Si la Classe B correspond à la catégorie des Mazda5 et Kia Rondo, elle s'en distingue par son positionnement et ses tarifs plus élitistes. En fait, à l'image d'Audi avec l'A3 et de BMW avec la Série1, le spécialiste de Stuttgart pèse de tout son poids et de toute son image pour élargir son audience auprès d'une clientèle volontiers attachée aux généralistes, mais assez sensible au standing des prestations pour casser leur tirelire.

La question est de savoir si on doit la briser ou non. À en juger les rapports de ventes de la marque à l'étoile, vous êtes plus nombreux à le faire, même si l'étoile la plus scintillante demeure à ce jour la ClasseC, qui représente 40% des immatriculations de la marque.

Qu'à cela ne tienne, la Classe B se débrouille bien, même très bien face à ses principales concurrentes. Jugez-en! Au cours des six premiers mois de l'année, 1874 unités (+4%) de la «petite étoile» ont été immatriculées au pays contre 831 A3 (+8%) et 242 S40/V50 (-48,3%) au cours de la même période. Et la direction de Mercedes estime être en mesure de faire encore mieux avec ce modèle, qui bénéficie cette année d'une mise à niveau - la dernière avant la refonte complète prévue d'ici deux ans. Les transformations sont nombreuses (face avant légèrement redessinée, console centrale affinée, etc.) mais, hélas, les innovations les plus intéressantes sont réservées au seul marché européen. Ainsi, l'assistance au stationnement (système qui permet de garer automatiquement le véhicule) et la coupure automatique de l'alimentation du moteur lors d'un arrêt prolongé ne figurent pas sur la liste des caractéristiques canadiennes.

Le sandwich

Sans doute qu'au moment de son remplacement, Mercedes aura fait une croix sur l'architecture particulière de la version actuelle, assemblée sur un châssis à «deux étages». Entre les deux entretoises de métal logent certains organes vitaux comme la batterie, le réservoir d'essence et le boîtier de fusibles.

Conséquence de cette architecture singulière, l'expression «monter à bord» prend tout son sens. On est assis plus haut, d'accord, mais la position de conduite apparaît tout de même déroutante avec ce volant planté très à la verticale et ce plancher très haut. On finit par s'y faire, mais trouver la bonne position de conduite est loin d'être aisé si l'acheteur éventuel a omis de cocher l'option «électrique». On peut comprendre cet oubli à la vue de la somme exigée par Mercedes: 2900$. En échange, vous disposerez toutefois non seulement de commandes électriques pour les deux baquets avant, mais aussi d'un compas, d'appliques de bois, de la climatisation automatique et d'un toit ouvrant à lamelles de verre (idéal pour ensoleiller cet habitacle plutôt sombre) qui, commandé seul, entraîne un débours de 1600$. Bref, ce ne sont pas les options qui manquent, même s'il est juste de reconnaître que la Classe B est aujourd'hui moins chiche qu'à ses débuts au chapitre des accessoires de série. Cela dit, rappelons que le prix d'appel est fixé à 29 900$ pour la version de base et à 34 400$ pour la Turbo.

Si la décoration manque de couleur, la qualité, en revanche, ne soulève aucune critique. Les assemblages sont solides et les matériaux ne sonnent pas creux. Une fois installé dans son baquet, on note la bonne ergonomie des principales commandes, à l'exception sans doute du levier qui actionne le régulateur de vitesse, toujours trop près de celui des clignotants. Au chapitre des rangements, cette Classe B joue à fond la carte de la fonctionnalité, avec de généreuses pochettes un peu partout dans l'habitacle et une boîte à gants hélas dépourvue de serrure... On économise là où c'est possible.

Bien que présentée comme offrant trois places, la banquette arrière de la Classe B n'est confortable que pour deux personnes. Le dégagement à la tête et aux jambes est impressionnant, mais l'espace aux hanches et aux épaules est plus mesuré. La banquette se fractionne en deux sections et comporte aussi un passage indépendant, idéal pour y glisser un bâton de gardien de but sans sacrifier une place. Il est également possible de basculer complètement les dossiers, en prenant bien soin d'escamoter au préalable les assises pour créer un espace de chargement plat et spacieux.

Turbo ou atmo?

La version suralimentée commande un débours additionnel de 4500$ par rapport à la version atmosphérique. Une somme que seulement 30% des acheteurs de Classe B sont prêts à allonger au dire du constructeur. On peut comprendre pourquoi. Le prix bien sûr, mais il y aussi la consommation et l'entretien plus scrupuleux qu'exige une telle mécanique.

Cela dit, malgré ce que peut laisser sous-entendre l'inscription «Turbo» apposée contre le flanc de son hayon ou encore le sigle AMG estampillé sur ses jantes, la B200T n'a aucune prétention sportive. Pourtant, le quatre-cylindres 2 litres suralimenté par turbocompresseur s'exprime avec beaucoup de verve. Pas timide pour un sou, ce moteur se caractérise par sa progressivité et son inertie quasi totale. Capable de se catapulter à 100 km/h en un peu plus de 7 secondes et d'atteindre une vitesse de pointe de 210 km/h, ce 2 litres consomme modérément l'essence super à condition de ne pas le solliciter outre mesure. Chose certaine, nous préférons la souplesse de la boîte semi-automatique CVT à la transmission manuelle à six rapports dont la commande est à la fois lente et rêche.

Si la mécanique suralimentée combinée à la boîte CVT relève d'un cran ou deux la notion - très subjective au demeurant - du plaisir de conduire, force est de reconnaître que le bonheur est de courte durée. En effet, dès que la route toupille, se trempe ou que le rythme s'accélère, la Classe B perd de sa superbe. Le coupable, puisqu'il en faut un, c'est le train avant qui se laisse (trop) aisément déborder par la puissance et le couple de ce moteur. Comme pour nous rappeler que Stuttgart a encore quelques kilomètres à parcourir pour maîtriser cette technique. Aux limites d'adhérence et malgré la présence d'une rassurante (mais un brin trop chatouilleuse) béquille électronique appelée ici ESP (correcteur de stabilité électronique), la Classe B manque de motricité et, surtout, de progressivité, élargissant parfois allégrement le rayon du virage. Surtout sur une chaussée à faible coefficient d'adhérence. En matière de confort, ce n'est guère mieux. Bien entendu, la présence bienveillante d'aides à la conduite (antipatinage, antidérapage, etc.) gomme les imperfections, petites et grandes de ce châssis conçu essentiellement pour un usage familial. D'où l'intérêt marqué des consommateurs sans doute pour la sage version atmosphérique. Bien sûr, elle est plus peinarde et aussi plus sonore à l'accélération, mais elle a au moins le mérite d'être plus confortable et de moins taxer le châssis.

Atmo ou turbo, un fait demeure: aucune n'offre la précision de comportement attendue. La direction à assistance électrique est peu communicative et la légèreté dont elle fait preuve dans les manoeuvres nous laisse croire qu'elle est plus agile qu'en réalité. Le diamètre de braquage de cette Mercedes est important et il faut, à notre grande surprise, s'y prendre à plusieurs reprises pour la garer correctement.

Ne nous laissons pas aveugler par l'étoile de Stuttgart: cette Classe B suralimentée par turbocompresseur nous a déçus plus qu'elle ne nous a enchantés. Le prix élevé et l'étiquette sportive usurpée de cette version nous font préférer la version atmosphérique, tout aussi fonctionnelle mais plus homogène, plus économique et surtout plus en mesure d'offrir du luxe (et l'image qui l'accompagne) au prix du prêt-à-porter. Enfin presque.

On aime

Polyvalence

Accélération et reprises solides

Comportement sûr

On aime moins

Options coûteuses

Refonte timide

Rayon de braquage décevant

Ce qu'il faut retenir

Prix : 29 900$ à 34 400$

Frais de transport et de préparation : 650$ (préparation en sus)

Consommation moyenne obtenue au cours de l'essai : 10,3 L/100 km

Concurrentes : Audi A3, Volkswagen Jetta SportWagon, Volvo V50

Pour en savoir plus : www.mercedes-benz.ca

Moteur : L4 DACT 2 litres suralimenté par turbocompresseur

Puissance : 193 ch. à 5000 tr/mn

Temps de recharge complet : 206 lb-pi entre 1800 et 4850 tr/mn

Poids : 1395 kg

Rapport poids/puissance : 7,22 kg/ch

Accélération 0-100 km/h : 7,46 secondes

Mode : traction (roues avant motrices)

Transmission de série : manuelle 6 rapports

Transmission optionnelle : semi-automatique CVT

Direction/diamètre de braquage : crémaillère/11,9 mètres

Freins avant/arrière : disque/disque

Pneus : 225/55R17

Capacité du réservoir de carburant/carburant recommandé : 55 litres/super