C'est presqu'en catimini que l'information a filtré sur le site de la Société de l'assurance automobile du Québec, il y a quelques semaines. Un cours de conduite est dorénavant obligatoire pour les futurs conducteurs de cyclomoteurs qui ne sont pas déjà détenteurs d'un permis de conduire.

Réclamée depuis de nombreuses années par les intervenants du milieu de la moto, cette formation est dans les faits expressément destinée aux jeunes de 14 et 15 ans qui, bon an mal, sont fortement surreprésentés dans les accidents de cyclomoteurs.

 

 

Le cours est constitué de trois heures de théorie et de trois heures de pratique en circuit fermé, au terme desquelles les jeunes doivent réussir une évaluation formative qui leur permet d'obtenir leur attestation de compétence.

 

Une fois cette reconnaissance en main, ils peuvent se présenter dans un bureau de la SAAQ pour faire leur examen théorique et éventuellement obtenir leur permis de classe 6D.

 

Rien de coulé dans le ciment

 

«Pour le moment, on s'en tient à l'examen théorique, mais il n'y a rien de coulé dans le ciment, a indiqué Lise Tourigny, gestionnaire à la SAAQ. Comme pour toutes nos formations, cela pourrait être sujet à modifications, mais pour le moment on considère que c'est déjà beaucoup. Avant, il n'y avait qu'un examen théorique ; on y ajoute maintenant un cours et une période d'évaluation à la fin de la formation.»

 

Le cours a été mis au point dans la foulée du nouveau cours de conduite automobile.

 

On veut tout d'abord sensibiliser les nouveaux conducteurs à adopter une meilleure attitude au volant ou au guidon. Pour le reste, il s'agit de développer les compétences des jeunes, surtout en situation d'urgence.

 

«Je crois vraiment à la formation, affirme André Frenette, instructeur et vice-président de Tecnic Moto Montréal Est. Avant de lancer un jeune dans la circulation avec un cyclomoteur, il faut au moins lui montrer certaines habiletés comme le freinage d'urgence, comment éviter un obstacle, comment aborder une intersection, les virages et, du même coup, lui inculquer certaines notions de sécurité pour lui montrer qu'un cyclomoteur n'est pas une bicyclette et qu'il y a des règles à respecter.»

 

Par contre, aucune formation ne pourra préparer un jeune de 14 ans qui n'a pas la maturité requise pour aller se mêler à la circulation automobile. «On leur enseigne à développer de bonnes aptitudes et de bonnes attitudes, mais ça prend avant tout de la maturité, reconnaît M. Frenette. Il revient donc ultimement aux parents d'évaluer si leurs enfants sont assez responsables pour piloter un scooter.»

 

Malgré le fait que l'on parte de loin après tout, il n'y avait aucune formation obligatoire il y a un peu plus de deux semaines, certains estiment qu'on aurait pu aller encore plus loin. «La SAAQ aurait dû ajouter un examen pratique à l'évaluation théorique, soutient Chantal De Gorgues, présidente de Tecnic Moto Montréal Est. Aussi, je crois que la formation aurait pu être encore plus poussée. Comme parent, cela me rassurerait de savoir que les jeunes vont sur la route pour expérimenter de vraies conditions de circulation. Ça permet de bâtir leur confiance.

 

«En fait, une heure en circuit fermé pour évaluer leurs compétences serait suffisante car les jeunes sont habiles. Je proposerais ainsi deux heures sur la route», ajoute Mme De Gorgues.

 

Avec l'augmentation du coût de l'immatriculation du cyclomoteur, qui est passé de 173 $ à 230 $ en 2010, le prix de la nouvelle formation pourrait-il avoir l'avoir l'effet pervers de décourager certains parents à se rendre chez les concessionnaires?

 

«L'achat d'un scooter dépasse souvent les 2500 $, alors je ne crois pas que 250 $ de plus vont décourager les parents, soutient Mme De Gorgues. Bien au contraire, je crois que le fait que le cours soit maintenant obligatoire va sécuriser certains parents, qui auraient autrement été hésitants de laisser aller leurs enfants sur un scooter.»

 

Les premiers indices du succès du nouveau programme seront connus lors du dévoilement du prochain bilan routier, au printemps 2011.