Publiée le 1er août 2005, notre «confrontation osée» entre l'Accord et la Sonata avait semé la consternation chez qui vous savez et suscité énormément de réactions. Comment, vous étiez en vacances à cette période?

Alors résumons l'issue de ce match: «La Honda Accord ne s'avère pas l'intouchable intermédiaire que l'on croyait. Face à la Sonata de luxe V6, plus performante, plus spacieuse, plus confortable et presque aussi rigoureuse de comportement, l'Accord EX-V6 ne parvient pas à justifier son coût nettement supérieur (...) Il ne lui reste alors que le chic de sa présentation intérieure, avec ses matériaux plus flatteurs, une consommation d'essence moindre et l'aura supérieure de sa marque... Mais c'est trop peu pour combler son déficit face à une sud-coréenne qui se révèle une familiale plus homogène.»

L'Accord, la sixième du nom, a depuis disparu pour faire place à une nouvelle génération à la fois plus puissante et plus costaude. Celle-ci fait face à une Sonata habilement renouvelée pour 2009. Aux fins de ce match comparatif, nous avons préféré - coût de l'essence oblige - des livrées animées de mécaniques plus sobres (lire quatre-cylindres) et donc plus accessibles financièrement.

Vie à bord

Dans une catégorie de moins en moins visible (elles se ressemblent presque toutes, vous ne trouvez pas?), la nouvelle Accord est entrée à pas feutrés l'automne dernier, sans faire de bruit, avec une assurance paisible, un refus de la frime étonnant. Ni effacée, ni banale, ni même peu remarquable, l'Accord, septième du nom, est juste discrète. La critique s'en formalise encore et s'étonne à juste titre de ne plus ressentir le même bonheur qu'autrefois. L'Accord s'est rangée sur le plan du style (le coupé a meilleure mine) et de l'agrément, même si son moteur quatre-cylindres est prêt à grimper jusqu'au rupteur (7000 tr/min) sans faiblir.

La Sonata n'est guère plus extravertie. Son physique est aussi banal - on en oublierait facilement où on l'a garée - et sa conduite est toujours aussi peu inspirée. Tout comme l'Accord, la sud-coréenne est adaptée à la route du XIXe siècle. C'est une voiture pour carburant cher, vitesse limitée et circulation standardisée. On dirait qu'elle assure tellement qu'elle permet de penser à autre chose. Elle évoque ces majordomes des grandes maisons, qui glissent en silence, savent tout des rites et habitudes des maîtres et répondent en toutes circonstances avec autant d'efficacité que de discrétion aux mille défis du quotidien.

À l'oeil, nos duellistes occupent sensiblement le même espace sur la chaussée. L'Accord est pourtant plus longue et plus large que sa rivale d'un jour. Elle est cependant à peine plus haute (1mm) et guère plus lourde (41kg). Plus enveloppée, la japonaise repose sur un empattement supérieur et elle affiche globalement de meilleures cotes d'habitabilité. Mais les chiffres ne disent pas toujours tout. Pour preuve, une comparaison des chiffres communiqués par les deux constructeurs révèle que la Sonata offre un meilleur dégagement pour les jambes et les épaules à l'arrière. C'est sans doute vrai mais, à l'usage, on retient plutôt que le coussin de la banquette de la Hyundai est plus court et que l'espace alloué au centre est fort inconfortable. Domaine où l'Accord fait - un peu - mieux, même si le dégagement aux épaules est compté. La position de la banquette - légèrement inclinée - se révèle plus confortable pour de longues randonnées.

En revanche, au chapitre du volume utilitaire, les chiffres font foi de tout: 397L pour la Honda, 452L pour la Hyundai. Cette dernière offre plus d'espace et, qui plus est, attache le couvercle de son coffre à des amortisseurs, moins encombrants que les manchons utilisés par Honda. D'ailleurs, petit détail qui en dit long sur le souci de valoriser le propriétaire, l'Accord maintient son capot ouvert à l'aide d'une béquille alors que la Sonata fait appel, là aussi, à un amortisseur automatique. On referme, et on se retrouve aux places avant.

C'est vrai, les stylistes de l'Accord ne gagneront jamais un prix d'ergonomie. Confortablement assis, vous conclurez sans doute comme nous que la partie centrale est inutilement compliquée avec ses boutons et sa grosse molette dont on ne sait jamais trop bien si elle augmente le volume de la radio ou la soufflerie de la climatisation.

Si la présentation n'est ni très gaie et ni très inspirée, reste que la qualité de l'assemblage ne prête flanc à aucune critique et les espaces de rangement sont plus nombreux qu'à bord de la Sonata. Cette dernière mise surtout sur le «paraître». L'harmonie des couleurs à bord, la simplicité des commandes et l'abondance des accessoires concourent à faire de cet habitacle un lieu agréable, mais pas forcément pratique, comme en fait foi le peu de rangements. La finition, par contre, ne souffre pas de la comparaison avec celle de Honda.

Au chapitre des accessoires, la Sonata (Limited) prend l'ascendant sur l'Accord (EX). Ainsi, la sud-coréenne ceinture, sans frais, son tour de taille de moulures protectrices. Pas la japonaise. Aussi, le rétroviseur intérieur de la Sonata adopte la position jour/nuit automatiquement, son toit découpe une fenêtre sur le ciel, la climatisation - automatique - comporte une molette individuelle pour le passager avant les pneus enrobent des jantes en aluminium. Il ne faut pas oublier la boîte semi-automatique, une - autre - option chez Honda.

La plupart de ces accessoires visent à épater le propriétaire (et son voisin) mais ne contribuent en rien à la sécurité active du véhicule. Dans ce domaine, la Sonata n'en donne pas beaucoup. Contrairement à la Honda, l'assistance au freinage d'urgence, le contrôle de stabilité électronique, l'antipatinage et le témoin de pression des pneus brillent par leur absence à bord de la sud-coréenne Mais la sécurité ne vend pas (toujours) et «l'accident, ça n'arrive qu'aux autres».

Sur la route

On ne reviendra pas en long et en large sur chaque boulon et chaque vis de ces deux modèles. Consacrons plus de temps aux impressions de conduite.

L'Accord démontre dès les premiers kilomètres sa supériorité sur la Sonata, dont les éléments suspenseurs semblent liés entre eux par des élastiques. La prise de roulis est plus importante, la tenue de cap plus incertaine et le toucher de la route moins sûr, surtout sur une chaussée détrempée. Le sous-virage apparaît très tôt et force à lever le pied pour rétablir l'équilibre et la trajectoire.

En revanche, la Hyundai procure un confort de roulement supérieur sur une chaussée en bon état grâce à un combiné ressort/amortisseur plutôt souple en détente. Sa direction engourdie et légère sur les voies rapides se fait oublier dans la cité. Son court rayon de braquage rend les manoeuvres plus faciles qu'avec l'Accord.

La Honda offre une expérience de conduite beaucoup plus attrayante. D'abord, les changements de trajectoire sont non seulement plus précis, mais aussi plus rapides. Les mouvements de caisse sont bien contrôlés et le freinage est plus endurant que celui de sa rivale, et aussi plus facile à doser.

Et si la suspension peut paraître ferme sur les petites déformations, elle encaisse mieux les grosses.

Du côté des moteurs, le quatre-cylindres de l'Accord est beaucoup plus expressif mais, pour l'exploiter, il faut s'assurer d'atteindre un régime de rotation plutôt élevé. Moins volontaire sans l'ombre d'un doute, le quatre-cylindres de la Sonata ne déclenche pas les mêmes passions. À défaut de nous mettre les poils des avant-bras au garde-à-vous, le quatre-cylindres Hyundai s'est avéré le plus sobre des deux.

Budget

Comme en 2005, c'est encore au point de vue du budget que tout va se jouer. Et cette fois, si la Sonata l'emporte en raison notamment d'une garantie de base plus généreuse (celle couvrant les émissions l'est moins, toutefois) et d'une consommation légèrement moindre, elle doit s'incliner au final devant une Accord plus homogène, plus sûre et plus agréable à conduire. Preuve que l'histoire n'est pas toujours un éternel recommencement.