À Paris, où l'on ne connaît pourtant rien aux utilitaires, aux vrais, 200 militants écologistes ont manifesté récemment dans les rues pour protester contre la dangerosité et le caractère polluant de ces véhicules. Auraient-ils été plus nombreux si, sur leurs terres, étaient commercialisés des Suburban, Explorer et autres Ram à moteur V10? Sans doute, mais ce ne sont pas eux que visaient cette manifestation. Les environnementalistes américains s'en occupent, ne vous inquiétez pas. Avec raison, mais il y a lieu de se demander parfois s'ils ne se trompent pas de cible, seulement pour faire plus de bruit.

À Paris, où l'on ne connaît pourtant rien aux utilitaires, aux vrais, 200 militants écologistes ont manifesté récemment dans les rues pour protester contre la dangerosité et le caractère polluant de ces véhicules. Auraient-ils été plus nombreux si, sur leurs terres, étaient commercialisés des Suburban, Explorer et autres Ram à moteur V10? Sans doute, mais ce ne sont pas eux que visaient cette manifestation. Les environnementalistes américains s'en occupent, ne vous inquiétez pas. Avec raison, mais il y a lieu de se demander parfois s'ils ne se trompent pas de cible, seulement pour faire plus de bruit.

Comprenons-nous bien, on diabolise les 4x4 avec raison. Mais est-ce nécessaire de crever leurs pneus, de maculer leur carrosserie de boue, comme le font les «Dégonflés», la brigade anti-4x4 parisienne? Et la sensibilisation, bordel!

Loin de nous l'idée de défendre la commercialisation de tels véhicules par l'industrie automobile. Ces utilitaires tant décriés répondent pourtant à un besoin bien réel. Les entrepreneurs en construction ont besoin d'une camionnette robuste et capable de transporter de lourdes charges. Certaines entreprises de service réclament l'usage d'une fourgonnette. Et, certaines familles revendiquent le droit à un utilitaire pour promener leur bateau, leurs motoneiges ou VTT.

Certains, pas tous. Le noeud du problème se trouve là. À qui la faute? Aux constructeurs de nous inciter, par de savantes campagnes de mise en marché, à monter à bord de véhicules inutiles, ou aux consommateurs de ne pas avoir fait preuve de plus de discernement dans l'évaluation de leurs besoins? Sans doute un peu des deux.

Tenez par exemple le Saturn Outlook essayé dans le cadre d'un reportage publié dans nos pages. Il ressemble à un camion, mais ce n'en est pas un. Son soubassement se compare à celui d'une automobile. Selon les mesures enregistrées par Transports Canada, ce véhicule métis, capable d'asseoir huit passagers à son bord, rejettera annuellement 5232 kilogrammes de CO2 dans l'atmosphère, soit 15 % de plus qu'une Sky Turbo vendue sous la même bannière et qui, rappelons-le, ne compte que deux places et un coffre incapable d'avaler un sac de golf. Comparons maintenant des pommes avec des pommes. L'Outlook émet moins d'émanations polluantes qu'une fourgonnette Relay (+48 kg/Co2) ou qu'un utilitaire Yukon (+1152 kg/Co2). Et la bonne nouvelle est que cette catégorie métis à laquelle appartient l'Outlook se multiplie et gagne des parts de marché. Elle se doit en revanche d'innover. Encore. En ouvrant son capot à la motorisation hybride ou diesel; à la technologie de désactivation des cylindres pour améliorer son rendement énergétique.

Une autre catégorie qui gagne énormément de terrain est celle des utilitaires compacts. Au Québec, ils représentent à eux seuls près du tiers des ventes de camions légers. C'est beaucoup et aux yeux des anti-4x4, c'est trop. Attention. Ce n'est pas parce qu'un véhicule est haut sur pattes et a la carrure d'un blindé qu'il faut lui accoler une étiquette de pollueur notoire. Pour preuve, un Escape émet annuellement 48 kilogrammes de CO2 de plus qu'une Fusion... Relativisons un peu SVP.

Tant qu'à s'attaquer aux utilitaires, pourquoi ne pas prendre à partie d'autres catégories comme les berlines de luxe, les sportives ou encore les exotiques? Après tout, une BMW M5 rejette dans l'atmosphère plus d'émanations polluantes qu'un Hummer, mais personne ne s'en offusque réellement. Est-ce seulement parce que la berline munichoise se fond mieux dans le paysage automobile ou parce que le nombre d'unités à circuler sur nos routes est moindre?

Avant de lancer de la boue et de crever les pneus des utilitaires, pensez-y deux fois.

Et la dangerosité maintenant

L'autre aspect souvent décrié - rarement par les environnementalistes toutefois - est la dangerosité des véhicules utilitaires. Encore une fois, il faut relativiser. Considérant par exemple le poids et la garde au sol de certains de ses véhicules, il faut être bête de croire qu'ils auront le même comportement dynamique qu'une voiture. Ceux (et celles) qui ne l'ont pas cru se sont rapidement retrouvés les «quatre fers en l'air».

Cela dit, plusieurs utilitaires ont adopté ces dernières années une série de dispositifs d'aide à la conduite. Autrefois exclusifs à la berline, les dispositifs antidérapage se sont généralisés et ont aussi donné naissance à de nouveaux systèmes (antiretournement, capteurs de pression des pneus, etc.) largement répandus sur ces véhicules pour rendre leur conduite plus sûre.

À celui ou celle qui se trouve derrière le volant de faire preuve d'un jugement aussi sûr. Voilà un autre problème à résoudre, tout comme celui de la protection des piétons (domaine où nos voitures ne font parfois guère mieux, faute de législation comme c'est le cas en Europe) et - plus difficile à solutionner - celui de la visibilité tant ces véhicules dominent de la tête aux épaules nos chères automobiles.

* Les quantités de CO2 inscrites dans cette chronique sont tirées du guide de consommation de carburant 2007 de Ressources naturelles Canada. On peut notamment se procurer un exemplaire de ce guide chez les concessionnaires de véhicules neufs, dans les bureaux d'immatriculation et chez CAA-Québec.