La reprise des ventes d'automobiles a des effets pervers aux États-Unis. Les concessionnaires n'arrivent pas à répondre adéquatement à la demande, car ils n'ont pas suffisamment de véhicules en stock. Et quand ils en ont, ce ne sont pas toujours ceux qu'il faudrait. «We want cars!» clament-ils. Au Canada? Pas de pénurie de ce genre. Du moins, dans l'immédiat...

Ravis de voir les clients se présenter en nombre mais frustrés de ne pas avoir les bons véhicules à leur offrir, les concessionnaires américains rongent leur frein. Au point où certains commercent entre eux. Quand ils n'en sont pas réduits à attendre les voitures. Tout simplement.

Pris de court par la reprise des ventes, les constructeurs font face à un problème particulier. Leurs fournisseurs n'arrivent pas à suivre la cadence. Les pièces détachées viennent à manquer. Certains modèles ne sont pas disponibles. La récession a laissé beaucoup de joueurs sur le carreau et ceux qui ont subsisté ne peuvent répondre rapidement aux besoins actuels du marché. Et le marché, c'est une chaîne qui va du fournisseur de pièces détachées au concessionnaire en passant par le constructeur. Exemple type des difficultés rencontrées, Ford est capable d'équiper ses F-150 d'un moteur V8, mais ne peut fournir autant de V6 en raison d'un manque de pièces. Autre exemple, Hyundai ne peut répondre à la demande en Santa Fe dans ses versions Limited et AWD à cause d'un manque de roues de 18 pouces...

La conséquence au quotidien est simple : « On peut perdre des clients à la recherche d'un produit précis. Ils vont aller voir un concurrent d'une autre marque », témoigne Richard Gauthier, président de la Corporation des associations de détaillants d'automobiles (CADA) du Canada.

Mis à part certains modèles qui peuvent être victimes de leur popularité, le marché canadien n'est pas aux prises avec une telle pénurie.

« Le marché canadien a été relativement stable et n'a pas chuté autant qu'aux États-Unis en 2008 et 2009. La crise a été moins sévère, c'est presque le même rythme de production. La capacité à avoir des produits n'est pas touchée », explique Richard Gauthier qui ajoute que la production est fournie distinctement entre les États-Unis et le Canada.

Une pénurie de modèles reste néanmoins possible cette année, prévient M. Gauthier. Si jamais la reprise devenait de plus en plus forte aux États-Unis, les constructeurs devront fournir en priorité les concessionnaires américains.

Ces derniers souhaitent d'ailleurs pouvoir anticiper les tendances du marché de manière de plus en plus précise et rapide. Ce qui résoudrait également les problèmes de distribution, croient-ils. « Les prévisions sont toujours établies en fonction des ventes historiques, rappelle Richard Gauthier. Pour un nouveau produit, on anticipe la popularité de celui-ci. » Pas aisé à faire.