Si vous avez déjà fait un 180 degrés à haute vitesse sur la route, et que vous lisez ces lignes aujourd'hui, vous savez que vous êtes un chanceux: la plupart des gens qui en font un n'ont pas la chance d'en faire un deuxième.

Mais la société de l'assurance automobile de Colombie-Britannique a invité les jeunes de la Côte Ouest à susciter des «180 degrés» d'un autre genre, chez leurs concitoyens du même groupe d'âge. L'Insurance Corporation of BC (c'est le nom de leur SAAQ) a invité les jeunes à tourner des vidéos sur les excès de vitesse, la conduite en état d'ébriété et sur l'usage des téléphones au volant.

L'ICBC voulait de très courts métrages parlant vrai, assez persuasifs pour convaincre les jeunes conducteurs à risque de «faire un 180 total» et de modifier leurs comportements. Durée maximum du clip? 180 secondes, bien sûr...

Ce régime d'assurance automobile public, semblable à celui du Québec, estimait que des publicités tournées par des jeunes (19 à 25 ans) s'adresseraient probablement aux jeunes dans un langage et un registre plus authentique et plus convaincant qu'une pub tournée par une agence. «Nos statistiques montrent que les jeunes sont impliqués dans un nombre disproportionné d'accidents», explique l'ICBC. L'affirmation est vraie au Québec aussi et partout au monde où on tient des statistiques sur les accidents de la route et la démographie des accidentés.

L'ICBC note qu'à chaque année, environ 2400 jeunes conducteurs ont des accidents impliquant l'excès de vitesse, tandis que 1500 jeunes conducteurs en ébriété ont des accidents. L'assureur public estime qu'on multiplie par quatre les risques d'accidents en utilisant un cellulaire ou un GPS au volant.

Signe des temps, l'intention première de l'ICBC n'est pas de diffuser les clips à la télé: «Nous pensons que la communication entre pairs (surtout via les medias sociaux) est une façon efficace de rejoindre les jeunes adultes. Cela complémente bien nos campagnes de sécurité routière», a dit Kate Pasieka, de l'ICBC. Une certaine diffusion à la télé n'est pas exclue, mais s'il y en a une, il faudra envisager de les couper à 30 secondes.

La réponse du public a été telle que l'ICBC a organisé une diffusion publique des 124 meilleures vidéos reçues, doublée d'une soirée genre «gala des Oscars» où un jury a désigné des gagnants dans trois catégories.

Vous pouvez voir de nombreux vidéos en cliquant ici.  Plus de 110 000 visionnements avaient été enregistrées, avant même que le gala n'ait lieu, le 9 mars.

La Colombie-Britannique a un secteur des services cinématographiques assez développé et Vancouver est souvent considérée comme une annexe de Hollywood pour ce qui est des tournages. C'est ce qui explique pourquoi certaines des vidéos sont de qualité quasi professionnelle. «Plusieurs des vidéastes sont des étudiants en cinéma ou des diplômés récents; seulement deux travaillent dans l'industrie», dit Mme Pasieka, qui ajoute que la majorité des autres sont des étudiants universitaires dans divers domaines, mais passionnés d'audio-visuel.

D'ailleurs, le premier prix était une caméra numérique haute définition professionnelle et des logiciels de montage.

D'autres vidéos sont plus évidemment l'oeuvre d'amateurs talentueux, dont l'exécution est tout de même très authentique.

Aucune ne vous aidera à dormir le samedi soir si vous êtes le parent de jeunes en âge de conduire.