Àune certaine époque, il faisait aussi bon rouler dans une automobile au moteur énorme qu'il l'était avec une carrosserie habillée de chromes étincelants et un intérieur garni des matériaux les plus nobles. Malgré le vent de renouveau qui souffle sur Bentley depuis son acquisition par le groupe Volkswagen en 1998, certains modèles comme la limousine Arnage, le cabriolet Azure et le coupé Brooklands sont des vestiges de l'époque où Bentley était la marque soeur de Rolls-Royce.

C'est l'Arnage qui prête sa plateforme aux deux autres variantes qui diffèrent de configuration malgré que toutes trois partagent visuellement la partie avant. L'exclusivité déjà propre à toute Bentley est haussée d'un cran dans le cas du coupé, puisque la Brooklands ne sera produite qu'à 550 exemplaires.

Inspirée des exploits de la marque en course automobile dans les années 1920, elle prend des airs à la fois musclés et classiques tout en proposant le plus puissant moteur jamais produit par la firme britannique.

UNE PUISSANCE GÉNÉREUSE

Avec une longueur hors tout à faire rougir d'envie une fourgonnette et un poids dépassant celui d'un VUS pleine grandeur, la Brooklands nécessite une bonne dose de puissance pour se déplacer allègrement. Comme en témoigne un chrono de 5,3 secondes pour atteindre les 100 km/h à partir de l'arrêt, le monstrueux V8 de 6,75 litres de cylindrée est en pleine forme et remplit pleinement ce mandat.

Malgré ses origines lointaines, ce V8 assemblé à la main ne développe pas moins de 530 chevaux à tout juste 4000 tours/minute et 774 livres-pieds de couple à 3250 tours/minute grâce à l'ajout notamment d'une paire de turbocompresseurs, à des paramètres de gestion nouvellement revus ainsi qu'à des systèmes d'admission et d'échappement moins restrictifs.

Adieu aussi à la vétuste transmission qui équipait l'Arnage, puisque la Brooklands bénéficie d'une toute nouvelle boîte automatique à six rapports qui relie le moteur aux roues motrices arrière. Qu'à cela ne tienne, il est peu probable que le propriétaire de ce type de voiture soit tenté de faire du slalom à son volant. Si toutefois il connaît un débordement d'enthousiasme, comme cela arrive à l'occasion aux amis du Sultan du Brunei, il pourra compter sur d'énormes disques de freins ventilés de 420 mm à l'avant et 356 mm à l'arrière travaillant de concert avec des étriers à huit pistons.

Très bien adaptée au véhicule, puisque conçue expressément pour ce dernier, la monte pneumatique Pirelli P Zero fait un excellent travail pour garder sur la chaussée ce salon de thé roulant. D'ailleurs, bien que les jantes puissent paraître d'un diamètre plutôt traditionnel, il s'agit de l'effet des proportions et il faut être à proximité de la voiture pour réaliser qu'elles sont d'un diamètre de 20 pouces.

Pour ce châssis renforcé en plusieurs points pour permettre à la fois un confort royal et un comportement routier sain, on a prévu des amortisseurs électrohydrauliques. Ceux-ci, contrôlés par ordinateur, varient continuellement et indépendamment de fermeté pour minimiser le roulis et le tangage. La Brooklands roule vite et bien de façon à ce que quatre personnes puissent prendre leur aise dans le somptueux habitacle. Bentley souligne d'ailleurs que l'espace réservé aux passagers arrière est le plus généreux jamais offert dans un coupé.

À l'avant comme à l'arrière donc, on pourra pleinement apprécier son voyage et au besoin incliner son siège, pardon, son fauteuil, de manière à contempler les boiseries exotiques et le cuir qui couvre même le plafond. À l'avant, les baquets sont issus du cabriolet Azure plutôt que de l'Arnage et proposent entre autres des coussins lombaires électriques et une fonction massage.

DU TRAVAIL SUR MESURE

Si vous êtes sur le point de faire l'acquisition d'un exemplaire de cette Bentley, vous serez heureux d'apprendre qu'elle est dans les limites du possible entièrement personnalisable. En effet, si aucun des 45 coloris extérieurs ou des 25 teintes de cuir offerts ne vous plaît, il est toujours possible de vous accommoder moyennant un léger supplément. La lettre B ailée trônant au-dessus de la calandre figure elle aussi sur la liste des options et est rétractable de surcroît afin que cet ornement demeure le vôtre.

Davantage des symboles de réussite roulants que de véritables automobiles, l'Arnage, l'Azure et la Brooklands sont des modèles certes exclusifs, mais dépassés autant par leur format que par leur conception. À moins d'avoir un fort penchant pour le rétro, la série des Continental et Flying Spur s'avère un bien meilleur choix, et ce, à meilleur prix, quoiqu'à ce stade, ce ne sont pas quelques dizaines de milliers de dollars qui feront la différence.

Cet essai est tiré du livre L'auto 2009, disponible à La librairie.

Photothèque La Presse

 

Couverture du livre L'Auto 2009 des éditions La Presse.