BamBoo, l'auto qui fantasme sur Brigitte Bardot et la production de masse (VIDÉO)

On vous a déjà mentionné la voiture de plage Bamboo, que le préparateur suisse Rinspeed semble avoir imaginée pour désennuyer la jeunesse dorée qui s'encanaille sur la Côte d'Azur et dans toutes les destinations-soleil où papa peut envoyer une traite bancaire.

À la mi-janvier, Rinspeed avait diffusé des dessins. Voici des photos, une vidéo et quelques détails de cet engin qui ne risque pas, à première vue, d'être le plus pertinent du Salon de l'auto Genève, qui s'ouvre dans deux semaines.

Mais les informations diffusées par Rinspeed montrent aussi des ambitions industrielles sérieuses. Rinspeed, un préparateur d'autos de luxe qui fait une auto à la fois, veut se lancer dans la production de masse et fabriquer le BamBoo en série.

«Oui, cette voiture goûte l'été, la plage et le sable. C'est l'évocation de la légèreté et de l'insouciance des latitudes du Sud, une réminiscence des années 60, du Sud de la France et de Saint-Tropez» , lit-on d'abord dans le communiqué d'un lyrisme débordant qui a sûrement plus de résonnance chez les baby-boomers (la génération qui signe les chèques) que chez les leurs enfants.

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En fait, au premier coup d'oeil, la BamBoo évoque surtout une voiturette de golf. Mais Rinspeed dit qu'il faut l'imaginer conduite «par Brigitte Bardot et le playboy Gunther Sachs en route vers la plage de Tahiti». C'est la deuxième fois que la compagnie de Frank Rinderknecht fantasme sur la Brigitte Bardot des années 60. C'était l'époque où elle chantait les chansons de Serge Gainsbourg et tournait Viva Maria!, avant l'époque moins légère du militantisme contre la chasse aux phoques.

Toit parasol gonflable et coussins-flotteurs

Tout n'est pas rétro dans ce véhicule tout électrique fait pour la plage mais homologué pour la conduite sur la voie publique: il y a des gadgets un peu farfelus comme l'écran DEL à la place de la calandre, pour écrire des messages aux autres automobilistes ou aux passants. Le toit gonflable, plus parasol que parapluie, se détache de l'auto et peut servir de matelas de bronzage, sur la plage. Les coussins des sièges arrière sont des flotteurs qu'on peut apporter à la mer. On n'arrête pas le progrès.

Ce sera une traction avant tout électrique mue par un moteur allemand de 54 kW (72 chevaux-vapeur) sans prétention sportive (0-50 km/h en 5 secondes...) mais capable de parcourir 105 km à 90 km/h, grâce à un ensemble de batteries lithium-ion. Rinspeed est un préparateur qui vend aux riches et aux fils de riches, elle promet bien entendu un équipement de luxe, dont un système de connectivité aussi performant que les SYNC, Entune et OnStar de ce monde et un système de son de qualité studio. Il y a un PC et un socle d'iPhone dans la fausse boîte à gants.

Elle est électrique et se présente comme écologique. Elle s'appelle BamBoo (bambou, en anglais) parce que le tableau de bord et plusieurs éléments de décoration intérieure seront faits non seulement de plastiques, mais aussi de bambou, un bois léger et durable. Le blogue Car M.E. a posé la question rhétorique suivante: «Que se passera-t-il si on stationne une BamBoo à côté d'une Fiat Panda?»

Même concepteur que la sQuba de James Bond

Rinspeed présente des voitures-concepts à presque tous les Salons de l'auto de Genève. Elles ont souvent un lien avec le cinéma est sont généralement beaucoup plus osées que la BamBoo, en terme de technologie. La deux-places sous-marine sQuba, inspirée d'un gadget imaginé dans un film de James Bond, avait fait sensation au Salon de Genève de 2008. Contrairement à l'accessoire de Roger Moore dans The Spy Who Loved Me, la sQuba fait pour vrai tout ce que la voiture du film faisait seulement par animation et trucages.

Frank Rinderknecht a ses manies et les communiqués de sa compagnie sont invariablement tape-à-l'oeil et m'as-tu-vu, mais cet ingénieur inventif et authentique gars de chars a le don de flairer un certain air du temps... et ce qui se vend.

Rinspeed rêve de production en série

Cette fois, l'insistance de Rinspeed au sujet de la BamBoo est plus intéressante que la voiture elle-même. La compagnie cherche à changer son modèle d'affaires. Au lieu de seulement vendre des préparations exotiques, souvent des pièces uniques destinées aux millionnaires, Rinspeed ambitionne de produire la BamBoo en série. Soit en collaboration avec un fabricant, soit toute seule en devenant une vraie compagnie industrielle. Elle ambitionne de vendre sa voiturette de luxe partout au monde où il y a des gens aisés en vacances et des plages.

Rinspeed ne sera jamais General Motors, mais elle sera peut-être un petit constructeur automobile de petite série dans un créneau aux marges de profit élevées.

Et les enfants de millionnaires n'auront pas besoin de prendre de taxi pour aller de la plage à la boîte de nuit. Ça nous fait cette inquiétude-là en moins.