Ce printemps, Nissan cherche à promouvoir la Sentra au moyen de la SE-R. Laquelle? La question se pose puisqu'il y en a deux. D'abord, la SE-R «normale», avec ses 172 chevaux et sa boîte automatique à variation continue (type CVT). Ensuite la SE-R «Spec V», plus performante encore (200 chevaux) et équipée d'une boîte manuelle. Dans le genre bombe de poche, on trouve certainement plus explosif encore chez les concurrents, mais à quel prix? Sans contredit l'argument massue de cette Nissan proposée à des tarifs attrayants.

Cela dit, des deux SE-R, nous avons eu droit à la plus réservée: celle qui ne compte que deux pédales. L'idée a du bon. Non seulement elle est plus abordable et plus économique à la pompe, mais elle masque habilement l'effet de couple ressenti au volant de la plus puissante (Spec V) qui tend à nous rappeler que les exercices périlleux de la transformation automobile ont longtemps versé dans l'excès. D'ailleurs, les constructeurs généralistes préfèrent, aujourd'hui proposer un soft tuning. Celui-ci ne sera sans doute jamais aussi tendre que celui pratiqué sur la SE-R de base, qui porte plus sur l'esthétique que sur la mécanique.

Derrière les apparences flatteuses et les logotypes, la SE-R n'a rien d'un foudre de guerre. Reconnaissons que plusieurs consommateurs s'en moquent et préfèrent se faire voir au volant d'une automobile au style suggestif plutôt que de collectionner les contraventions. 

 

Esthétiquement parlant, la SE-R ne se démarque pas tellement des autres Sentra. L'oeil avisé remarquera bien sûr le dessin plus agressif des carénages, les jantes de 17 pouces, le label SE-R tatoué sur le couvercle du coffre juste au-dessous de l'aileron et, bien entendu, le bas de caisse qui vous fera dire «tiens, son jupon dépasse». Des transformations très subtiles, reconnaissent les concepteurs de ce modèle qui, du même souffle, ajoutent que c'était justement l'effet recherché. L'objectif, dit-on, était de rehausser les performances de la Sentra, pas de l'affubler d'accessoires m'as-tu-vu.On se glisse aisément dans le «cockpit» de cette Nissan. Ses baquets tatoués d'un monogramme distinctif se révèlent confortables, mais peu enveloppants pour une automobile munie d'un accéléromètre latéral pour mesurer la force «G» encaissée en courbe... Allons, ne boudons pas notre plaisir, cette SE-R a le mérite d'offrir une instrumentation plus complète que les Sentra ordinaires. Idem pour les accessoires de série.

Après avoir procédé aux ajustements nécessaires pour trouver une position de conduite adéquate (hélas! la colonne de direction ne s'articule qu'en hauteur), le moment est venu de faire l'inventaire des accessoires sport de l'habitacle. Ils sont peu nombreux: pédalier métallique, jauges supplémentaires, une paire de palettes au volant pour sélectionner les rapports artificiellement programmés dans la boîte Xtronic à variation continue... C'est à peu près tout. Il y a aussi le bouton M, sur le promontoire central, qu'il faut enfoncer pour activer la sélection manuelle au moyen des ailettes situées de part et d'autre du volant.

Le conducteur appréciera également la disposition des principales commandes, qui se trouvent toutes dans son environnement immédiat. En revanche, déplorons la fragilité de la tirette du capot et l'étroitesse des rangements. Accordons toutefois de bonnes notes à la qualité de la construction et des matériaux.

Quoique d'une contenance inférieure aux Sentra ordinaires, le coffre de la SE-R conserve la même ouverture, ce qui permet un chargement aisé. On regrette cependant que les dossiers ne se rabattent pas pour augmenter le volume et faciliter le transport de longs objets.

Photo: Éric Lefrançois, collaboration spéciale

Du son, pas d'image

L'air, pas la chanson. Voilà la maxime qui vient en tête dès les premiers tours de roue de cette SE-R. Le moteur 2,5 litres ne manque pas de panache, certes, mais entretient ici avec la boîte à variation continue des rapports difficiles. Surtout en phase d'accélération. Quel vacarme assourdissant! Impossible d'entendre si l'échappement pousse une note sportive ou non tellement le moteur paraît étranglé par la courroie de la boîte de vitesse. Pour apprécier ce tandem moteur/boîte, mieux vaut sélectionner manuellement les rapports plutôt que d'entendre pareil tintamarre. Les temps d'accélération et de reprise demeureront les mêmes, mais vous retrancherez bien quelques décibels. Voilà qui est précieux.

Une fois lancée, la SE-R étonne par son confort. Les suspensions absorbent avec une efficacité certaine les irrégularités de la chaussée, et les mouvements de caisse sont généralement bien contrôlés.

Quoique raffermis, les éléments suspenseurs manquent de jambes sur un parcours sinueux. Aussi en déficit d'agilité et d'équilibre dans les enchaînements rapides, la Sentra SE-R incite souvent à lever le pied pour atténuer le sous-virage, et ce, malgré sa monte pneumatique plus adhérente. Sa direction, dont l'assistance électrique a été reprogrammée, offre une meilleure tenue de route que les versions ordinaires, mais inférieure à celle des ténors de la catégorie. Ajoutons son diamètre de braquage élevé qui rend certaines manoeuvres de stationnement pénibles.

Pas très dynamique, le comportement de la SE-R s'inscrit dans la lignée des Corolla XRS et Elantra Touring Sport. Sûre à défaut d'être amusante, la SE-R n'est ni une grande sportive ni un rendez-vous avec le plaisir de conduire. En clair, son étiquette «sportive» est totalement surfaite. Toutefois, compte tenu de son prix, peu de voitures incitent à ce genre de quart d'heure de défoulement qu'elle procure. Pour vous faire plaisir (SE-R Spec V) et plus encore (Volkswagen GTi), vous devrez payer plus cher.

ON AIME

- Prix très compétitif

- Fiabilité éprouvée

- Assemblage soigné

ON AIME MOINS

- Diamètre de braquage

- Niveau sonore élevé

- Identité sportive usurpée

CE QU'IL FAUT RETENIR

- Fourchette de prix : 21 798 $ à 23 198 $

- Prix du modèle essayé : 22 333 $

- Frais de transport : 1 325 $

- Garantie de base : 36 mois / 60 000 km

- Consommation obtenue lors de l'essai : 8,9 L/100 km

- Pour en savoir plus : www.nissan.ca

SURVOL TECHNIQUE

- Moteur : L4 DACT 2,5 litres

- Puissance : 177 ch à 6 000 tr/mn

- Couple : 172 lb-pi à 2 800 tr/mn

- Poids : 1 397 kg

- Rapport poids/puissance : 7,89 kg/ch

- Accélération (0-100 km/h) : 8,31 secondes

- Mode : Traction (roues avant motrices)

- Transmission de série : Automatique à variation continue (CVT)

- Autres transmissions : Aucune

- Direction / diamètre de braquage (mètres) : Crémaillère / nd

- Freins / ABS : Disque / de série

- Pneus (de série) : 225/45R17

- Capacité du réservoir / essence recommandée : 55 litres / ordinaire

Photo: Éric Lefrançois, collaboration spéciale