S'il était possible de gonfler une Mini Clubman à l'hélium, il y a fort à parier qu'elle finirait par ressembler au Flex que Ford nous proposera cet été. Cet étrange véhicule présenté sous forme de concept (Fairlane) il y a un peu plus de trois ans est parvenu contre toute attente à obtenir un laissez-passer pour la grande série.

Il est vrai que ce véhicule à l'esthétique audacieuse et discutée a de quoi faire écarquiller les yeux. En rupture totale avec tout ce qu'on a pu voir et conduire jusqu'ici, il se marie pourtant à merveille avec la modernité friquée des édifices de verre et d'acier de New York, où nous étions conviés à le découvrir.

Le Flex vient chapeauter la gamme multisegment du constructeur américain, qui comptait jusqu'ici deux représentantes: le Taurus X, né Freestyle, et l'Edge. Contre toute attente toujours, le Taurus X demeure en poste, mais il y a fort à parier que son constructeur réévaluera son avenir dès qu'il lui sera possible de mesurer l'accueil que le public réservera au Flex. À ce sujet, mentionnons que la fourchette de prix du Flex est identique à celle du Taurus X.

Chose certaine, le Flex rendra un très grand service à Ford. Il lui permettra de colmater la brèche laissée ouverte depuis l'arrêt de production de sa fourgonnette Freestar. Avec ses sept places et plusieurs fonctionnalités communément associées au monde de la fourgonnette, le Flex a de nombreux arguments à faire valoir auprès des voyageurs. Il y a bien sûr, un réfrigérateur, un vrai (650$), planté entre les baquets de la rangée médiane, ou encore, plus commun, son système de divertissement (1200$) ou son immense toit vitré (1700$).

Le plus fascinant, cependant, est son volume habitable. Immense. Les occupants de la banquette arrière sont certainement les plus choyés de tous avec beaucoup de dégagement pour les jambes. S'asseoir dans la troisième rangée de sièges ne représente pas une torture, comme à bord de certains rivaux, hormis un dégagement un peu serré aux hanches. Et on a en outre l'impression d'être dans un véhicule de qualité. La présentation est soignée et le souci du détail omniprésent.

Il faut laisser de côté les a priori pour goûter les plaisirs réels d'un Flex. Ce n'est pas le moindre des paradoxes du Flex que de réussir à virer à plat, à bien freiner sans plonger et à obéir sans délai au coup de volant, tout en proposant une vision surélevée de la route. Sensations étranges, inconnues de plusieurs et qui ne feront certes pas vibrer les amateurs de conduite sportive, mais qui peuvent séduire des automobilistes anesthésiés par trois ou quatre générations de fourgonnettes.

En revanche, cette plateforme que nous avons régulièrement critiquée pour sa suspension arrière trop sonore est désormais beaucoup plus discrète. L'explication tient à deux choses: au repositionnement du combiné ressorts-amortisseurs et au renforcement de la structure pour permettre, avec l'équipement approprié, de tracter une charge pouvant atteindre 2041 kg.

Son centre de gravité étonnamment bas lui assure un comportement stable et sans histoire. Le problème est que le Flex dépasse 2100 kg et que ses 262 chevaux ne sont pas de trop, avec sa boîte à six vitesses, pour lui permettre d'amener toute la famille au bord de la mer. La bonne volonté du V6 est évidente, sa consommation moyenne (environ 13 L/100 km), son autonomie tout juste raisonnable (le réservoir ne contient que 72 litres), mais ce plat inédit que nous propose Ford devrait, croyons-nous, se déguster avec une boîte semi-automatique pour faciliter les relances.