapitre complet du manuel du propriétaire. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

 

Chose certaine, une lecture approfondie du manuel s'impose tout de même pour bien saisir les - trop nombreuses - technologies intégrées à cette voiture. En effet, comment interpréter autrement ce voyant lumineux qui symbolise une tasse de café bien chaude (détecteur de somnolence, il est temps de faire une pause) ou ces vibrations ressenties dans le volant (alerte de franchissement de ligne)?

 

Assez spacieuse, somme toute, malgré une garde au toit limitée à l'arrière, chacune des places de cette Classe E invite à des voyages au long cours. Et les bagages? Pas de souci, le coffre a suffisamment de volume pour ne rien laisser traîner sur le trottoir, le temps d'un week-end... Et la visibilité? Pour le moins étonnante en raison d'une large lunette.

 

 

Plus homogène avec le V6

 

Au Canada, Mercedes commercialisera deux versions, l'une mue par le moteur V6 de 3,5 litres, l'autre par un V8 de 5,5 litres. Peu importe la somme inscrite sur le chèque, seule la boîte semi-automatique à sept rapports entraîne les roues arrière. Pas la peine de fouiller le bureau de votre représentant, l'option 4Matic n'existe pas ici.

 

Selon le constructeur allemand, la consommation du 3,5-litres a été abaissée de 0,7 L/100 km alors que le 5,5-litres ingurgite 1 L/100 km de moins. Les gains peuvent sembler modestes si l'on considère la somme des transformations apportées par les motoristes, lesquelles consistent essentiellement à «couper les vivres» à l'alternateur, à la servodirection et à la pompe de climatisation lorsque ceux-ci ne sont pas sollicités. Pas de coupure automatique à l'arrêt, ni de dispositif désactivant les cylindres, cependant.

 

Après avoir fait l'essai de toutes les versions qui seront offertes au Canada, selon nous, la E350 apparaît le meilleur choix. Son comportement est autrement plus dynamique que la version équipée du moteur V8, qui bénéficie pourtant d'une suspension pneumatique et d'une mécanique au coeur gros comme ça. Les performances globales (accélération et reprises) de la 350 suffisent amplement et son poids inférieur - notamment sur le train avant - lui procure une plus grande agilité, surtout sur des routes sinueuses.

 

Suffisamment musclé à bas régime, ce moteur V6 ne grimpe cependant pas aisément dans les tours, à moins que ce ne soit la gestion «économique» de la boîte de vitesses qui lui délace les espadrilles de la sorte. Naturellement, la tentation est alors très grande d'opter pour le zeste et la musicalité du moteur V8. Robuste et respirant à pleins poumons, ce moteur est cependant desservi lui aussi par la boîte automatique qui enclenche ses rapports avec la même lenteur que grand-mère égrenait son chapelet. Par chance, il est possible de corriger cette lacune en appuyant sur le magique bouton «Sport» qui modifie notamment l'algorithme de la transmission. Du coup, les passages gagnent en rapidité et en sécheresse...

 

Chose certaine, ce cabriolet n'aime pas qu'on le bouscule dans les virages et encore moins de se faire conduire sur des routes sinueuses et étroites à vitesse grand V. D'ailleurs, sa direction distille trop les sensations pour inviter le conducteur à soigner les trajectoires et manque parfois de rappel dans les enchaînements sinueux. Peut-on lui adresser tous ces torts considérant que la clientèle visée associe directement l'agrément de conduite aux joies tranquilles de la conduite à ciel ouvert et n'en a rien à cirer des notions de survirage ou de sous-virage? Assurément pas. Alors, changeons de registre et délectons-nous plutôt de la qualité de son amortissement, de sa stabilité sans faille dans les courbes à grand rayon ou encore de son impeccable silence de roulement. Aucune de ses rivales n'a encore fait mieux dans ces trois domaines. Toutes chahutent plus leurs passagers, d'autres allant jusqu'à froisser quelques vertèbres. À ce chapitre, ce cabriolet de Classe E s'avère le plus confortable dans le cadre d'un voyage au long cours. Prévenante et sûre à conduire, cette quatrième interprétation de la Classe E ne réinvente pas le genre, mais l'améliore un peu.

 

Les frais de transport et d'hébergement ont été payés par Mercedes-Benz Canada.

 

ON AIME

Construction robuste Dispositif innovant Aircap Places arrière décentes

 

ON AIME MOINS

Comportement empesé (V8) Boîte lente

Direction peu communicative

 

CE QU'IL FAUT RETENIR

Fourchette de prix: 67 000 $ à 77 000 $ (estimation)

Frais de transport: 650$ (préparation en sus)

Garantie de base: 48 mois/80 000 km

Consommation obtenue lors de l'essai: nd

Concurrents à surveiller: Audi A5, BMW Série 3, Infiniti G37

Pour en savoir plus: www.mercedes-benz.ca

 

SURVOL TECHNIQUE

Moteur: V6 DACT 3,5 litres

Puissance (ch. à tr/mn): 268 ch à 6000 tr/mn

Couple (li.-pi. à tr/mn): 258 lb-pi à 2400 tr/mn

Autre moteur: V8 DACT 5,5 litres (382 ch.)

Poids: 1790 kg (modèle européen)

Rapport poids/puissance: 6,67 kg/ch

Accélération (0-100 km/h): 6,9 secondes (chrono manuel)

Mode: Propulsion (roues arrière motrices)

Transmission de série semi-automatique: 7 rapports

Autres transmissions: aucune

Direction diamètre de braquage (mètres): Crémaillère nd

Freins (av -arr): ABS, Disque-Disque de série

Pneus (de série): 235/45R17

Capacité du réservoir/essence recommandée: 68 litres/super

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Le V6 apparaît le meilleur choix. Son comportement est autrement plus dynamique que la version équipée du moteur V8.