En l'absence d'une industrie automobile au Québec, aucune formation universitaire ou post-universitaire ne s'offre à ceux qui aspirent à faire carrière dans le design automobile. La seule orientation valable? L'exil.

Celui qui souhaite voir son coup de crayon répété à trois millions d'exemplaires dans la rue a tout intérêt à aller voir ailleurs. Ailleurs, c'est en Europe et aux États-Unis. Plus précisément, ce sont souvent Pasadena, Vevey, Pforzheim, Paris ou, de plus en plus aujourd'hui, Londres et Barcelone, pour ne citer que ces centres ou écoles de design.

Au Québec, certains sont passés par l'école de design industriel de l'Université de Montréal, tel que Louis Morasse, pour «les plus âgés», Louis-Philippe Pratte ou Stéphane Lepage, pour «les plus jeunes». D'autres ont des parcours plus atypiques. Simon Lamarre a par exemple fait du design environnemental à l'UQAM. Karim Habib a d'abord décroché un baccalauréat en ingénierie à l'Université McGill.

Autant d'établissements qui ne proposent pas de formation spécifique dans le domaine. «Le transport est un des créneaux les plus porteurs en design. Mais on n'a pas une filière transport comme tel», précise Luc Courchesne, directeur de l'École de design industriel de l'UdeM.

L'École de design de l'UQAM offre un DESS en design d'équipements de transport. «Notre DESS présente des notions sur la conception automobile mais on couvre plus large, comme le transport, le domaine industriel», précise le directeur du programme, Steve Vezeau.

Et il ne faut pas perdre de vue que le transport est une chose, l'automobile en est une autre.

Le design automobile n'est pas encouragé dans l'enseignement. «C'est accessoire. On a une formation générale avec des caractéristiques dans l'optique du marché québécois», justifie Yves Beauchamp, directeur général de l'École de technologie supérieure (ETS).

«On n'a pas de plans en ce sens pour l'instant. Car il n'y a pas de signes concrets de l'essor d'une industrie au Québec. On est plutôt des partenaires des constructeurs», explique Luc Courchesne.

Enseignant au DESS en Design d'équipements de transport, Pascal Boissé estime qu'il a «un étudiant par année qui a ce qu'il faut» pour persévérer dans ce milieu. Mais «il n'y a pas d'entreprises ou de constructeurs automobiles ici», ajoute son directeur de programme, Steve Vezeau.

«Il n'y a même aucun bureau de conception automobile au Canada. Le plus proche, c'est Detroit», fait remarquer Louis-Philippe Pratte, diplômé en design industriel à l'UdeM et titulaire d'une maîtrise en design automobile obtenue à Pforzheim, en Allemagne.

Les projets de formations spécifiques sont donc inexistants au Québec. Seule l'ETS a l'intention de conclure une «collaboration» d'ici la fin de l'année avec l'École supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile, en France.