Selon ce sondage, réalisé entre fin juin et début juillet auprès de 1737 personnes dans la vingtaine et la trentaine, seuls 13% des jeunes habitants de la région de Tokyo possèdent une voiture. Ils étaient 23,6% en 2000. Ceux qui disent avoir envie de posséder une voiture ont pratiquement diminué de moitié en sept ans: la proportion est aujourd'hui de seulement 25,3%, contre 48,2% lors du même sondage réalisé en 2000. Voilà qui est inquiétant. D'ailleurs, le manque d'intérêt croissant pour les voitures constitue un sérieux problème pour l'industrie automobile nippone, qui a vu ses ventes au Japon dégringoler pour le 25e mois consécutif en juillet.

Selon ce sondage, réalisé entre fin juin et début juillet auprès de 1737 personnes dans la vingtaine et la trentaine, seuls 13% des jeunes habitants de la région de Tokyo possèdent une voiture. Ils étaient 23,6% en 2000. Ceux qui disent avoir envie de posséder une voiture ont pratiquement diminué de moitié en sept ans: la proportion est aujourd'hui de seulement 25,3%, contre 48,2% lors du même sondage réalisé en 2000. Voilà qui est inquiétant. D'ailleurs, le manque d'intérêt croissant pour les voitures constitue un sérieux problème pour l'industrie automobile nippone, qui a vu ses ventes au Japon dégringoler pour le 25e mois consécutif en juillet.

S'il faut prendre ce sondage au pied de la lettre, le rêve automobile aura été de courte durée pour les Japonais. Ces derniers ont en effet perçu la voiture comme un objet de désir qu'à partir de 1961, année où Toyota entrepris la commercialisation de la Publica, premier modèle grand public. Cette voiture devint très rapidement un objet de convoitise pour les Japonais qui s'étaient équipés, à la fin des années 50, des «trois trésors sacrés» (sanshu no jingi), à savoir le téléviseur, le lave-linge et le réfrigérateur. À l'époque, l'expression «my car» (ma voiture) était sur toutes les lèvres. Après avoir consacré près de deux décennies à la reconstruction de son pays, la population japonaise voulait pouvoir profiter, à son tour, des fruits de la croissance retrouvée. Et il n'y avait rien de mieux que l'automobile pour illustrer son enrichissement. Si en 1964, on ne comptait que 370 000 voitures individuelles, un an plus tard, la barre du million était franchie, marquant un tournant décisif dans le rapport que les Japonais ont avec leur chère voiture. Si le train est demeuré au coeur des villes, l'auto, elle, s'est développée en périphérie. Les infrastructures autoroutières se sont multipliées pour accueillir un nombre croissant d'automobilistes qui utilisent leur voiture principalement le week-end et lors des vacances. Mais la circulation est lourde. Très lourde. Un parcours d'une vingtaine de kilomètres se calcule parfois en heures. Et question de mettre à vif les nerfs des automobilistes, les places de stationnement sont rares (et chères) tandis que le temps s'allonge.

Voilà pourquoi l'équipement des voitures est souvent plus important pour les Japonais que leur performance pure. Elles sont une extension du logement puisque leurs propriétaires sont «forcés» à y passer de très longues heures. La télévision numérique, les autoradios ultra-sophistiqués ou encore les systèmes de navigation par satellite de dernière génération figurent parmi les produits les plus prisés des automobilistes nippons, qui s'arrachent les nouveautés dès qu'elles apparaissent sur le marché. C'est encore plus vrai aujourd'hui puisque le sondage réalisé par Nikkei nous apprend également que les consommateurs nippons préfèrent désormais dépenser leur argent en téléviseurs à écran plat, appareils photos numériques et autres produits électroniques dernier cri.

Là ne sont pas les seuls freins au développement de la voiture dans l'Archipel. Même si le Japon a déjà reconnu qu'il ne pourra pas respecter ses engagements sur les émissions de gaz à effet de serre pris dans le cadre du protocole de Kyoto, ce pays n'en demeure pas moins très soucieux des questions environnementales et de la consommation d'énergie.

Il n'est donc pas étonnant que les constructeurs nippons aient pendant de longues années privilégié (sur leur territoire, car ailleurs, c'est autre chose) les petites cylindrées, fait de gros efforts sur le plan des économies d'énergie et développé les moteurs hybrides qui sont désormais le fer de lance des grandes firmes comme Toyota ou Honda. Mais ces initiatives ne suffisent plus. Il y a quelques semaines, sept constructeurs (1) ont accepté de verser des indemnités à 520 habitants de Tokyo souffrant de problèmes respiratoires liés à la pollution automobile. Il n'en fallait pas plus pour que les autorités annoncent des normes antipollution encore plus strictes. Les pouvoirs publics comptent également sensibiliser l'ensemble de la population à utiliser l'automobile avec parcimonie, et à privilégier les trains qui, se plaît-on à rappeler, sont toujours à l'heure

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(1) Toyota, Nissan, Nissan Diesel, Hino, Mitsubishi, Isuzu et Mazda.