Abaisser les émissions de CO2 n'est pas simple. Pour gagner quelques grammes, on doit modifier le moteur en revoyant la cartographie et en optimisant l'injection, rallonger les rapports de boîte de vitesses, peaufiner l'aérodynamisme, changer les pneus. Tout ça ne se fait pas du jour au lendemain et requiert une nouvelle homologation du véhicule. Pas simple, mais la survie de l'industrie automobile en dépend.

La flambée des prix du pétrole constituera à coup sûr le feuilleton de l'été. S'arrêtera-t-elle un jour? Comme c'est souvent le cas lorsqu'on leur pose une question toute simple, les experts proposent des réponses à la fois compliquées et radicalement opposées.

 

Pour les uns, le pire est inéluctable. Pour les autres, il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure. Peut-être la vérité se situe-t-elle entre le point de vue des ultra-optimistes et celui des hyper-pessimistes. Et c'est à cette «vérité», conjuguée bien évidemment à l'imposition de normes gouvernementales encore plus sévères pour diminuer la pollution, que croit l'industrie de l'automobile.

De toutes les formes de pollution, c'est celle générée par le trafic automobile qui est la plus difficile à combattre. Ni l'augmentation du prix de l'essence, ni les efforts pour améliorer la consommation des véhicules ne permettent d'envisager, à moyen terme, une baisse des émissions de gaz à effet de serre. Certaines études ont montré qu'une augmentation de 10% du prix des carburants induirait un recul du trafic d'à peine 1%. C'est trop peu.

C'est en outre le domaine où il n'existe pour l'heure aucune énergie de substitution immédiatement disponible pour faire face à la demande. En attendant l'arrivée massive de véhicules hybrides, la généralisation de la voiture électrique et le possible mais incertain avènement de la pile à combustible, il ne reste qu'une solution: é-co-no-mi-ser. «Levez le pied.» Les pistes pour y parvenir sont connues depuis longtemps mais elles font appel à un changement de comportement parfois difficile à faire passer auprès des automobilistes, mais il faudra inévitablement s'y faire.

 

Du côté de l'industrie automobile, ce n'est pas la panique, mais tout juste. Au cours des prochains mois, des prochaines années, plusieurs technologies existantes s'amalgameront pour améliorer la consommation énergétique de nos véhicules. Des petits riens, une somme de petits détails qui au final se chiffreront par d'importantes économies.

Le poids et l'aérodynamique sont de plus grands ennemis que la puissance. Pourquoi une telle affirmation? Parce que la puissance peut être dosée à l'aide d'un système de désactivation des cylindres, par exemple, ou par une reconfiguration de la gestion du moteur et de la boîte de vitesses (rapports plus longs), l'ajout d'un turbocompresseur, alors que le poids et la résistance à l'air sont des constantes.

 

Si les voitures se sont alourdies, ce n'est pas, ou pas seulement, en raison d'un phénomène de mode ou par la volonté des constructeurs de proposer des voitures plus grosses et plus encombrantes. Une importante raison de la prise de poids est à chercher auprès des composants de sécurité qui se sont multipliés ainsi que des nombreux contrôles d'émissions et d'aides électroniques à la conduite. Le coussin gonflable est un équipement de sécurité aujourd'hui aussi indispensable que la ceinture. La présence de quatre, six, voire huit ou 10 coussins et rideaux gonflables à bord d'une voiture se chiffre par un accroissement de poids de plusieurs dizaines de kilos. Les ceintures de sécurité intelligentes à pré-tendeurs et absorption progressive de l'énergie sont forcément plus lourdes qu'une simple courroie.

Autre préoccupation de l'industrie pour réduire la consommation de carburant: l'aérodynamique. Au cours des prochaines années, il ne faudra pas s'étonner d'assister à l'abaissement de la garde au toit de nos véhicules (toutes catégories confondues), du retour des appendices aérodynamiques (aileron, déflecteur, etc.) ou encore à la présence d'un carénage plus important encore du châssis, tout cela dans le but de réduire le coefficient de traînée aérodynamique (Cx) et ultimement la consommation. En plus des transformations apportées à la carrosserie, il est également à prévoir que les pneumatiques feront, eux aussi, l'objet d'attention et les constructeurs entendent privilégier des pneus plus étroits doublés d'une faible résistance de roulement.

Outre le poids et l'aérodynamique, l'industrie se prépare à généraliser l'utilisation d'un dispositif autrefois l'apanage des seuls véhicules hybrides: le dispositif Stop&Start. Ce dernier coupe automatiquement le moteur à l'arrêt, en cas d'embouteillage, de feu rouge et redémarre automatiquement par simple pression sur l'accélérateur, ce qui permet d'économiser au moins 10% de carburant.

 

Évidemment, une telle mise à niveau technique demande de la patience et sa réalisation ne pourra être que progressive, plus ou moins rapide selon que la politique d'encouragement et de soutien sera forte et entrera tôt en application, qu'elle prendra une tournure positive, créative, novatrice et non pas une attitude négative consistant seulement à taxer, décourager et contraindre.