Les autorités américaines ont infligé vendredi une première pénalité à General Motors dans le scandale des rappels tardifs de voitures défectueuses qui empoisonne le constructeur automobile depuis plusieurs mois aux États-Unis.

GM devra verser une pénalité civile «record» de 35 millions de dollars --la plus importante autorisée dans ces procédures-- pour n'avoir pas signalé «des défauts de sécurité (...) dans les délais impartis», ont annoncé le ministère du Transport et l'autorité de régulation des transports (NHTSA) américains dans un communiqué.

«Personne n'est parfait. Mais nous ne pouvons pas tolérer, et nous ne tolérerons jamais, qu'une personne ou une entreprise soit informée d'un danger et ne dise rien», a déclaré le secrétaire aux Transports, Anthony Foxx, lors d'une conférence de presse à Washington.

Premier constructeur américain, GM est depuis plusieurs mois sur le gril pour avoir tardé à rappeler des véhicules produits entre 2003 et 2011 et affectés par un défaut du commutateur d'allumage empêchant les airbags de se déployer.

Au moins 13 accidents mortels, certains datant de plusieurs années, sont associés à cette pièce défectueuse qui vaut à GM d'être par ailleurs visé par une enquête du ministère de la Justice.

Selon le ministre des Transports, le constructeur américain était informé dès 2009 des défauts de certains de ses véhicules mais n'a engagé des rappels massifs de véhicules que depuis le début de l'année. «Si GM avait agi différemment, cette tragédie aurait peut-être pu évitée», a-t-il assuré.

Changements «institutionnels» 

Selon les autorités, qui évoquent notamment le cas de la Chevrolet Colbalt, GM s'est par ailleurs engagé à se soumettre à un «examen sans précédent» de ses procédures de rappels.

Le groupe devra ainsi procéder à des «changements institutionnels» et s'assurer que le remplacement des pièces défectueuses se fasse «rapidement», précise le communiqué qui donne à GM jusqu'au 4 octobre pour accélérer la production des pièces détachées destinées aux réparations.

Le constructeur devra aussi faire en sorte qu'un «maximum» de conducteurs ramènent les voitures défectueuses, notamment en s'adressant spécifiquement à «ceux qui ne sont pas anglophones», ajoute le communiqué.

«Il y a quelque chose qui ne va pas dans la culture de cette entreprise», a déclaré le dirigeant par intérim de la NHTSA David Friedman lors de la conférence de presse.

La patronne de GM, Mary Barra, a aussitôt réagi en assurant que son groupe avait «beaucoup appris» grâce à ses rappels. «Nous allons maintenant concentrer nos efforts sur l'objectif de devenir une entreprise leader en matière de sécurité», a ajouté dans un communiqué Mme Barra qui avait dû venir s'expliquer sur les pratiques de GM devant le Congrès américain début avril.

Depuis son arrivée à la tête de l'entreprise mi-janvier, GM a au total rappelé 10 millions de véhicules et a vu ses bénéfices plombés par une charge de 1,3 milliard de dollars destinée à couvrir le coût des réparations.

Fin avril, le groupe automobile a pour la première fois reconnu qu'il assumerait ses responsabilités «civiles et légales» liées aux accidents. Il a embauché Kenneth Feinberg, un avocat vedette spécialisé dans les indemnisations de victimes.

Au-delà du cas de GM, les autorités américaines ont assuré que les sanctions infligées vendredi devaient servir d'avertissement à l'ensemble du secteur: «Ces pénalités doivent faire comprendre à l'ensemble des constructeurs automobile qu'il y aura une tolérance zéro et qu'il n'y a aucune excuse au fait de ne pas informer le gouvernement fédéral de défauts menaçant la sécurité» des automobilistes, a affirmé M. Foxx.

Mis en cause aux États-Unis en 2010 pour avoir minimisé des problèmes d'accélération inopinée, le constructeur japonais Toyota avait dû rappeler 10 millions de véhicules. Il a accepté en mars de payer une amende de 1,2 milliard de dollars pour échapper à des poursuites pénales du ministère de la Justice.