Donald Trump et le chef de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker, se sont efforcés mercredi de désamorcer la crise née des tarifs douaniers imposés par Washington, annonçant une série de décisions dans l'agriculture, l'industrie et l'énergie dont la portée exacte reste cependant à confirmer.

À l'issue d'une rencontre de plus de deux heures, les deux dirigeants se sont exprimés ensemble devant la presse depuis les jardins de la Maison-Blanche.

Objectif : zéro tarifs douaniers... sauf dans l'automobile

Parlant d'un «grand jour» pour le libre-échange et évoquant une «nouvelle phase» dans les relations entre les États-Unis et l'Union européenne, le président américain a mis en avant leur volonté commune d'aller à terme vers «zéro tarifs douaniers» dans leurs échanges industriels, exception faite du secteur automobile.

Il a par ailleurs assuré que l'UE allait commencer «presque immédiatement» à acheter «beaucoup de soja» aux producteurs américains, et promis de revoir la question des tarifs douaniers américains sur l'acier et l'aluminium européen, qui avait mis le feu aux poudres.

En attendant --pendant les négociations entre Washington et Bruxelles--, aucun nouveau tarif douanier ne sera imposé sur les importations de voitures européennes aux États-Unis, un dossier particulièrement sensible pour l'Allemagne, où ce secteur clé emploie quelque 800 000 personnes. C'est ce qu'a confirmé ce matin le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.

«Nous sommes parvenus à un accord aujourd'hui» (mercredi), a de son côté assuré M. Juncker qui avait souligné, au début du tête-à-tête dans le Bureau ovale que les États-Unis et l'UE, qui représentent la moitié du commerce mondial, étaient des «partenaires proches», des «alliés», pas des «ennemis».

Donald Trump a promis de «résoudre» la question des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium, un enjeu crucial pour les constructeurs automobiles américains. Photo AP

Les titres automobiles remontent un peu

Bien que ces annonces aient été faites après la clôture de Wall Street, des informations de presse avaient filtré avant la fermeture, provoquant une hausse des indices et une remontée des valeurs du secteur automobile, très chahutées durant la journée hier. Elles ont remonté en fin de séance et limité leurs pertes, General Motors perdant finalement 4,64 %, Ford 0,47 % et Fiat Chrysler 11,83 %.

Ces valeurs avaient souffert après des informations de presse évoquant la volonté de Donald Trump d'imposer dès cette année une taxe de 25 % sur l'équivalent de 200 milliards de dollars de véhicules construits à l'étranger. 

De plus, la publication des comptes trimestriels de GM a fait apparaître l'impact du coût plus élevé des matières premières, conséquence des nouvelles taxes sur les importations d'acier et d'aluminium imposées par l'administration Trump.

Le président américain a promis de «résoudre» la question des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium lors de sa prise de parole avec M. Juncker mercredi.

Ce matin à 10 h 45, les titres de Ford et GM repartaient à la baisse -- de 4 % pour Ford, de 1 % pour GM--, tandis que celui de Fiat-Chrylsler était en hausse de 3,6 %.

Le symbole boursier de General Motors apparaît sur un écran du plancher de la Bourse de New York. Photo AP

Après les mots, des actes, dit le secteur auto allemand

Les milieux industriels européens ont estimé jeudi que l'Union européenne et les États-Unis devaient désormais décider de mesures concrètes pour pérenniser la trêve dans les tensions commerciales amorcée la veille à Washington.

«Après les mots, il faut des actes», avertit Dieter Kempf, président de la fédération allemande de l'industriel (BDI) dans un communiqué, tout en saluant «la fin de la spirale d'imposition de nouveaux tarifs sur le commerce transatlantique».

La levée des barrières ne devrait pas s'appliquer au secteur automobile, même si celui-ci a échappé, à la menace récurrente de Donald Trump de subir une hausse des taxes à l'importation.

«Ce signal de désescalade est important (...) Il y a maintenant une réelle chance d'empêcher des tarifs supplémentaires ou même une guerre commerciale entre les États-Unis et l'UE», a réagit dans un communiqué la fédération allemande de l'Automobile (VDA), qui chapeaute ce secteur clé employant quelque 800 000 personnes en Allemagne.

Les constructeurs allemands mentionnent également l'importance de supprimer les «barrières commerciales non-tarifaires», à savoir des réglementations, normes et procédures bureaucratiques qu'elle juge «inutiles» dans les échanges commerciaux entre Européens et Américains.