En février dernier, le ministre de l'Environnement Pierre Arcand a confié que l'inspection obligatoire des véhicules allait être instaurée «très bientôt». Sept mois plus tard, elle se fait attendre alors que de nouvelles données sur l'état des vieux véhicules au Québec confirme la nécessité d'agir.

La plus récente étude effectuée sur des véhicules âgés de 11 à 25 ans montre que 33% d'entre eux dégagent des émissions nocives pour l'environnement et la santé publique.

Plus précisément, dans 42% des cas, l'état général sous le véhicule nécessite un entretien ou une réparation. L'état général sous le capot requiert le même genre d'intervention pour 29% des quelque 600 véhicules scrutés à la loupe au cours de l'été 2010. L'étanchéité du système d'échappement fait défaut dans 28% des cas. Le filtre à air représente un problème pour 28% des véhicules alors que le niveau d'huile est inadéquat pour 25% d'entre eux. Autant de composants qui influencent la consommation énergétique ainsi que l'état des systèmes antipollution de ces véhicules.

Les chiffres de cette étude seraient même quelque peu conservateurs. Puisque les 600 véhicules ont été utilisés grâce à une participation volontaire de leurs propriétaires. Et l'on sait que le problème est criant surtout pour les véhicules de plus de 15 ans.

L'étude a été menée conjointement par la défunte Agence de l'efficacité énergétique et le ministère de l'Environnement du Québec avec la collaboration de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).

Pour l'AQLPA, ces résultats démontrent la pertinence d'instaurer un programme d'inspection mécanique et environnementale obligatoire au Québec. «On sait qu'il y a au Québec un parc automobile gangréné par les émissions polluantes», commente Patrick Bonin, directeur climat-énergie à l'AQLPA.

Le Québec à la traîne

L'Association recommande une inspection tous les deux ans de tous les véhicules âgés de sept ans et plus. Mais le ministère de l'Environnement a plutôt l'intention d'imposer une inspection simplement lors de la revente de tout véhicule âgé de huit ans et plus. Une inspection destinée à vérifier les émissions polluantes, mais pas la mécanique.

Ce débat sur l'instauration d'une inspection ne date pas d'hier. Déjà en 1997, l'AQLPA avait été sollicitée pour se pencher sur le sujet. Pour elle, cette mesure doit absolument figurer dans le Plan d'action 2013-2020 sur les changements climatiques qui sera présenté en mars prochain. «Si elle n'est pas annoncée avant, il faut que la mesure y soit», insiste Patrick Bonin qui souligne que l'Ontario, la Colombie-Britannique ou encore le Nouveau-Brunswick ont un tel programme. Le Québec s'est engagé à réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre sous le niveau de 1990 d'ici 2020.

«Mon collègue Pierre Moreau, nouvellement nommé à titre de ministre des Transports, et moi travaillons activement afin de mettre en place le programme d'inspection. Les discussions vont bon train entre le ministère de l'Environnement et le ministère des Transports», a commenté par courriel auprès de La Presse le ministre Pierre Arcand.

Les autorités gouvernementales ont craint par le passé qu'une telle mesure soit impopulaire. Pourtant, un sondage du CAA-Québec réalisé en 2009 a montré que 82,7% des personnes interrogées étaient favorables à une inspection obligatoire de tout véhicule âgé de huit ans et plus destiné à la revente.