Avec un coeur à huit cylindres et du soleil plein la tête, ce cabriolet de Série 6 de BMW a tout pour plaire. Problème, il ne plaît pas toujours, justement. Est-ce que cela se soigne, docteur?

Excepté la Jaguar XK et la Mercedes SL, il n'y a pas grand-monde pour se frotter à ce qui n'est pas encore une catégorie. BMW, lui, rempile avec cette nouvelle Série 6 et en toute franchise, on se demande un peu pourquoi, considérant le nombre d'unités produites annuellement. Cela semble suffire à la marque de Munich pour passer devant ses concurrents et de s'assurer de la fidélité de sa clientèle.

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Plus élégante, la partie arrière de la nouvelle Série 6 cabriolet efface les traits répulsifs de la précédente génération et met ainsi un terme aux extravagances de l'ex-styliste en chef, Chris Bangle. À l'avant, elle reprend la signature visuelle des récentes créations de la marque et épingle à ses ailes avant deux jolies broches métalliques à la manière des Aston Martin.

La Série 6 cabriolet a grandi par rapport au modèle précédent. Son empattement s'est élargi et sa largeur s'est accrue. Elle s'est alourdie aussi malgré l'usage de matériaux plus légers. Rien à faire, le poids frise les deux tonnes. Seule consolation, la répartition s'approche des masses idéales à 50/50.

Oh, que c'est gros!

Si ce cabriolet se joue de dimensions imposantes, il affiche tout de même son statut avec éclat. La carrosserie est d'une sobre élégance. Derrière la vaste calandre de squale, sous le long capot, le V8 suralimenté de 4,4 litres trouve sa place. Avec une boîte automatique à huit rapports, mais palettes de commandes manuelles au volant, la Série 6 brouille les cartes en alternant entre confort, distinction et sport.

Son habitacle est tendu de cuir et accueillant pour quatre personnes. Enfin presque, puisque les places arrière, joliment moulées, n'offriront d'espace suffisant qu'au prix d'un arbitrage avec celles de l'avant. D'ailleurs, ses concepteurs ne s'en cachent pas: il s'agit bien d'une 2+2. Néanmoins, le voyage à quatre est envisageable, même si le coffre refuse de tout avaler (de 300 à 350 litres). C'est-à-dire que vous pourrez bien sûr vous rendre à votre partie de golf, cheveux au vent, mais sans tous vos bâtons...

 

La présentation apparaît plus soignée que sur la génération précédente. Les accostages sont plus précis, les matériaux plus valorisants pour une auto de ce prix. Mais l'ensemble demeure massif et lourd. Tout comme les baquets avant auxquels les ceintures de sécurité ont été arrimées. Même au volant, on a l'impression d'être un passager!

La console centrale, légèrement incurvée vers le conducteur, rend les commandes plus accessibles, mais les espaces de rangement à bord sont comptés. Le bloc d'instrumentation est parfaitement lisible et seule l'absence d'une jauge de suralimentation chagrinera l'amateur. Dommage également que BMW s'obstine à conserver ce chétif levier de vitesse à la précision douteuse.

La capote en toile se range dans son écrin en 19 secondes, mais en exige 5 de plus pour mettre les occupants à l'abri des intempéries. L'important à retenir: les deux opérations peuvent aussi être déclenchées en roulant, à une vitesse maximale de 40 km/h.

Une GT d'abord

Sur le plan technique, la Série 6 se révèle un savant mélange de Série 7 et de Série 5. Tout le savoir de BMW s'y trouve: affichage tête haute, régulateur de vitesse intelligent, suspension active et correcteur de stabilité électronique. Rien de bien nouveau si ce n'est que tous ces dispositifs ont été revisités par les ingénieurs afin d'en accroître le niveau de sophistication.

Assez pour la technique, l'envie nous tenaille de vous faire partager la conduite à ciel ouvert. Rien de plus simple. Sans déverrouillage pince-doigts ou casse-ongle, ni sécurité fantaisiste, sans même être à l'arrêt complet, vous actionnez une petite manette. Et quelques secondes plus tard, le toit a disparu, sans un bruit.

 

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

La console centrale, légèrement incurvée vers le conducteur, rend les commandes plus accessibles, mais les espaces de rangement à bord sont comptés. Le bloc d'instrumentation est parfaitement lisible et seule l'absence d'une jauge de suralimentation chagrinera l'amateur.

Sous le long capot se cache un costaud V8 à la voix grave et sourde qui vous joue son concert en direct. Un vrai bonheur. D'autant qu'il y a le son, mais aussi l'image, celle d'un décor qui défile à toute vitesse. La Série 6 revendique 250 km/h en vitesse de pointe et un peu plus de 5 secondes pour atteindre les 100 km/h. Des performances qui auraient été plus exceptionnelles encore si BMW avait veillé à réduire le poids de ce cabriolet.

La transmission qui l'accompagne, une semi-automatique à huit rapports, est, selon les réglages sélectionnés, rapide ou lascive. Entièrement informatisée, elle n'est pas avare de sensations. Surtout si l'on adopte les paramètres sportifs proposés par le système «I drive» contrôlé par cette molette métallique plantée au pied de la console.

Malgré son encombrement important - impossible de détecter les extrémités de l'auto - , ce cabriolet se montre très agréable. Il se place facilement sur la trajectoire et aime passer d'une courbe à l'autre si on lui laisse le temps de le faire. Le brusquer ne sert à rien. L'inertie générale demande plus de force au volant pour positionner ce châssis rigide, mais paresseux. Mais sur voies rapides, c'est un véritable régal de se retrouver en appui, au coeur d'une grande courbe. Qualifier la Série 6 de stable est un euphémisme: une fois placée, elle ne déviera pas de sa trajectoire, quel que soit le tracé de la chaussée. Les suspensions fermes font très bien leur travail et sauvegardent un minimum de confort. En revanche, la direction offre un toucher de route un brin artificiel et procure une désagréable sensation de lourdeur.

Destiné aux amateurs de bronzette fortunés, la Série 6 impose sa classe, offre une belle efficacité au quotidien et une puissance contenue qui peuvent effectivement charmer. Mais puisque la Série 6 est avant tout un vecteur d'image pour la marque allemande, nous préférons attendre la version M (pour Motorsport) qui promet d'être plus en adéquation avec la nature de ce modèle, ou encore le coupé, plus léger.

CE QU'IL FAUT RETENIR

Prix: 106 800$

Frais de transport et préparation: 1 995 $

Version essayée: Cabriolet 650i

Garantie de base (mois/km): 48 mois/60 000 km

Consommation obtenue dans le cadre de l'essai: 12,4 L/100 km

Pour en savoir plus: www.bmw.ca

SURVOL TECHNIQUE

Moteur: V8 DACT 4,4 litres Turbo

Puissance: 400 ch à 5500 tr/min

Couple: 450 lb-pi à 1750 tr/min

Poids (kg): 2056 kg

Rapport poids-puissance: 5,14 kg/ch

Mode: Propulsion (roues arrière motrices)

Transmission de série: Semi-automatique 8 rapports

Transmission optionnelle: Aucune

Direction/Diamètre de braquage: Crémaillère/11,7 mètres

Freins: Disque/Disque

Pneus: 245/35R20

Capacité du réservoir (L)/essence recommandée: 70 litres/Super

NOUS AIMONS

> Superbe Grand Tourisme

> Technologie de pointe

> Moteur impressionnant

NOUS AIMONS MOINS

> Sensation inerte de la direction

> Encombrement et poids

> Purement estival

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

La Série 6 revendique 250 km/h en vitesse de pointe et un peu plus de 5 secondes pour atteindre les 100 km/h. Des performances qui auraient été plus exceptionnelles encore si BMW avait veillé à réduire le poids de ce cabriolet.