En 1967, Pierre Trudeau a décrété que l'État n'a pas de place dans les chambres à coucher de la nation. Mais en 2009, a-t-il une place dans les chambres à air de la Californie?

Aux États-Unis, un enjeu qui a brièvement dégonflé la campagne présidentielle de Barack Obama, durant la dernière campagne présidentielle rebondit en Californie, ou des hauts fonctionnaires veulent réglementer la pression des pneus afin de réduire la consommation d'essence des véhicules routiers.

Une agence gouvernementale qui s'appelle --sans blague-l'Air Resources Board de Californie, a adopté jeudi une résolution obligeant les garages de mécanique à vérifier la pression d'air des pneus à chaque visite d'entretien. Les fonctionnaires de l'air vont maintenant rédiger des règles détaillées, qui entreront en vigueur en juillet 2010.

Si tous les automobilistes californiens gonflaient bien leurs pneus, il en résulterait une économie de 75 millions de gallons d'essence et de 700 000 pneus, estiment les gourous du caoutchouc de l'Air Resources Board.

L'été dernier, durant la campagne présidentielle, les Républicans se sont moqués du candidat démocrate Obama, qui avait affirmé que garder ses pneus gonflés à la bonne pression économiserait de l'essence et devrait faire partie d'un plan de conservation énergétique.

L'équipe électorale républicaine chargée de la campagne du candidat John McCain s'était empressée de distribuer aux journalistes des jauges à pression sur lesquelles était imprimée «Plan énergétique d'Obama ». John McCain avait dégonflé l'affaire deux ou trois jours plus tard, en se disant parfaitement d'accord avec Obama et sur l'impact énergétique de la pression des pneus.

Le ministère américain de l'Énergie estime que gonfler ses pneus à la bonne pression peut réduire de 3,3 % la consommation d'essence. Le ministère recommande aussi de changer les filtres à air sales et de ne pas rouler avec plein d'objets inutiles dans la malle arrière, mais ni Obama ni McCain n'ont abordé ces sujets controversés durant la campagne.

Messies du PSI

En Californie, les hauts-fonctionnaires de l'Air Resources Board ne rigolent pas avec la vérification régulière des pneus. Ces missionnaires de la pompe à air espèrent même que leure initiative mettra de la pression sur les responsables fédéraux et des autres États américains.

Les members de l'Air Resources Board ont enjoint le ministère américain de l'Environnement à adopter un règlement fédéral semblable, à l'échelle nationale. « Nous indiquons la voie non seulement au pays, mais au monde entier », a déclaré .le directeur du Air Resources Board, James Goldstene, vraiment pompé.

Son organisme estime que plus de la moitié des véhicules personnels immatriculés en Californie roulent sur des pneus modérément ou gravement sous pressurisés. Des pneus mal gonflés augmentent inutilement la consommation d'essence des voitures et les rendent plus polluantes. De plus, ils sont dangereux, puisqu'ils peuvent éclater à haute vitesse.

 

La résolution sur la pression des pneus adoptée jeudi par l'Air Resources Board fait partie d'une des neuf initiatives environnementales de la Californie, qui a adopté en 2006 une loi proche du Protocole de Kyoto, l'obligeant d'ici 2020 à réduire d'un tiers ses émissions de gaz à effet de serre,soit au niveau de 1990.

La mesure a obtenu l'appui de diverses associations de mécaniciens et d'exploitants de garages, qui regroupent 40 000 membres.

Mais Pamela Williams, vice-présidente de l'Association des détaillants de Californie, trouve que l'Air Resources Board exagère en voulant imposer l'achat de manuels et d'équipement sophistiqué pour verifier la pression des pneus. De l'aveu même des fonctionnaires, le coût total des mesures envisagées, pour l'industrie, serait d'environ 100 millions de dollars par année, en main d'oeuvre, en équipement et en manuels.

Williams note que n'importe quel garage offre déjà ce service gratis et que ces nouveaux coûts seraient vraisemblablement refilés aux consommateurs.

Ses mises en garde semblent avoir eu de l'effet : l'Air Resources Board s'est engagé à réévaluer certaines mesures envisagées, comme l'obligation d'acheter des jauges high tech à 25 $ et des manuels de pressurisation des pneumatiques à 50 $. «Ce n'est pas comme si on voulait envoyer quelqu'un dans l'espace, dit Mme Williams. On parle de mettre de l'air dans un pneu.»