À l'instar de la BMW Série 3, l'A4 Avant n'a pas sacrifié l'élégance sur l'autel du volume à tout prix. Dans son cas, cependant, l'appellation familiale est usurpée, même si Audi a su éviter le piège dans lequel certaines de ses rivales sont tombées : elles ont un coffre plus exigu que celui de la berline dont elles dérivent.

La dérive vers la familiale est une tendance lourde depuis longtemps chez Audi - une A4 sur deux vendues en Allemagne est une familiale. C'est toutefois loin d'être le cas en Amérique du Nord, où les familiales ne représentent grosso modo que 15% des ventes d'A4. Ici, Mercedes a jeté l'éponge (la classe B se charge des clients en quête d'espace). De son côté, Audi persévère même si, comme BMW avec sa Série 3 Touring, elle n'en tire pas de grands bénéfices.

 

Audi nous propose une A4 totalement renouvelée, qui étrenne non seulement la nouvelle signature esthétique de la marque, plus agressive, mais aussi un châssis plus dynamique. Est-ce suffisant pour en faire la nouvelle référence dans sa catégorie? Cela reste à voir.

Plus différente qu'elle n'y parait, la nouvelle A4 est plus massive, plus ramassée que la précédente. Si le gabarit demeure sensiblement le même, les proportions, elles, changent totalement. L'explication tient en grande partie à la réduction importante du porte-à-faux avant dans le but d'installer le moteur en retrait par rapport au train avant. Conséquence de cette architecture nouvelle chez Audi: une meilleure répartition des masses. De plus, pour dynamiser encore davantage le comportement, la crémaillère de la direction migre sous le moteur afin d'offrir plus de précision, un «toucher de la route» similaire (mais pas pareil, cependant) à celui de BMW.

Cela dit, la nomenclature de l'A4 Avant demeure identique à la génération précédente. La version tractée (roues avant motrices) demeure absente du catalogue. Donc, pour prendre le volant d'une A4 Avant Quattro 2009, le coût d'entrée est fixé à 42 700$, soit 1400$ de moins qu'une BMW 328 Touring xDrive, sa concurrente.

Comme toujours, pour apprécier pleinement la solidité d'une Audi et pour bien se rendre compte de la qualité de sa fabrication, il suffit de la laver à la main. Elle est solide en dehors, mais aussi en dedans. Les portières s'ouvrent toutes grandes pour vous accueillir dans des baquets étonnamment fermes et qui, plutôt que de vous garder frais et dispos, épuisent sur de longs parcours. Ce n'est rien par rapport aux souffrances que les occupants de la banquette arrière devront endurer. Ils devront composer avec un dégagement limité comparativement à celui de certaines concurrentes. C'est à se demander si Audi n'aurait pas intérêt à nous offrir, à nous aussi, la version L (empattement allongé) de l'A4 commercialisée en Chine... En revanche, Audi ne lésine pas sur les accessoires qui, hélas, exigent trop souvent un déboursé additionnel. Du coup, la version Premium, vendue 4300$ de plus, paraît plus alléchante en raison de sa liste plus étoffée «de petites douceurs». Mais est-ce bien raisonnable?

Bien qu'une familiale soit souvent plus pratique qu'une berline, rappelons que l'A4 Avant joue davantage la carte de l'élégance que celle du volume de chargement. Il est vrai que son coffre avale difficilement armes et bagages. Son volume est insuffisant (à peine supérieur à celui d'une Série 3) et, d'autre part, sa finition luxueuse (moquette épaisse, chromes et plastiques haut de gamme) n'invite pas vraiment à le charger comme la benne d'une vulgaire camionnette. Par contre, reconnaissons que le hayon s'ouvre sur un espace fonctionnel et sécuritaire. Cependant, pour en tirer pleinement profit, il est impératif d'utiliser un rideau escamotable qui permet de profiter pleinement de l'espace utile sans compromettre votre sécurité lors d'un freinage brusque.

Les qualités du quatre cylindres de 2 litres suralimenté par turbocompresseur de l'A4 sont bien connues et appréciées. Robuste et souple, ce moteur offre aujourd'hui 211 chevaux et une quantité plus impressionnante de couple (258 livres-pied) dans une plage de régimes étonnante. Du coup, les reprises, plus représentatives d'un usage quotidien que les accélérations, impressionnent. D'une très grande élasticité, cette mécanique permet des dépassements rapides et l'entrée en service du turbocompresseur est quasi imperceptible. De plus, ce 2 litres s'entend très bien avec la boîte semi-automatique qui l'accompagne.

En dépit de son poids, l'A4 Avant brille au chapitre de la consommation, comme en font foi les mesures réalisées au cours de cet essai. Seul ennui, cette mécanique ne consomme que du super. En fait, l'élément le plus gênant de ce moteur est sans contredit son niveau sonore à froid. Avant d'atteindre sa température de fonctionnement normale, ce 2 litres tourne «un peu carré».

Sur le plan du comportement routier, l'A4 a progressé dans plusieurs domaines. Par exemple, sa direction est plus dynamique, plus agile et plus précise. Mais Audi n'a cependant pas encore atteint, sur chaussée sèche, la maestria de sa voisine et rivale de Munich, la Série 3. En revanche, et contrairement à cette dernière, l'A4 aborde avec plus de bonheur les imperfections de la chaussée, mais sans atteindre toutefois le même moelleux qu'une Classe C de Mercedes ou qu'une V70 de Volvo. L'amortissement de l'Avant est ferme, sans être inconfortable pour autant. Mais le gain apporté par cette refonte est que les suspensions ne sont plus aussi bruyantes qu'autrefois. Cela dit, il importe d'y penser deux fois plutôt qu'une avant de cocher l'option Sport et de mettre des pneus de 18 pouces à cette A4. Les 17 pouces de série sont parfaitement adaptés à un usage quotidien.

Même si elle évolue plus qu'elle n'y paraît, cette nouvelle A4 Avant n'a hélas pas le côté fonctionnel propre à une familiale. On la préférera peut-être à la berline pour son style, mais certainement pas pour ses qualités de «déménageuse». Chose certaine, l'arrivée le printemps prochain du Q5, un multisegment dérivé de l'A4, pourrait porter ombrage à cette familiale bourrée de qualités, mais qui échoue totalement dans sa mission première: celle de faire voyager famille et bagages.

 

On aime

- L'assemblage soigné

- Le tempérament plus sportif

- Le rouage intégral

On aime moins

- La fonction sacrifiée au profit du style

- Des options, encore des options

- Habitacle étriqué

Ce qu'il faut retenir

- Prix : 42 700$ à 47 000 $

- Frais de transport : 800$ (préparation en sus)

- Consommation moyenne obtenue au cours de l'essai : 10,4 L/100 km

- Concurrentes : BMW Série 3

- Pour en savoir plus : www.audi.ca

- Moteur : L4 DACT 2,0 litres suralimenté par turbocompresseur

- Puissance : 211 ch entre 5300 - 6000 tr/mn

- Poids : 1700 kg

- Rapport poids/puissance : 7,7 kg/ch

- Accélération 0-100 km/h : 6,87 secondes

- Mode : intégral (quatre roues motrices)

- Transmission de série : semi-automatique six rapports

- Transmission optionnelle : aucune

- Direction/diamètre de braquage (mètres) : crémaillère/11,4 mètres

- Freins avant/arrière : disque/disque

- Pneus : 225/50R17

- Capacité du réservoir de carburant/carburant recommandé : 64 litres/super