En 2007, Ford a pris tout le monde par surprise en décidant de cesser la commercialisation de la fourgonnette Freestar. Déçus et paniqués à l'idée de ne pouvoir rivaliser avec la Dodge Grand Caravan, les concessionnaires ont tenté sans succès de convaincre Ford de ne pas abandonner la production de la Freestar.

Pour espérer attirer des clients dans leurs salles d'exposition, il était impératif pour la plupart des concessionnaires Ford interrogés, il y a deux ans, de pouvoir offrir une fourgonnette, si tristounette soit-elle, à leur clientèle.

Stratégiquement, même si la Freestar était difficile à vendre, les concessionnaires pouvaient, au moins, espérer que les acheteurs prennent contact avec eux pour ensuite leur proposer un choix alternatif comme un multisegment (Escape, Taurus X et Edge) ou un VUS (Explorer et Expedition). Mais, comme c'est le marché américain qui dicte les choix de Ford, les grands bonzes américains ont décidé, malgré les pressions des concessionnaires canadiens et québécois, de mettre fin à la production de la Freestar. Un choix qui étonne quand on perçoit Ford comme étant le numéro un mondial des véhicules utilitaires de tout acabit. Surtout, vous en conviendrez, que les solutions de rechange à la Freestar étaient plutôt limitées avant le lancement du nouveau Ford Flex, qui n'oublions pas est arrivé avec un an de retard. Si la bonne humeur est revenue chez les concessionnaires Ford, il reste juste à savoir si le Flex n'arrive pas à un mauvais moment alors que l'économie nord-américaine est (ou sera) frappée, coup sur coup, par une crise pétrolière et une crise financière.

Une vraie solution de rechange?

Les concessionnaires interrogés ne le cachent pas: «Les clients aiment ou n'aiment pas la silhouette cubique du Flex.» Vendu à partir de 35 000$, on s'entend pour dire que le Flex ne peut rivaliser avec les modèles d'entrée de gamme de la Grand Caravan dont le prix débute aux environs de 20 000$ (avec le climatiseur). Pour ce faire, les concessionnaires font pression sur Ford pour obtenir un Flex moins équipé qui peut être vendu sous la barre des 30 000$. Même chose pour le Edge. Somme toute, avec la venue du Flex, il serait surprenant que Ford se ravise et décide dans un proche avenir de ressusciter la fourgonnette. L'an prochain, le Ford Transit devrait faire un malheur. Mais il s'agit essentiellement d'une fourgonnette à vocation commerciale (livraison, service, taxi).

Qui sont les acheteurs de fourgonnettes?

Si Ford semble dire que l'avenir de la fourgonnette est derrière elle, Chrysler tient un autre discours. À vrai dire, les Grand Caravan et Town&Country sont le pain et le beurre de Chrysler. Mais qui sont les acheteurs de fourgonnettes? La clientèle se divise en deux. «Dire que la jeune famille traditionnelle avec des jeunes enfants est la clientèle cible semble stéréotypé, mais demeure néanmoins la vérité. Dans les faits, il n'y a aucun autre véhicule sur le marché qui peut rendre autant de services qu'une fourgonnette, et encore moins la remplacer», affirme Daniel Labre de Chrysler Canada. Pour les mêmes raisons, la fourgonnette est populaire auprès des gens retraités et actifs. «Pour partir en voyage, aller jouer au golf ou faire du ski, se promener avec ses petits-enfants, ou tout simplement pour avoir une bonne vision de la route, les fourgonnettes ont la faveur des retraités», au dire de Daniel Labre. Sans oublier qu'il est plus facile d'entrer et de sortir d'une fourgonnette que d'une berline même étriquée.

Alors que GM cessera la production des Chevrolet Uplander et Pontiac Montana SV6 à la fin de 2009, peut-on penser que la fourgonnette est appelée à disparaître? Du côté des constructeurs japonais et sud-coréens, on dit que non alors que Honda et Toyota se préparent à dévoiler les nouvelles Odyssey et Sienna 2010. Cette année, la grande surprise vient de chez Volkswagen alors que le constructeur allemand introduit la Routan. Élaborée à partir de la plateforme de la Dodge Grand Caravan, les concessionnaires VW sont confiants de voir leur fourgonnette connaître un certain succès. Tout d'abord, il ne s'agit pas d'un nouveau créneau pour Volkswagen qui a déjà commercialisé l'Eurovan jusqu'en 2003. On se rappellera que le prix de l'Eurovan, de 40 000$ à 45 000$, jouait en sa défaveur alors que la nouvelle Routan est disponible sous la barre des 30 000$. Qui plus est, le fait que GM s'apprête à imiter Ford en abandonnant le marché de la fourgonnette traditionnelle devrait permettre à VW de combler le vide laissé par les deux constructeurs américains. Ainsi, Volkswagen se dit confiant de vendre environ 5000 unités par année au Canada et au Québec.