Rien n'a changé. Vingt heures après le drame, je suis allé deux fois à l'île Perrot. La première fois, dans l'après-midi au moment même où, à une trentaine de kilomètres de là, les deux accusés de cette funeste tragédie comparaissaient menottes au poing devant le tribunal. À l'angle des Érables et Giffard, les dernières feuilles tombaient des arbres, indifférentes à la présence des journalistes, des curieux et de ce bout de pelouse tapissé de jolis bouquets de fleurs.

Rien n'a changé. Vingt heures après le drame, je suis allé deux fois à l'île Perrot. La première fois, dans l'après-midi au moment même où, à une trentaine de kilomètres de là, les deux accusés de cette funeste tragédie comparaissaient menottes au poing devant le tribunal. À l'angle des Érables et Giffard, les dernières feuilles tombaient des arbres, indifférentes à la présence des journalistes, des curieux et de ce bout de pelouse tapissé de jolis bouquets de fleurs.

Ce drame nous touche, nous fait mal, mais la mémoire est une faculté qui oublie... Combien aujourd'hui se souviennent de la carcasse éventrée d'une Civic exposée aux abords du chemin de la Rivière-Cachée à Boisbriand dans laquelle George Pierre Beaubien, 19 ans, a trouvé la mort il y six mois? Mauvais exemple? Pourquoi? Parce qu'il n'y avait pas un jeune enfant sur la liste des victimes? Ou est-ce tout simplement parce qu'il n'y a pas eu de procès et de coupables?

Je suis allé deux fois à l'île Perrot. La seconde fois, il faisait nuit noire. Le boulevard Don Quichotte, celui qui scinde la ville en deux était désert au moment d'immobiliser mon véhicule au feu rouge. Avant que celui-ci ne passe au vert, une vieille Oldsmobile Delta 88 toute déglinguée se porte à ma hauteur. Trois jeunes se trouvent à bord. Le conducteur baisse sa glace et me nargue (ndlr: visiblement la voiture que je conduis alors excite ses testostérones).

Je demeure impassible. Il me balance une tonne d'injures («té pas capable de conduire une voiture comme ça», «vieux croulant», et j'en passe des meilleures). Je ne réagis pas. Le passager, assis derrière, ouvre à son tour sa glace et me balance une autre purée d'injures. Je ne réagis toujours pas. Le feu passe au vert. Je ne bouge pas, mais mon sang bouille.

Dans un nuage de fumée, la vieille Oldsmobile décampe à vive allure. J'ai cru entendre une dernière injure. J'ai embrayé, passé la première et poursuivit ma route, pensant retrouver cette Oldsmobile immobilisée par un policier ou encore (c'est cruel, j'en conviens) de la retrouver sur le toit.

Pendant ce temps, les tribunes téléphoniques sont chauffées à blanc. Tous ont une idée du sort qu'ils réserveraient à ces chauffards. Et aux «aspirants» aussi. Réintroduction du cours de conduite, couvre-feu, zéro tolérance, augmentation de l'âge légal pour conduire et quoi encore? Et pourquoi pas interdire l'installation d'une chaîne audio un coup parti. Et pour mieux comprendre ce qui se passe (ou ne se passe pas, c'est selon) dans la tête des jeunes conducteurs, lisez l'excellente recherche du collègue Mathieu Perreault qui se trouve à la page 5 de ce cahier.

Contrairement à la croyance populaire, la vitesse excessive sur nos routes n'est pas l'apanage exclusif de ces jeunes portant «leur casquette à l'envers». Tant s'en faut. Il suffit de se poster au coin d'une rue, n'importe laquelle, pour voir que plusieurs de ces «pros» de la conduite ont plusieurs kilomètres au compteur et ne conduisent pas tous des Civic ou des Golf...

On retrouve pas mal d'utilitaires et de fourgonnettes aussi avec, ô ironie, le panonceau «bébé à bord» scotchée sur la lunette. Ce que confirme d'ailleurs une étude rapportée par Ludovic Hirtzmann en page 14 de ce cahier.

Il serait trop facile de condamner les jeunes automobilistes. Ils sont inexpérimentés, ont appris la conduite sur le tas (en nous observant bien souvent) et roulent dans des véhicules dont la condition n'est pas forcément très au point. À qui la faute? Où nous sommes-nous trompés?

Sur la route

La décision de Ford de se départir de ses marques Jaguar et Land Rover était-elle la bonne? Pas si sûr si l'on prête foi aux propos des dirigeants de certains dirigeants des deux marques britanniques qui, chiffres à l'appui, démontrent que la santé financière de Land Rover est au beau fixe et que celle de Jaguar est moins alarmante que prévu. Aurait-on appuyé sur le bouton panique trop rapidement à Dearborn?

C'est bien connu, en affaires, on ne fait pas de sentiments. Le fonds d'investissement Cerberus, nouveau propriétaire du groupe Chrysler vient d'en apporter une nouvelle preuve en comprimant, une fois de plus, ses effectifs. Comme si tout cela ne suffisait pas, la direction a annoncé l'arrêt de la production de quatre modèles qui se vendent mal: la familiale Dodge Magnum, la version cabriolet du PT Cruiser, ainsi que les Chrysler Crossfire et Pacifica. D'autres modèles seront sacrifiés au cours des mois à venir.