Difficile de ne pas percevoir l'influence «venue d'ailleurs» dans cette carrosserie massive suggérant dynamisme et robustesse. L'évolution est marquée par l'utilisation de larges panneaux de carrosserie soulignés par des lignes tendues.

Si l'Accord n'a pas une personnalité débordante sur le plan du style, c'est donc que la principale caractéristique de cette carrosserie est ailleurs. Le modèle se trouve en effet au sommet du segment des intermédiaires. Beaucoup plus enveloppée que son ancêtre, cette nouvelle Accord est plus longue, plus large et plus haute qu'une Camry ou qu'une Malibu, ses deux compétitrices avouées.

 

De fait, l'Accord tire avantage de ses dimensions supérieures, particulièrement à l'arrière. Cette huitième génération se révèle ainsi plus accueillante encore que sa devancière, que ce soit au niveau du dégagement accordé aux jambes, à la tête, aux épaules ou aux hanches. À l'avant, seul le dégagement pour les jambes (-9mm) écope à la suite de cette refonte de l'habitacle - qui affiche, selon les standards de l'industrie, un volume intérieur de 2860 litres, contre 2766 litres pour la génération précédente.

 

Seul le volume du coffre n'est pas de la fête: il n'a été augmenté que d'un litre pour s'établir à 397 litres. En d'autres mots, c'est sous la moyenne de la catégorie. L'explication tient en partie à ses compas de fermeture, qui empiètent sur un chargement à «ras bord», et à son réservoir d'essence, dont la capacité s'est accrue de 5,3 litres.

 

La décoration intérieure tente de se démarquer de la tristesse des productions japonaises, mais sans succès. D'abord, le dessin tourmenté du tableau de bord gagnerait en beauté (et en relief) avec un traitement bicolore, et la multitude de commandes posées au beau milieu de la console centrale fait désordre. En fait, il faut plusieurs kilomètres pour s'y faire et trouver le bouton qui actionne le dégivreur arrière ou celui qui commande la vitesse de la soufflerie. Toutefois, malgré ses airs sombres, l'habitacle comporte des matériaux de qualité et la finition est irréprochable.

 

Les assises sont confortables, mais, pour une raison inexplicable, les baquets avant du modèle précédent nous manquent. N'étaient-ils pas plus enveloppants et plus confortables? Qu'à cela ne tienne, les «nouveaux» demeurent parmi les plus confortables de la catégorie. La position de conduite n'en est que plus agréable et facile à trouver grâce à une colonne de direction qui se règle aussi bien en hauteur qu'en profondeur. Les espaces de rangement sont assez nombreux, mais hélas pas tous très pratiques.

 

Jusqu'ici, l'Accord n'a rien de bouleversant. Si le prix demandé pour la version EX-V6 2008 est inférieur à celui du modèle 2007, il faut se garder de trouver pour seule explication la volonté de Honda d'ajuster son prix à la suite de l'appréciation de notre dollar. En effet, la climatisation bizone a disparu de la liste d'équipements, tout comme les moulures protectrices, le rétroviseur à coloration automatique et les baquets avant chauffants. En revanche, les acheteurs de cette nouvelle mouture profiteront d'un réglage électrique du support lombaire, d'un témoin électronique de la pression des pneus et d'une chaîne audio plus sophistiquée.

Embourgeoisement

Inutile de se mettre la tête dans le sable: l'Accord ne cesse de s'embourgeoiser. Elle n'est sans doute plus aussi pétillante à conduire ni aussi agile, mais cette Honda est tout de même parvenue à se maintenir au sommet en raison de son homogénéité, de sa valeur de revente et de son image de marque. Alors, comment ne pas décevoir des centaines de milliers de propriétaires d'Accord et s'assurer leur fidélité?

 

Son allure plus cossue semble la prédestiner aux voyages au long cours. Mais en augmentant la taille de l'Accord, Honda n'est pas parvenu à geler la dérive du poids, voire à la réduire, puisque la nouvelle mouture accuse 60 kg de plus sur la balance. Le poids est important, mais la réponse de l'accélérateur demeure aussi vive. Avec les 268 chevaux du V6 3,5 litres à tout le moins. En revanche, cette mécanique déjà en service sur l'Odyssey ne sera pas la plus prisée des consommateurs qui lui préféreront le quatre cylindres. Plus une question de budget que d'économie à la pompe, puisque le 3,5 litres débarque - une première - avec un système de désactivation des cylindres qui lui permet de revendiquer de belles économies.

 

Onctueuse, cette mécanique épouse exclusivement (sur la berline) une vulgaire boîte automatique à cinq rapports, et non six comme plusieurs de ses rivales. Pas de curseur spécifique non plus sur la grille pour engager les vitesses manuellement, ni de palettes au volant. Pas seulement bourgeoise cette Accord, vieux jeu aussi. À défaut de nous permettre de nous amuser un peu, cette transmission a le mérite d'être efficace et parfaitement adaptée à la courbe de puissance du moteur.

 

À la suite de notre première prise en main sur les routes de la Nouvelle-Écosse, l'automne dernier, nous avions été agacés par l'intrusion de bruits de route à bord. Il faut dire que les véhicules essayés lors de cette présentation n'étaient pas parfaitement conformes aux modèles destinés à la grande série. Dans sa forme définitive, l'insonorisation n'apparaît pas aussi déficiente. Sans doute les pneus d'hiver qui chaussaient la voiture y étaient-ils pour quelque chose.

 

Cette précision faite, l'avantage se situe dans le sentiment de sécurité et la filtration au sol que procure cette voiture. Complètement révisées (barres antiroulis, géométrie, ressorts et coussinets), les suspensions ne laissent rien au hasard. Et, bonne nouvelle, la suspension arrière multi-bras (une nouveauté) calme avec succès les trépidations qui entachaient le confort de la précédente. Consentant un léger roulis, l'Accord parvient à combiner agrément et efficacité, sans pourtant verser d'un côté plus que de l'autre.

 

Outre sa rapidité, la direction à assistance variable se montre d'une douceur et d'une précision totales sans laisser percer aucun effet parasite venu des roues avant motrices lors de notre essai réalisé sur une chaussée enneigée et glissante.

Homogénéité

Le point fort de cette Honda reste son homogénéité qui rend le voyage agréable et sûr.

 

Convaincante à plus d'un titre, la nouvelle Accord frise le sans-faute, mais cela ne sera sans doute pas suffisant pour lui permettre d'émerger du peloton.

Et puisque la version hybride de l'Accord ne connaîtra pas de descendance, peut-être que la version diesel promise pour 2009-2010 suscitera l'appétence de la clientèle qui, d'ici là, devra se rendre à l'évidence que cette intermédiaire à la fois raffinée et efficace est de plus en plus placide à conduire.

 

La clientèle est-elle à ce point désintéressée?