Le géant japonais de l'automobile Toyota a annoncé jeudi le rappel de 75 000 véhicules en Chine de même qu'un nombre indéterminé en Europe en plus de cibler un million de voitures supplémentaires aux États-Unis à cause d'un défaut technique à la pédale d'accélérateur, entraînant un nouveau plongeon de son cours de Bourse.

Le rappel de voitures en Chine, révélé jeudi par l'agence de presse Kyodo, n'a pas encore été confirmé par Toyota. En Europe, le constructeur nippon n'a par ailleurs pas précisé ni le nombre de véhicules, ni les modèles, ni les pays concernés, se contentant d'indiquer qu'il communiquerait directement avec les propriétaires de voitures.

 

Le rappel est dû à un défaut de conception de la pédale d'accélération, qui peut rester bloquée en position enfoncée. Ce même problème a déjà entraîné le rappel de 2,3 millions de véhicules aux États-Unis.

 

Également jeudi, Toyota a annoncé le rappel de 1,093 million de véhicules supplémentaires aux États-Unis en raison d'un autre défaut technique, un problème dans le tapis susceptible de provoquer le blocage de l'accélérateur.

Quelque 4,2 millions de Toyota et de Lexus avaient déjà été rappelées l'automne dernier pour régler ce même problème. Mais «Toyota a décidé d'inclure certains nouveaux modèles dans cette campagne», a expliqué le constructeur.

 

Les cinq modèles concernés sont les Corolla, Venza, Matrix et Pontiac Vibe produits en 2009 et 2010, et les Highlander produits entre 2008 et 2010. L'extension du rappel, qui était déjà le plus important de l'histoire de Toyota, porte donc à 5,3 millions le nombre de véhicules concernés.

 

Mardi, Toyota avait par ailleurs annoncé qu'il suspendait la production et la vente aux États-Unis de huit modèles affectés par l'autre problème, celui concernant la pédale d'accélérateur elle-même. Quelque 2,3 millions de véhicules Toyota ont été rappelés pour ce nouveau dysfonctionnement, dont 1,7 million avaient déjà dû retourner chez le concessionnaire l'an dernier pour faire réparer le défaut du tapis. La pédale défectueuse, fabriquée en Ontario par un équipementier américain, n'est pas installée sur les voitures vendues au Japon, a précisé un porte-parole du groupe. Aucun arrêt de production n'est par ailleurs prévu en Europe, où les véhicules actuellement assemblés sont dotés de pédales d'un nouveau modèle.

 

Les rappels massifs et la suspension de la production et des ventes aux États-Unis, une mesure sans précédent, constituent un sérieux revers pour Toyota, qui s'est hissé en 2008 au rang de premier constructeur automobile mondial, mais qui traverse une très mauvaise passe financière. À la Bourse de Tokyo, l'action Toyota a chuté de 3,91% jeudi à 3560 yens. Au cours des cinq dernières séances, le titre a dévissé de plus de 15%.

 

Selon Shigeru Matsumura, analyste chez SMBC Friend Securities, les rappels «ont terni la réputation de qualité de Toyota, qui est à la base de sa force. Cela donne une nouvelle chance aux constructeurs comme General Motors», a-t-il estimé.

 

L'agence de notation financière Fitch Ratings a fait savoir qu'elle envisageait d'abaisser la note de la dette à long terme de Toyota qui est actuellement de «A+», la cinquième meilleure sur une échelle de 22.

 

Toyota était, jusqu'en novembre 2008, le seul constructeur automobile du monde à jouir de la prestigieuse note «AAA» réservée aux émetteurs d'obligations présentant les meilleures garanties de remboursement. Ses difficultés économiques liées à la crise mondiale ont cependant entraîné des dégradations en série depuis lors.