Une vignette collée sur le pare-brise d'un véhicule neuf à vendre vous informant de sa consommation et de ses émissions influencera-t-elle réellement votre choix? Associations de consommateurs et groupes environnementaux le croient. Les États-Unis imposent cet étiquetage écoénergétique alors qu'au Canada, le vendeur n'a aucune obligation.

L'administration Obama a présenté officiellement mercredi dernier la version définitive de sa vignette autocollante qui informera tout client potentiel sur la consommation d'essence, le coût annuel en carburant et la quantité d'émissions de CO2 de n'importe quel véhicule neuf de l'année modèle 2013 et au-delà. Les performances environnementales du véhicule seront affichées sur une échelle graduée de 1 à 10. Cette vignette obligatoire indiquera également la somme épargnée en cinq ans en essence comparativement à la moyenne nationale, toutes catégories de véhicules confondues - on ne comparera pas simplement un VUS avec un autre VUS, par exemple. La vignette illustrera enfin l'autonomie d'un véhicule propulsé par une source d'énergie alternative (électricité, hydrogène, gaz naturel compressé ou système hybride).

Quel est l'avantage de posséder une telle information dans la salle d'exposition d'un concessionnaire?

«Ces vignettes fourniront d'avance aux consommateurs une information sur les coûts en carburant du véhicule et sur ce qu'ils peuvent épargner. Ils peuvent donc faire un choix éclairé à l'achat d'une nouvelle voiture», a dit par voie de communiqué le secrétaire d'État américain aux Transports, Ray LaHood.

Une telle étiquette sur le pare-brise d'une voiture peut convaincre un consommateur de modifier son achat, ajoute George Iny. «C'est efficace car les consommateurs sont impulsifs, cela peut guider la personne dans son achat», dit le président de l'Association pour la protection des automobilistes (APA).

«L'achat d'une voiture est un geste très émotif. L'étiquetage est une bouée de rationalité face à nos émotions. Il contribuerait à nous éloigner de l'irrationnel», croit Charles Tanguay, responsable des communications de l'Union des consommateurs.

Aux États-Unis, on estime que cette mesure aura d'autres répercussions. «Il va y avoir une extraordinaire pression du marché sur les constructeurs automobiles pour qu'ils fassent des changements», a estimé dans les colonnes d'Automotive News le porte-parole de la Fédération des consommateurs, Jack Gillis. L'État américain met déjà une pression énorme sur les constructeurs avec ses normes fédérales de consommation et d'émissions imposées pour 2016. «L'étiquette, c'est de la poussière comparativement à cela», dit M. Iny.

Sur une base volontaire au Canada

Au Canada, des constructeurs et des concessionnaires donnent ces informations, mais leur affichage repose sur une base volontaire. Elles sont par ailleurs diffusées sur les sites internet du Guide de consommation de carburant, de l'Agence de l'efficacité énergétique ou encore du CAA-Québec.

Les consommateurs canadiens auraient eux aussi tout à y gagner si ce genre de vignettes était obligatoire, croient les associations des consommateurs. Face au comportement irrationnel des automobilistes, l'Union des consommateurs réclame une étiquette standardisée obligatoire sur les véhicules vendus chez les concessionnaires de même que dans les publicités automobiles. Cet étiquetage permettrait alors d'appliquer un programme bonus-malus à l'achat ou à l'immatriculation d'un véhicule, programme qui récompense financièrement les plus écolos en taxant les plus pollueurs.

L'étiquetage écoénergétique est de juridiction fédérale. S'il voit le jour. Malgré la multiplication des démarches en ce sens, l'Union des consommateurs déplore l'absence d'engagement et même de débats à ce sujet.

«Le gouvernement du Canada a tenu des discussions préliminaires avec l'industrie automobile canadienne. Ces discussions vont reprendre maintenant que des décisions définitives ont été prises aux États-Unis», précise Jacinthe Perras, porte-parole du ministère des Ressources naturelles du Canada.