Un concessionaire GM de Montréal voit une occasion d'affaires en or dans les coupes sombres annoncées mardi dans le plan de survie de General Motors. Faire partie d'un rachat de la marque Saturn par les concessionnaires.

«GM a donné un délai pour recevoir une proposition d'achat qui serait montée par les concessionnaires américains, affirme Jean-Claude Gravel, de Gravel Auto, qui s'attend à ce que les 60 concessionnaires Saturn canadiens soient aussi sollicités si cette idée lève : «Je n'ai pas encore été approché, mais si on me demande : es-tu acheteur ?

Oui, je suis acheteur».

Dans son énoncé présenté au gouvernement américain, GM a annoncé son intention de laisser aller ses divisions Saturn, Saab et Hummer. Le président de GM, Rick Wagoner, a assuré que Saturn continuera durant les prochaines années, au moins d'ici la fin de cycle de tous les modèles existants. «D'ici là, si les détaillants Saturn ou d'autres investisseurs présentent un plan d'achat, GM se déclare ouverte à une proposition», a dit M. Wagoner par communiqué. S'il n'y a pas de transaction, GM va fermer Saturn à la fin du cycle des modèles existants.

M. Gravel pense que ce serait une bonne occasion. Cela étant, il s'attend plutôt à ce que Saturn soit acheté par un groupe étranger : «Il y a des fabricants étrangers qui aimeraient bien entrer sur le marché nord-américain mais qui n'ont pas les moyens de monter un réseau à partir de rien, dit M. Gravel. Or, Saturn a un réseau qui couvre tous les États-Unis et le Canada; ce serait un bon achat pour un fabricant qui continuerait à vendre les modèles populaires de Saturn tout en introduisant ses propres modèles ici.»

Chez Gravel Auto, on ne vend pas le Hummer, mais Saab et Saturn représentent environ 25 % des ventes annuel les de ce concessionnaire de Brossard et de l'Île-des-Soeurs.

M. Gravel décrit le marché de l'automobile actuel comme « le pire de mes 26 ans dans cette business », mais il se dit absolument certain qu'une reprise s'en vient. « Toutes les voitures s'usent un peu à chaque jour. Les gens peuvent reporter l'achat d'une nouvelle auto, mais pas indéfiniment. » Il est actuellement en train de fermer sa concession de l'Île-des-Soeurs, mais il compte en rouvrir une autre sur l'île de Montréal en 2010.

Pour ce qui est de Saab, M. Gravel, affiche un optimisme prudent; il estime improbable que la firme suédoise ferme. «GM a demandé au gouvernement suédois de mettre de l'argent dans Saab pour soutenir la vente à une tierce partie, et je pense que la fermeture de Saab est une probabilité très mince», a dit M. Gravel. Il n'accorde pas trop de poids au refus presque immédiat, mercredi matin, du gouvernement suédois de participer à un rachat de Saab ou de la soutenir financièrement en attendant que GM trouve un acheteur.

«Oui, j'ai lu les déclarations de leur ministre de l'Industrie (ndlr : Maud Olofsson), mais ça fait partie de toutes les stratégies de négociations. C'est comme quand on achète une auto, on commence toujours par dire que c'est trop cher. Mais Saab est un employeur important pour la Suède et je pense qu'ils vont faire quelque chose.»

Dans son énoncé de mardi, GM a décrit comme «urgent» la cessation de son soutien financier de Saab et GM a demandé l'appui du gouvernement suédois comme condition à toute vente. GM a fait une proposition qui plafonnerait son soutien financier à Saab et fixerait au 1er janvier 2010 la date où les deux firmes se sépareraient. GM espère une entente avec le gouvernement suédois, mais sa filiale Saab Automobile AB pourrait se déclarer insolvable dès ce mois-ci.

Pour ce qui est du Hummer, GM confirme que la marque est à vendre et décidera d'ici le 31 mars soit une transaction, soit la fermeture. GM veut s'être dégagé du Hummer au plus tard en 2010.

Le seul concessionnaire Hummer de Montréal, Plaza Chevrolet Hummer, n'a pas rappelé La Presse mercredi. Par contre, Jacques Saillant, de Laurier Pontiac-GMC-Hummer, à Sainte-Foy, a indiqué que les ventes du gargantuesque 4X4 représentaient «moins de 3 %» de son chiffre d'affaires. Il dit en avoir vendu 75 ventes en 2007, et seulement la moitié de cela en 2008.

Il dit que la disparition de la marque n'aurait pas un grand impact sur ses affaires, mais il pense que GM a déjà un acheteur pour Hummer et que l'annonce sera faite le 31 mars. «Et si c'est un acheteur nouveau, Hummer pourrait nous réserver de belles surprises.»

GM a aussi l'intention de réduire de 25 % le nombre de ces concessions aux États-Unis, de 6246 en 2008 à 4100 en 2014.

M. Gravel et M. Saillant s'attendent tous deux à une certaine réduction du nombre de concessions canadiennes. Dans une réponse par courriel aux questions de La Presse à ce sujet, GM-Canada a répondu que General Motors «n'a pas de cible établie en ce qui concerne une réduction» des 700 concessions canadiennes.