Les trois constructeurs automobiles américains, qui ont opéré un spectaculaire retournement, vont revenir en position de force au salon de l'automobile de Detroit deux ans après la crise profonde qui a vu deux d'entre eux faire faillite.

Accumulant des années de pertes, d'endettement colossal et de parts de marché cédées à leurs concurrents asiatiques, General Motors (GM), Ford et Chrysler se sont retrouvés à genoux en 2009.

GM et Chrysler ont dû passer par le dépôt de bilan la même année, évitant une mort définitive grâce à des dizaines de milliards de dollars d'aides gouvernementales.

Aujourd'hui, après avoir taillé dans leur coûts, remanié leurs équipes dirigeantes et repensé leurs produits, GM et Ford ont renoué avec les bénéfices, GM s'offrant même en novembre la plus grosse levée de fonds jamais vue lors d'une entrée en Bourse.

Le «petit poucet» de Detroit, Chrysler, qui n'avait même pas tenu de conférence de presse l'an dernier au salon de l'automobile parce qu'il n'avait aucun nouveau modèle à présenter, prévoit lui de revenir dans le vert cette année et d'entrer en Bourse au second semestre. Il est parvenu à augmenter sa part de marché l'an dernier et présentera deux nouveaux modèles au salon.

Quant à Ford, qui a évité le dépôt de bilan au prix d'un très fort endettement, il a repris la deuxième place du marché américain en repoussant le japonais Toyota, leader mondial, à la troisième place, avec un bond de 19% de ses ventes sur l'année.

«L'humeur du salon devrait être beaucoup plus festive et les prévisions beaucoup plus optimistes», remarque Jeff Schuster, analyste du cabinet JD Power.

Après avoir lourdement chuté à partir de fin 2008, les ventes aux États-Unis ont rebondi de 11% l'an dernier, à 11,6 millions de véhicules.

Les constructeurs tablent cette année sur 12,5 à 13,5 millions d'unités vendues, même si ces niveaux restent très en deçà des 15 à 17 millions observés en moyenne avant la crise.

Si les trois constructeurs de Detroit «parviennent à gagner de l'argent à ces niveaux de ventes déprimés, cela signifie que les choses ont profondément changé», fait valoir David Cole, président du Center for Automotive Research, ajoutant qu'à «13, 14, 15 millions d'unités, ce secteur va devenir extrêmement rentable».

La concurrence reste toutefois intense. Une quinzaine de constructeurs mondiaux seront présents au salon de Detroit, et 30 à 40 modèles devraient faire leur sortie mondiale.

L'attention sur les voitures «vertes» - électriques, hybrides ou compactes - restera forte alors que les constructeurs remanient leur portefeuille de produits pour adhérer à des critères d'émissions de CO2 plus stricts.

Toyota présentera une nouvelle version de sa voiture hybride étoile, la Prius.

GM lancera sa nouvelle voiture compacte, la Chevy Sonic, ainsi qu'une nouvelle Buick compacte, la Verano, et exposera sa voiture hybride à rechargement Volt.

Les fans de voitures de luxe ne seront pas en reste. Porsche sera de retour, après une absence de quatre ans, avec sa nouvelle Spyder. BMW exposera plusieurs nouveautés dont la 650i décapotable.

Volkswagen présentera sa berline NMS, un modèle très attendu pour sa stratégie visant à ravir à Toyota la place de numéro un mondial.

Le salon international de l'automobile d'Amérique du Nord (NAIA) sera ouvert au public du 15 au 23 janvier. Une journée de présentation à la presse est prévue lundi.